Les tendances du salon nature cette année

Destinations Nature ! Le salon des randonnées, des sports et voyages nature, va bientôt ouvrir ses portes de printemps à Paris, Porte de Versailles, du 26 au 28 Mars 2010. Cette année est paysages et diversité bio. Toutes ces petites bêtes menacées, ces paysages qui disparaissent, assez ! L’heure est plus que jamais au droit d’inventaire, au conservatisme, au local. Il est vrai que la crise empêche nombre de voyageurs d’aller très loin. Autant rester chez soi.

Les inconvénients d’une telle philosophie d’époque sont évidents pour qui regarde l’histoire : repli sur soi, indifférence au monde, horizon mental borné. Mais il est quelques avantages : examen de conscience, intérêt renouvelé pour son milieu proche, usage de la loupe mentale plutôt que du télescope. Alors, pourquoi pas ?

Le grand intérêt du salon Destinations Nature ! (marque déposée) est de marquer les tendances. A chacun ensuite de suivre la mode qui trotte ou de la bouder pour pétainisme. Le salon, lui, expose avec neutralité ce qui se fait sur le marché.

Les offres sont donc réduites au proche (Picardie, Suisse) ou au pas très lointain (Jordanie, Oman). Surgissent de nouvelles « aventures » (sic) : la randonnée urbaine, les parcs et jardins, la randonnée avec enfants. Slogan des médiatiques : foin du macro, vive le micro ! « J’ai pas envie d’sortir, on y va pas, on est bien sous la couette ». Bénabar capte la tendance Babar à rester devant sa télé ou d’explorer courageusement son petit chez soi tout proche.

Partez donc en Picardie, antichambre des Chtis, pour vous aventurer dans ses jardins beaux comme des anglais. Surprise ! Du 25 juin au 4 juillet 2010, treize jardins dans l’Aisne, l’Oise et la Somme accueillent des artistes du spectacle vivant. Mais oui, la biodiversité réintègre l’humain parmi les plantes, ce qui n’est pas trop tôt. Marionnettes, contes, cirque, théâtre, danse et musique animeront (donneront une âme) aux plantes alignées dans un certain ordre esthétique. Comme quoi tout est création et la « nature » est une construction intellectuelle. Laissé au « marché », elle fait ce qu’elle veut, poussant les plus forts anarchiquement. Mais ordonnée par l’œil et la main sapiens, elle prend sens pour la gent humaine…

Pareil pour l’exploration du paradis… fiscal. La Suisse n’est pas bâtie que de coffres forts, ni plantée que de prés à vaches ou de pistes de ski. Un large éventail d’itinéraires de randonnée, de vélo ou de VTT, 250 km de rivières ou de lacs à suivre en canoë et 1100 km d’itinéraires pour rollers vous attendent ! SuisseMobile ne vend pas de téléphone mais de la communication avec le milieu naturel. L’opérateur fait du sur-mesure pour la mobilité des couples, familles ou groupes. Outre l’itinéraire élaboré avec la précision suisse, le confort des hébergements réservés est à la suisse, avec nourriture suisse, et le service suisse transporte vos bagages d’une étape à l’autre. Voilà de quoi garder sa couette en vacances pour les grands infantiles que sont les voyageurs 2010.

Lonely Planet (the best travel guide collection in the world, c’est moi qui le dit), propose de voyager cocon mais pas concon. Avec des enfants (les siens ou ceux des autres, ce n’est pas précisé), ou dans les villes archiconnues (pour, le nez dans le guide, encore moins se perdre). Chacun cherche du sens, aveugle aux grands espaces comme aux grandes idées (alors que la planète rétrécit). Explorez donc à tâtons autour de soi peut être intéressant pour réapprendre le monde et sa diversité. Tiens, des enfants ! Mais ce sont les miens, où étaient-ils donc passés durant les vacances ? Avec la planète solitaire, au moins, je les garde sous la main. La collection ‘Itinéraires’ accouplera un journaliste à un illustrateur pour vous faire zapper d’un coin à l’autre des grandes villes. Vous saurez ainsi tout ce « qu’il faut » avoir vu, tout ce que vous avez « déjà » lu dans la presse mais pas bien retenu et qui vous permettra de briller en société. Si ce n’est pas dans les médias, ça n’existe pas, d’où la présence du journaliste plutôt que de l’écrivain, de l’historien ou du grand voyageur. Ces nouveaux « guides » seront votre coach du savoir-vivre ailleurs que chez vous. Pas pour en savoir plus, mais uniquement pour en parler à tout le monde comme tout le monde en parle. C’est tout ce que vous demandez, au fond.

Il n’y aurait aucun plaisir à aller ailleurs si ce n’était pour une cause « morale » ! Le WWF sort donc son dernier commandement : « La vie sous toutes ses formes et sans conditions respectera ! » Et tant pis si le guépard bouffe votre môme ou si la vipère s’insinue avec de malveillantes intentions. Pas touche ! L’homme est un parasite sur cette terre qui n’est pas à lui. The World Wild Fund veut « éveiller les consciences en incitant citoyens, entreprises et pouvoirs publics à agir pour stopper cette dégradation sans précédent de la biodiversité ». Laissez venir à moi les loups et les microbes, qu’ils dévorent ce qu’ils peuvent, ils ont le droit comme moi. Laissez-les vivre ! Tiens, au fait, je ne connais pas la position du WWF sur l’avortement : les fœtus font-ils partie de la biodiversité à protéger quoi qu’il en coûte ? Et les vaccins qui tuent les virus de la grippe à chiens et nains sont-ils prohibés par la nouvelle Morale ?

A explorer.

Comme quoi chaque année apporte son lot de surprises. L’ exploration de ces tendances, au moins, est passionnante !

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