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Les français en avance sur la classe politique

Publié le 26 février 2010 par Edgar @edgarpoe

C'est un article de l'un des centres de propagande français sur l'Union européenne, Toute l'Europe, qui met en avant le résultat d'un récent sondage IFOP : 69% des français souhaitent un retour au Franc (il faut savourer les commentaires des partisans de l'Union en dessous de l'article ("qui commande des sondages pareils ?", "du grand n'importe quoi" et celui d'une experte en économie monétaire, encore mieux : "si on avait eu le franc au moment de la crise, on pourrait aujourd'hui se servir de la monnaie nationale pour... jouer au monopoly".)

Ceux qui seraient tentés d'approuver cette dernière opinion avisée liront avec intérêt un article, paru dans les Echos, de Jean-Pierre Vesperini, professeur agrégé d'économie, membre du Conseil d'Analyse Economique, titré Le mythe de l'euro bouclier

Après avoir montré que chômage et croissance ont baissé récemment de façon identique aux Etats-Unis et en Europe, ce qui prouve que l'euro n'a protégé personne de rien du tout, l'auteur continue...

Extrait :

On voit donc que l'euro n'a été en aucune manière un bouclier contre la dépression venue des Etats-Unis.

Mais cette simple observation ne suffit pas à décourager les tenants du mythe de l'euro bouclier. Pour vanter les vertus de l'euro, ils font appel non pas à l'économie réelle, mais à l'économie fiction, c'est-à-dire à ce qu'ils imaginent qu'il se serait passé si l'euro n'avait pas existé. Et d'affirmer que, en son absence, des tempêtes monétaires se seraient abattues sur l'Europe.

Que se serait-il passé ? Les monnaies européennes se seraient sans doute dépréciées vis-à-vis du dollar, mais dans une limite maximale de 20 %, ce qui les aurait ramenées à leur parité de pouvoir d'achat vis-à-vis du dollar. La livre, qui a perdu 20 % de sa valeur vis-à-vis du dollar au cours de la crise, a fixé la limite maximale de cette dépréciation pour au moins deux raisons : d'abord parce que le secteur financier y tient une place beaucoup plus importante que dans les autres pays européens, ensuite parce que les banques anglaises ont eu une gestion beaucoup plus aventureuse que celle de la plupart des banques européennes. Par ailleurs, sans aucun doute, nous aurions assisté à la dépréciation de toutes les monnaies européennes vis-à-vis du mark, dans la mesure où toutes les économies européennes ont laissé se creuser un écart de compétitivité considérable vis-à-vis de l'économie allemande.

Certes, il n'est jamais souhaitable de laisser sa monnaie se déprécier, puisque cela s'analyse comme une perte de pouvoir d'achat vis-à-vis de l'extérieur. Mais il n'est pas non plus souhaitable qu'une monnaie soit surévaluée, puisque cela entraîne une perte d'activité. Or notre monnaie, c'est-à-dire l'euro, considéré comme la monnaie actuelle de la France, est clairement surévaluée. Elle est surévaluée par rapport à la concurrence des produits allemands à laquelle nous nous heurtons partout en Europe. Et elle est surévaluée par rapport au dollar et aux monnaies qui lui sont liées.

Dans ces conditions, la crise, en l'absence de l'euro, loin de provoquer des catastrophes, aurait eu pour effet de rétablir notre compétitivité vis-à-vis de l'Allemagne et des pays extérieurs à l'Europe, avec les effets positifs qui en seraient résultés pour notre activité économique.

Il y a donc, contre l'Euro, à la fois une volonté populaire forte et des avis d'experts parfaitement autorisés. Ce sera la même chose pour l'Union européenne en général, et de plus en plus.

J'espère que cela donnera matière à réfléchir à certains de mes interlocuteurs sur la blogosphère, qui m'ont souvent expliqué que si leur candidat favori n'appelait pas à sortir de l'Union européenne et se contentait d'exiger, au choix, une Europe qui marche ou une autre Europe, c'était parce que le peuple n'y était pas prêt (juste pour les inviter à répondre, il s'agit de Laurent Pinsolle, de Malakine et de Christophe de l'Observatoire de l'Europe).

Je crois bien au contraire que le peuple est prêt, et n'attend que de rencontrer une offre politique à la hauteur de ses attentes.

*

Amusons-nous encore cinq minutes de la bêtise crasse de la réponse pro-europe à ce sondage. L'auteur du billet écrit, du haut de ses grandes connaissances en économie : "Une évidence : le retour au franc n'est pas envisageable, ni souhaitable." Le débat est donc clos.

Pour le centre de propagande officiel en matière de questions européennes, la solution passe par l'usage d'un billet de un euro. Selon Louis Giscard d'Estaing, cotoyer plus d'euros-papier réconcilierait le citoyen avec la monnaie inique.

Je crois surtout que M. Giscard d'Estaing junior étant député de Chamalières, où se trouve l'imprimerie de billets de la Banque de France, il serait ravi pour ses électeurs qui trouverait là de quoi remplir leur carnet de commande (Toute l'Europe épargne aux lecteurs ce détail sans importance). Pour finir, je ne veux pas de mal aux ouvriers de Chamalières, ils auront aussi du travail quand il faudra réimprimer des francs...


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