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"Percy Jackson le voleur de foudre".

Par Loulouti

La littérature pour enfants et adolescents a toujours été un bon filon pour le 7ème art. Mais depuis que les grandes compagnies américaines ont senti que le phénomène pouvait être de plus en plus juteux, le processus est exponentiel. Les auteurs à succès, qu’ils soient britanniques ou nord américains, voient depuis une décennie leur créations, leurs univers envahir les écrans du monde entier.
Rick Riordan est le dernier en date. D’abord professeur d’histoire enseignant notamment la mythologie à des adolescents de Californie et du Texas, le pédagogue a inventé un protagoniste récurent, Percy Jackson, héros de 5 volumes depuis 2005. Chaque tome de la saga littéraire est un best seller de l’édition outre-atlantique.
Chris Columbus s’est chargé d’adapter pour le cinéma la première partie de l’épopée intitulée "Percy Jackson le voleur de foudre".
S’il doit être question de Dieux et Déesses dans la présente chronique le premier est sans nul doute Chris Columbus en personne. Quand on sait que le bonhomme avait rédigé avant ses 27 ans le scénario des "Gremlins" puis celui des "Goonies", ça laisse franchement rêveur. Derrière la caméra on lui doit un nombre important de comédies familiales très lucratives et jouissives, à défaut de satisfaire les chagrins de la presse dit spécialisée.
Mais Chris Columbus a surtout marqué notre imaginaire en mettant en scène les deux premières aventures cinématographiques d’un jeune sorcier à lunettes dénommé Harry Potter.
Percy Jackson (Logan Lerman) est un demi-Dieu, fils de Poséidon (Kevin McKidd) et d’une mortelle (Catherine Keener). Un jour l’éclair de foudre est volé à Zeus (Sean Bean). Les Dieux de l’Olympe pense que Percy Jackson est l’auteur de ce forfait.
Aidé dans son initiation par Chiron (Pierce Brosnan) et dans ses aventures par Annabeth fille d’Athéna (Alexandra Daddario) et Grover le satyre (Brandon T. Jackson), Percy va devoir éviter de nombreux pièges, retrouver l’éclair de foudre et ainsi empêcher qu’une guerre éclate entre Zeus et Poséidon.
"Percy Jackson le voleur de foudre" n’y va pas avec le dos de la cuillère. La mythologie grecque est revisitée de manière radicale. Nous sommes très éloignés des campagnes de la Grèce antique et des images d'épinal. Dans ce film le cadre est essentiellement urbain, voire high-tech, à l’exception du "Poudlard" forestier où sont instruits les demi-dieux.
La modernisation du thème général peut assurément déstabiliser les puristes. Mais il n’y a absolument pas d’exagération ni un manque de respect dans ce parti pris. Les entités, les créatures, les lieux gardent leur charge symbolique ou leurs attributs. Même les néophytes y retrouveront leur latin…enfin leur grec. En quelques coups de crayons, chaque personnage du Panthéon hellène est clairement identifié et caractérisé.
J’ai deux réserves concernant ce long métrage. La première concerne Percy Jackson lui-même. Je reviendrai par la suite sur la seconde.
Même si le film dure un peu plus de deux heures, je trouve que Chris Columbus n’insiste pas assez sur le changement de statut du personnage principal. Pour moi la mutation de Percy Jackson lycéen moyen et anonyme en héros sauveur de l’Humanité est bien trop violente et rapide.
J’aurai aimé que la phase de transition soit beaucoup plus dense et élaborée. J’ai eu l’impression qu’un moment important du long métrage a été sacrifié sur l’autel du tout action. Ce qui explique sûrement que Percy Jackson manque d’épaisseur psychologique. L’absence d’interrogations métaphysiques, de questionnements divers nuisent à la crédibilité du personnage.
Le déroulement de l’histoire est plutôt linéaire mais il serait injuste de le reprocher au metteur en scène. "Percy Jackson le voleur de foudre" s’adresse avant tout à un public aimant les contes et les légendes. Il est vain et surtout inutile de charger ce genre d’œuvres d’intentions pédagogiques. Si vous souhaitez vous documenter sur les mythes et les légendes de la Grèce Antique, les rayonnages des bibliothèques du monde entier sont surchargés de tels récits merveilleux.
Mais le long métrage est très distrayant. Le spectateur a beaucoup de plaisir à se retrouver plongé en plein cœur d’un univers où les hommes, les demi-dieux et les dieux voisinent. Nous côtoyons des monstres légendaires, des créatures fabuleuses sorties tout droit des Enfers. La mécanique fonctionne parfaitement et la magie opère pleinement. Le souffle épique dépayse totalement.
On en prend plein les mirettes car "Percy Jackson le voleur de foudre" se veut avant tout une œuvre où l’action prime. Une fois le décor planté et les enjeux présentés, le film devient une course contre la montre. Chris Columbus mène sa barque avec maîtrise.
Les rebondissements sont légion. Les péripéties s’enchaînent à une vitesse hallucinante. Nos héros sont confrontés aux pièges, énigmes que nous avons l’habitude de rencontrer dans ce genre de production. Le film navigue en eaux connues.
Visuellement le long métrage est soutenu par des effets spéciaux et des plans de caméra très satisfaisants. Les vues de l’Olympe new-yorkais sont parmi les plus belles images du film. Le cadre général est plutôt agréable. Je n’irai pas jusqu’à parler de féerie mais nous n’en sommes pas loin.
Le second reproche que j’adresserai au film est cette volonté de vouloir nous présenter trop de personnages. L’exhaustivité nuit à la vraisemblance de chaque protagoniste. Sean Bean, Kevin McKidd mais surtout Uma Thurman en Méduse font des apparitions météoriques alors qu’il y avait un potentiel énorme à tirer de chaque entité. Le panel est certes complet mais le spectateur a du mal à s’attacher à l’un ou l’autre de ces dieux. Il en découle une perception réduite des états d’âme des uns et des autres. Bien dommage.
A l’inverse l’un des atouts de ce long métrage est la présence d’une jeune garde qui donne un élan salvateur. Logan Lerman déborde d’énergie, Alexandra Daddario a un sourire charmant et des yeux terribles (bah oui il en faut peu) et Brandon T. Jackson a beaucoup d’humour et ses répliques sont assez drôles.
Les défauts sont sûrement inhérents à ces sagas cinématographiques. Le premier volet a pour vocation de nous proposer un contexte général et il est certain que "Percy Jackson le voleur de foudre" appelle à coup sûr une ou plusieurs suites.
Le long métrage de Chris Columbus est réussi car il remplit sa mission première de divertir mais surtout il conquiert son public au fil des minutes. La principale réussite est que le spectateur se prend au jeu.
C’est là l’essentiel.


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