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Des paysans qui râlent

Publié le 01 mars 2010 par Gommette1

Chaque année à la même époque fleurissent les mêmes clichés sur la ruralité hexagonale au moment du salon de l’agriculture : « la plus grande ferme de France » (d’Europe dit-on même…) nous laisserait accroire que nous sommes tous des paysans, que nous nous prenons d’une affection envahissante pour les vaches et les cochons, les poireaux et les navets.
Si c’était vrai jusqu’en 1930 grosso modo, aujourd’hui les agriculteurs représentent la portion congrue de la population (il y a beaucoup plus de chômeurs ou de fonctionnaires que de paysans), la France est très majoritairement citadine et regarde les agriculteurs comme une attachante tribu exotique avec ses images d’Epinal, alors pourquoi tant de ramdam ?
Par le bruit des agriculteurs eux-mêmes qui font du foin avec une belle régularité pour se plaindre des mauvaises récoltes, des incompréhensibles politiques agricoles nationales et communes, du prix trop bas de leurs productions, de l’insuffisance des subventions, de l’indifférence des consommateurs qui ne mangent pas cinq fruits et légumes "français" par jour, de leur revenu qui baisse… Les agriculteurs entretiennent l’imaginaire collectif pour rappeler à juste titre qu’ils nous nourrissent, et dans le même ils occupent le territoire médiatique par des manifestations violentes où les préfectures et les sous-préfectures sont démantelées au tracteur et à la fourche, des manifestations pour réclamer encore et toujours.
Au moment, du salon de l’agriculture, ils ne vont pas manquer de râler pour profiter du passage des politiciens à courbettes qui vont se bousculer —régionales oblige—, et à qui ils vont demander vertement de la considération et des avantages financiers. D’ailleurs, ils sont offusqués que Nicolas Sarkozy ne viennent pas inaugurer le salon et menacent de révolte. A quoi bon, il y aura assez de ministres et de députés pour flatter la croupe des vaches…
Pourquoi les agriculteurs qui bénéficient d’une cote d’amour envieuse (94% des moins de 35 ans en ont une image positive, selon un sondage Mag Cultures/Ipsos 2009) ne parviennent pas à montrer d’eux une image épanouissante et émancipée de la puissance publique ? Pourquoi, alors que l’Europe consacre 45% de son budget à les subventionner, ne gagnent-ils toujours pas mieux leur vie ? Pourquoi s’acharnent-ils à produire plus que le marché n’absorbe ? Pourquoi refusent-ils de comprendre que le monde est global et qu’il ne sert rien d’agiter le drapeau national pour fermer les frontières ? Pourquoi ? Pourquoi ?...  


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