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Etat chronique de poésie 829

Publié le 02 mars 2010 par Xavierlaine081

829

La mine des mauvais jours se décline en face grise…

Le si intense sentiment d’être dupé, roulé, trompé se décline en infinis rendez-vous…

Longtemps vous y avez cru, Madame, en ce pouvoir de changer la face du monde.

Vous ne pouviez vous douter que c’est lui qui finirait par vous rendre malade.

Nul ne peut prévoir ce dont l’humanité est capable : elle glisse de vie à trépas en croyant façonner la planète à son désir.

Elle est incapable de se voir à sa juste échelle. Il lui faut prétention et pouvoir absolu…

*

Alors, vous entrez avec la face grise de la désillusion.

Elle s’épanche en larmes infinies qu’aucune main charitable ne vient accueillir, chacun étant penché sur son propre sauvetage…

Vous voyez venir, avec vos yeux lucides d’être aux abois, une barbarie sauvage entre les mains des canailles…

Les tribus d’autrefois errent en des banlieues d’endémique désespoir.

Les privilèges guillotinés, d’autres se les approprient et montent sur le trône vacant…

Tant qu’il y aura des hommes et des femmes pour accepter de se soumettre, le monde agira tel un balancier entre d’obscures mains qui se soignent d’abord, avant de partager les miettes….

*

Doit-on se satisfaire de n’avoir pas progressé ?

Je n’en sais rien, Madame, et personne ne pourrait s’aventurer à telle affirmation.

Ce que les nouveaux rois nous ont montré n’était que progrès pour eux-mêmes.

Et si nous vivons plus longtemps, si nous avons acquis chèrement un semblant de liberté conditionnelle dans une prison dorée, c’est pour mieux nous faire sentir tout le ressentiment de n’avoir jamais été entendu, ni même écouté…

Serions-nous au terme de cette expérience cruelle ?

Faudra-t-il qu’en laves de violence une jeunesse perdue brûle nos icônes à chaque coin de rue pour qu’enfin nous prêtions oreille attentive à la soif immense ?

*

Nous avons failli, par manque cruel d’élévation de nos esprits.

Nous avons manqué à nos devoirs de pères et de mères, par ignorance de processi qui nous dépassaient, tant il est difficile de voir ceux qui tirent sans cesse les ficelles, de plus en plus grosses, du mensonge…

Que la culture soit désormais dans la ligne de mire des nouveaux féodaux n’a rien d’extraordinaire : ils savent que le monde inculte est à leurs bottes.

Raison de plus pour leur damer le pion, et nous saisir de ce qu’ils rejettent.

Nous n’aurons jamais assez de voix, ni de mains, ni d’écrits, ni de musiques, de danses ou de poèmes, pour éveiller les consciences à leur véritable pouvoir…

*

Pas d’autre choix que celui, clair de rompre avec toutes les dominations, asservissements, damnations…

Pas d’autre issue que de construire, au jour le jour, le monde que nous attendons.

Je vous lis un extrait de « L’énigme du retour » de Dany Laferrière [1]:

« La chose la plus subversive qui soit,

et je passe ma vie à le dire,

c’est de tout faire pour être heureux à la barbe du dictateur.

.

Le dictateur exige d’être au centre de notre vie

et ce que j’ai fait de mieux dans la mienne

c’est de l’avoir sorti de mon existence.

J’avoue que pour ce faire il m’a fallu jeter

parfois l’enfant avec l’eau du bain. »

Vous me regardez, Madame, incrédule. De chaudes larmes roulent de vos yeux brillants de cette fièvre qui vous a gagné : celle d’échapper au rouleau compresseur conformiste qui ne demande qu’à nous écraser…

Notre ultime conquête sera de puiser une goutte de sérénité, dans l’océan d’une culture qui ne s’use que si nous hésitons à nous en saisir.

[1] Dany Laferrière, L'énigme du retour, éditions Grasset

Manosque, 30 janvier 2010

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