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Le diable sur la place du Château

Publié le 26 février 2010 par Alain Hubler

Assermentation Police cantonale vaudoiseComme chaque année à pareille époque, la place du Château à Lausanne accueille l’assermentation des nouveaux gendarmes, inspectrices et inspecteurs de la Police cantonale vaudoise.

Une cérémonie très traditionnelle à l’occasion de laquelle les représentants de ce qu’il est convenu d’appeler le «bras armé de l’Etat» revêtent la Grande tenue et la Ministre de la Sécurité et de l’environnement une cape ou un manteau dans les tons saumon en totale harmonie avec les uniformes.

Une cérémonie lors de laquelle les représentants des forces de l’ordre cantonales ont l’occasion d’effectuer quelques parades, marches au pas, garde-à-vous et saluts. Pour sa part, la Fanfare de la Police cantonale a bien évidemment pour mission, juste après que chaque nouvel engagé ait eu l’occasion de prêter serment, de jouer l’hymne cantonal.

C’est dans les rangs de cette fanfare que se cachait le diable. Oui, vous avez bien lu : le diable ! L’instrument du diable plutôt …

Pour la première fois depuis très longtemps, voire toujours, le corps de musique avait choisi de s’adjoindre un instrument plutôt rare dans nos contrées : une cornemuse ! Une cornemuse placée dans les mains expertes de Claude Mancini, l’un des fondateurs du «Traditional Pipe Band of Lausanne» qui a obtenu l’autorisation officielle de la Baronne Elisabeth Rose de Kilravock de porter le tartan de sa famille. Excusez du peu.

Grands dieux ! Mais que vient faire le diable dans une assermentation ? Direz-vous.

C’est très simple. Enfin, presque.

Pour certains, lors de l’occupation par les Bernois, qui imposèrent la Réforme et sa rigidité dans le Pays de Vaud, la cornemuse, instrument propice à la fête, fut interdite. Pour d’autres, c’est seulement à la fin du XVIIe siècle que «l’instrument du diable» sera proscrit par l’Eglise catholique qui condamnera ces instruments vecteurs de musiques païennes.

Ce flou artistique qui règne autour de la disparition de la cornemuse, mais aussi, entre autres, de la vielle, mériterait bien quelques investigations* historiques afin de déterminer quel intégrisme religieux est à l’origine de l’extinction de cet instrument à sac en peau de mouton ou de vachette. Toujours est-il que l’instrument disparu de nos régions a fait aujourd’hui un retour en fanfare à l’occasion d’une cérémonie hautement officielle.

Si vraiment l’éradication de la cornemuse des campagnes vaudoises est à mettre sur le dos des Bernois, il est piquant de constater que ce retour se fait avec la bienveillance d’une Zurichoise qui du coup met un point final à la révolution vaudoise, hélas …

  • Crédit photographique : ©ARC

P.S. Qui sait, peut-être que ce sujet intéressera Gilbert Salem ?



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