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La fin du rêve européen

Publié le 02 mars 2010 par Edgar @edgarpoe

"L’Europe politique est morte à Lisbonne, et avec elle le rêve européen. De profundis !"

C'est ainsi que se conclut un article de Pierre Charasse, ancien ambassadeur de France, titré Le traité de Lisbonne ou la fin du rêve européen

Quelques extraits intéressants, qui soulignent l'échec multidimensionnel de la construction européenne :

Echec idéologique du modèle social européen :

"Au fil des années, les gouvernements de droite ou de gauche ont accepté de se soumettre par conviction ou par renoncements successifs aux règles de plus en plus contraignantes et intrusives de l’économie libérale, présentées comme les seules viables après la disparition du socialisme."

Echec social :

"La crise financière de 2008-2009 qui a mis à mal les fonds de pension privés et ruiné de nombreux épargnants n’a pas servi de leçon et les gouvernements, aidés par les idéologues fondamentalistes de l’OCDE, continuent à affirmer, sans le démontrer, que le régime par répartition n’est plus soutenable."

Echec diplomatique :

"La participation européenne à la guerre en Afghanistan, l’acceptation de l’occupation de l’Irak, l’indépendance du Kosovo imposée par Washington, ont mis fin définitivement à l’émergence d’une Europe politique autonome."

Echec stratégique :

"Le traité de Lisbonne place d’ailleurs ouvertement la défense européenne sous le chapeau de l’OTAN, celle-ci devenant « le pilier européen » du dispositif transatlantique. [...] L’influence de Washington sur de nombreux gouvernements européens et sur la Commission Européenne est puissante. Les innombrables consultations transtlantiques officielles et officieuses permettent en permanence de « verrouiller » les positions sur les grands dossiers, la ligne rouge étant pour l’UE de ne jamais rien faire qui puisse aller contre les intérêts américains, même si c’est à son détriment."

Conclusion :

"Depuis la disparition du camp soviétique et encore plus depuis le 11 septembre 2001, il est clair que l’Europe a fait un choix stratégique et de long terme, celui d’être inconditionnellement aux côtés des Etats-Unis. En prenant ce chemin, elle devient un acteur de second plan dans la nouvelle architecture mondiale qui se met en place, comme elle l’a montré au sommet de Copenhague sur le changement climatique."

Pour ma part ces convictions sont les miennes depuis quelque temps. Il est évident qu'unis dans l'Europe des 27, nous, peuples européens, ne sommes pas plus forts, mais bien au contraire réduits à rien. La France serait plus forte en coopérant directement, et selon les thèmes, avec la Chine, le Brésil, l'Inde ou même des acteurs de deuxième rang comme le Canada, la Corée du Sud ou d'autres. C'est, chaque jour qui passe, une évidence.

*

Une seule question demeure après la conclusion logique de Pierre Charasse. Maintenant que l'Union européenne est enterrée comme projet, que faire ? Comment sortir proprement de cette nasse, comment habiller la chose, quel parti se charge d'ouvrir la voie ? Jouer les autruches en espérant que cela va s'arranger n'expose qu'à une chose : une explosion de l'Union dans la douleur, sous la pression des extrêmes et de population qui ont le sentiment de ne jamais être écoutées, même quand, par exemple, 69% des français disent regretter le Franc. Au moins le débat est-il ouvert.


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