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Interview d’un auteur des blagues Carambar

Publié le 28 février 2010 par Monsieurparis

Interview d’un auteur des blagues CarambarRetour en enfance ! Les blagues Carambar, on les connaît, elles ont bercé notre enfance et continueront de bercer celle de générations d’enfants gourmands à venir. Ce qu’on connaît moins, c’est leur provenance… D’où viennent les mystérieuses blagues Carambar ? Monsieur à Paris a mené l’enquête pour vous et a déniché un des auteurs de ces fameuses blagues.

Monsieur à Paris : Grégoire Dey bonjour, alors c’est vrai, vous avez écrit des blagues pour Carambar ?

Grégoire Dey : c’est ça, on m’a payé pour écrire des blagues qui seront imprimées sur les papiers des Carambar ! J’avoue qu’au début, même moi, j’avais du mal à y croire !

MP : alors première question : comment devient-on un auteur Carambar ?

GD : Hé bien contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est après avoir triomphé de pas mal d’épreuves : ça se mérite de passer à la postérité de la blague de cour d’école…

MP : c’est-à-dire ?

Le processus est assez long et pas vraiment marrant, en fait ! Tout part de Cadbury’s : au marketing, ils ont décidé de rajeunir l’image Carambar et une partie de cette stratégie consistait à changer les  blagues. Ils ont donc mis des agences de com’ en compétition. L’une d’elles, Betwin, a fait appel à pas mal d’auteurs comiques, dont moi. Ils m’ont demandé une vingtaine de blagues, selon des critères assez stricts et un cahier des charges dicté par Cadbury’s. Ce premier jet a fait office d’épreuve d’entrée, puisque l’agence a retenu un certain nombre d’auteurs qui ont intégré le « pool ». Ensuite tous les pools des différentes agences ont été mis en compétition et c’est Betwin qui a été retenu…

MP : et là, il a fallu fournir…

C’est ça ! On a eu un délai assez court pour écrire 200 nouvelles blagues, et avec tous les critères à respecter… Ca a été sportif !

MP : quels types de critères faut-il respecter pour écrire une blague ?

Il y a plusieurs type de critères : d’abord, la taille puisque les papillotes (le papier autour des Carambars) sont petites et on est très limité dans la longueur. Ensuite, il faut que la blague passe l’épreuve du juridique : personne ne doit se sentir offensé par le contenu, donc pas de sujets polémiques, même de loin. Ensuite, on s’adresse à des jeunes et souvent des enfants, donc il faut que les blagues ne soient trop compliquées ou ne fassent pas appel à des références incompréhensibles pour ce public. Et enfin, et c’est le plus dur à respecter : il faut qu’elles soient drôles !

MP : effectivement ça a l’air compliqué d’écrire des blagues, au final !

Mais carrément ! En fait tous ces critères sont très limitant, et on a le choix entre une devinette ou un dialogue avec au maximum 2 intervenants parce qu’on ne peut pas dépasser 3 lignes. C’est un vrai boulot ! Et c’est vraiment super compliqué de rendre les blagues simples ! Parce que déjà que c’est pas facile d’écrire un truc marrant quand t’es complètement libre, comme pour un one-man show, par exemple, l’exercice est encore plus compliqué parce que tu n’as aucun temps d’exposition pour dresser un contexte ! On vanne toujours les potes qui font des mauvaises blagues en leur disant d’arrêter les blagues Carambar, mais depuis que j’ai bossé dessus, moi, je dis respect ! Maintenant, pour moi, ce serait même un compliment ! Ca veut dire que tu as réussi à faire sourire avec juste 2 phrases de 50 caractères, espaces compris, chacune et sans contexte, et ben si tu y arrives, je dis chapeau !

MP : on te refuse beaucoup de blagues ?

Enormément ! Déjà, il y a toutes celles qui ne passent pas les critères objectifs (taille, sujets sensibles, etc.) et après, il y a l’aspect subjectif : parfois une blague qui me fait marrer ne fait rire personne… Et parfois une blague qui fait marrer tout le monde ne fait pas marrer la responsable de projet Carambar… Faut dire que les gens du marketing ont un humour un peu particulier… Non, c’est pas vrai, mais disons que mon ratio tourne autour d’une blague prise sur huit écrites ! J’en ai quand même écrit plus de 400…

MP : c’est énorme ! Comment on écrit 400 blagues ?

Ben on commence par créer des catégories : sport, célébrités, drague, etc. puis dans les catégories, on invente des blagues avec ce qui vient… Le problème c’est qu’assez vite, plus rien ne vient… Là, j’ai une approche plus systématique, je parcours le champ sémantique du sujet, par exemple pour le sport, je prends chaque sport systématiquement et je cherche ce qui me fait marrer… Par exemple, « football », je prends le terrain : les buts, le corner, la surface de réparation, etc. et j’essaye les blagues. Par exemple « réparation », ça donne « où devrait-on soigner les blessés au foot ? dans la surface de réparation »… Bon celle-là, elle a été refusée, mais tu vois le principe… En même temps, je peux pas filer de blagues acceptées, j’ai vendu les droits ! Par contre des refusées, tant que tu en veux !

MP : y’a-t-il des blagues refusées que tu aurais prises ?

Oui, forcément, mais bon au bout d’un moment, il y a aussi des moments de « pétage de plomb » et j’envoyais des trucs en sachant pertinemment que ce serait refusé, mais je me faisais marrer moi… Et aussi un peu la chef de projet j’espère…

MP : un exemple ?

Oh ben j’en ai plein… Pour décompresser, j’avais imaginé une rubrique qui a, évidemment, été refusée : les « Cracrarambars »… Des trucs du style : « Pourquoi ça pue quand une fille fait semblant de ne pas te croire ? Parce que c’est une fausse sceptique ! »… Oui je sais, c’est pas très fin, mais je peux te dire qu’au bout de 93 blagues sur des girafes et des lapins, ça défoule !

MP : et ça paye bien d’être auteur pour Carambar ?

Oui, ça peut bien payer au final puisqu’on est rémunéré au nombre de vannes publiées à la fin du projet, ça m’a rapporté environ 4000 euros. Mais de l’heure, je dirais que c’est pas si bien payé que ça, et puis au final, comme j’ai écrit plus de 400 vannes, ça fait pas cher de la blague ! je vais pas te mentir, je l’ai fait pour l’argent, mais quand même y’a un vrai truc quasiment « mythologique », je veux dire, j’ai écrit pour carambar, c’est quand même quelque chose !

MP : c’est vrai… Allez, une petite dernière refusée pour la fin ?

Ok, tiens il y en a une mignonne sur les super héros : « quels supers héros faut-il appeler quand on a une inondation ? Robinet Batman ! ». C’est gentillet, ça mange pas de pain et tu peux compter : 80 caractères, espace compris…

Monsieur à Paris


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LES COMMENTAIRES (3)

Par remyust
posté le 30 septembre à 12:02
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si la blague sur la surface de réparation et les footballeur bléssés vous a été refusée, sachez qu'elle a été tout de même publiée, je l'ai vu plusieurs fois.

Par Blague du MAS
posté le 01 juin à 18:15
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Qui est le super héros le plus cool ?

Yeah Man !

Null & on accepte cette merde, je préffairé celle de la surface de reparation./

Par chichen
posté le 10 septembre à 16:55
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Ridicules, affligeantes, et parfois incompréhensibles, les blagues carambar sont une honte de l'humour...

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