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“Nine” : le cas barré de Rob Marshall

Par Kub3

Rob Marshall aime les comédies musicales, surtout au cinéma. Il avait réalisé avec plus ou moins de réussite les précédentes grosses productions musicales d’Hollywood : Cabaret en 1998 et Chicago en 2002. Le réalisateur nous entraîne cette fois-ci dans une adaptation - très libre - du film de Federico Fellini, 8 ½.

“Nine” : le cas barré de Rob Marshall

Le scénario ne rentrera pas dans les annales de la profession. Daniel Day Lewis est Guido Contini, réalisateur italien de génie qui ne parvient pas à écrire le script de son neuvième film, Italia. Tiraillé entre son métier et la crise de la cinquantaine, il doit en plus gérer des relations tumultueuses avec les femmes : sa mère (Sofia Loren), sa femme (Marion Cotillard) délaissée pour une maîtresse envahissante (Penelope Cruz), mais aussi la prochaine star de son film (Nicole Kidman). Elles gravitent autour de lui pendant près de deux heures, décrites tout à tour à l’aide de tableaux musicaux et peignant l’histoire d’un homme dérouté par le sexe opposé et un traumatisme juvénile. Rien de très croustillant, ce qui est regrettable car trop attendu dans ce type de fresque.

Là où Nine étonne tout de même, c’est par sa mise en scène. Ce n’est pour une fois pas qu’une transposition de music-hall. La force de Rob Marshall est d’en faire un film à part entière, de sublimer le cabaret. Le système de la comédie musicale est subtilement utilisé pour soutenir le projet cinématographique, et le grand écran est un support rêvé pour cette réalisation. On glisse vers la chanson à chaque présentation de personnage par des moyens plus ou moins détournés voire cocasses : Carla Albanese (Penelope Cruz) exécute par exemple son numéro de charme au téléphone pendant que Guido est soigné à l’autre bout du fil par un médecin auquel il fait croire qu’il appelle le Vatican. La transition est quasiment invisible entre comédie musicale et film, le décor principal étant lui-même un cabaret.

Le travail sur les jeux de lumière y est pour beaucoup :  il masque certaines femmes pour mettre l’accent sur d’autres et expliquer leurs relations complexes avec Guido. Les décors et les costumes sont eux aussi un appui essentiel qui permettent au film de sortir de la simple chansonnette. Les tons dorés et chauds, très justement choisis, valorisent les chorégraphies. Couplés à une lumière grise et tamisée, ils contribuent fortement à la réussite visuelle de l’œuvre. Une mention spéciale à la présentation musicale de Saraghina (Fergie), endiablée tout autant…qu’ensablée.

Le jeu des acteurs est cependant inégal, même si le casting fait rêver. Si Rob Marshall a réuni le gratin d’Hollywood, s’assurant ainsi un succès commercial, tous ne sortent pas vainqueurs de l’épreuve. On ne retiendra pas vraiment la performance de Nicole Kidman, pourtant une habituée du genre avec Moulin Rouge. Mais Daniel Day-Lewis, Penelope Cruz, Kate Hudson et même Marion Cotillard exécutent avec brio leur rôle tout en s’improvisant chanteurs et danseurs.

Quant à la musique, au cœur du film,  elle est plutôt plaisante mais ne s’éloigne malheureusement pas des sentiers battus du cabaret. Judi Dench est surprenante dans son interprétation en français assortie d’un accent trop marqué qui n’en est pas moins délicieux à l’oreille. Les autres prestations sont exécutées sans fausse note mais on regrettera le manque d’originalité, tant dans les paroles que dans la composition.

Avec Nine, Rob Marshall fait donc ce qu’il aime et ravira les amateurs du genre. Si vous y allez, ce ne sera cependant pas pour l’intrigue, mais simplement pour le plaisir des yeux.

nine

En salles le 03 mars 2010

Crédits photos : © SND


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