Magazine Beaux Arts

La mort de Narcisse est un moment délectable

Publié le 26 février 2010 par Paule @patty0green
La mort de Narcisse est un moment délectable
J’ai conclu le dernier billet de blog, suite à une réflexion sur l’expérience de regarder quelqu’un en train de se regarder, de la manière suivante : « La présence est l’écho infini d’une image ». Est-ce de l’iconoclasme? Moi la grande défenseuse de la pensée en images, suis-je en train de dire qu’il n’y a que présence dans l’absence de l’image? Non, ce n’est pas de l’iconoclasme, au contraire. Je ne crois pas non plus qu’il faut adorer les images, mais plutôt que l’image est nécessaire à la présence. L’image est à l’origine de la présence, ou du moins, de l'expérience d’une présence. La présence n'est pas une fiction, mais elle en émerge. Il faut une image qui porte son double et qui implose. Les iconoclastes détruisaient les images parce que celles-ci empêchaient la présence divine de s’épanouir. Dieu n’a pas de double. La présence ne se représente pas. Mais l’acte de détruire les images est justement ce qui érige et consolide la présence divine. On sait bien sûr qu’en détruisant une image, on reconnaît sa force. De cette destruction, il ne peut que jaillir l’expérience d’une « réelle présence » dont l’écho est infini.
Narcisse devant son image. Dédoublement. Implosion. Reste Écho.
Dieu à l’image de l’homme. Dédoublement impossible. Détruire l'image de l'homme. Reste Dieu.
J’ai parlé de regarder quelqu’un en train de se regarder, mais qu’advient-il lorsque nous nous voyons nous regarder? C’est ce que Husserl appelle la conscience. Celui qui regarde est la présence, un sol apodictique. Regarder le flux. Dans les théories ésotériques, ce phénomène est aussi appelé la présence.
Une œuvre, quelle qu’elle soit, pourvu que nous l’aimions infiniment, fait écho. Elle résonne en nous et nous met à nu. C’est l’écho de notre présence à l’œuvre. Présent à nous-même, sans la médiation d’une image : ce n’est pas le miroir, mais nous qui nous regardons en train de nous regarder dans le miroir. Notre image meurt quelques instants et nous entendons l’écho infini de notre présence.
Oui, la mort de Narcisse est moment délectable!

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Paule 235 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines