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Une Colombe qui prend doucement son envol...

Publié le 27 février 2010 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre
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C'est l'une des affiches les plus attendues de cette deuxième partie de saison, Anny Duperey et Sara Giraudeau sont réunies dans la célèbre pièce d'Anouilh mise en scène par Michel Fagadau, à la Comédie Des Champs Elysées.

Commençons par saluer la beauté de l'écrin offert aux acteurs par le décorateur Mathieu Dupuy, les costumes de Pascale Bordet et les lumières de Laurent Béal qui permettent au spectateur de se plonger dès le lever du rideau dans l'univers d'Anouilh. Ici rien de criard, tout est nuances, jeux d'ombres... le climat est là et l'on est en droit de se dire que la soirée s'annonce bien.

On va cependant très vite tomber sur un os... Voire deux.

Le rythme d'abord. Toute la première partie en manque cruellement. A l'inverse de la seconde, celle-ci est faite de scènes courtes, drôles souvent, voit défiler nombre de personnages, et cette peinture du monde du théâtre devrait être aussi légère et virevoltante que la vision que s'en fait la douce et charmante Colombe. Or, tout est très lent et pesant, on semble nous jouer la fin avant de nous avoir proposer le début... Cela n'aide pas à rentrer dans l'histoire. Fagadau n'ose pas le rire franc, semble avoir peur de basculer chez Feydeau, et si l'on peut comprendre cette crainte, le curseur reste mal placé.

La distribution ensuite. Assez inégale, elle comporte surtout une grave erreur de casting portant le nom de Benjamin Bellecour. Celui-ci joue le rôle d'Armand, jeune fêtard et séducteur qui trahira son frère (très juste Grégory Baquet) en succombant aux charmes de Colombe, sa femme. Mais le comédien , fluet et peu sûr de lui, aux gestes maladroits, paraissant nager dans un costume taillé trois tailles au dessus, est bien peu crédible et handicape réellement la crédibilité de la situation. Chacun a par ailleurs du mal à entrer dans la sincérité de son personnage, Anny Duperey en tête, durant la première heure et quart (quand même ! Le spectacle dure deux heure quarante cinq...). Michel Fagadau tombe, pour le coup, vraiment chez Feydeau dans sa vision de certains personnages, notamment avec Jean-Paul Bordes et son interprétation trop colorée et excessive de "Poète Chéri", en décalage complet avec le reste du spectacle. Arrêtons-nous enfin sur Sara Giraudeau dont le jeu est impeccable. Sensible et touchante, elle est une très belle Colombe (On ne saurait cependant que trop lui suggérer de changer rapidement de registre dans ses prochains emplois si elle ne veut pas s'enfermer dans un personnage...).

La deuxième partie nous fait cependant oublier les défauts énumérés ci-dessus, et si l'on n'a pas décroché, on plonge complétement dans l'histoire, les comédiens ayant tous (excepté Benjamin Bellecour) trouvé leurs marques. C'est joli, fort, poignant, Anouilh est bien là. On l'entend nous raconter que si le théâtre est la vie, la vie est bien un théâtre. Et au delà du théâtre dans le théâtre, c'est bien de la vie dont il est question ici. Fagadau signe une mise en scène on ne peut plus classique, propre, académique, mais somme toute efficace. On pardonne les quelques erreurs d'intention.


Pourquoi pas.



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