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Grand soir …

Publié le 17 novembre 2007 par Jlhuss

La gauche radicale veut déborder les directions syndicales en généralisant le mouvement
LE MONDE | 16.11.07

Réforme des régimes spéciaux : “La CFDT cheminots appelle à la reprise du travail”
LEMONDE.FR | 16.11.07

Pour“A©tu bien pris tes comprimés”? , Philippe Gras a rencontré Maria Bianchini, co-secrétaire générale de la fédération de l’éducation (SUD) :

Ph.G. : Vous allez renforcer le mouvement de grèves et de contestation à l’encontre de la politique du gouvernement Fillon, pourquoi ?

Maria Bianchini : Sud-Éducation a lancé un appel pour le 20 novembre afin de faire une jonction des luttes qui se sont révélées depuis plusieurs semaines.

C’est vrai, nous incitons nos camarades à se rendre dans les gares pour aller à la rencontre des cheminots. Pour nous, une journée d’action ponctuelle n’a pas d’intérêt, et c’est pour cela que nous sommes prêts à reconduire le mouvement sur plusieurs jours.

D’un point de vue stratégique, Sud-Éducation milite en faveur de la grève interprofessionnelle reconductible, dans la mesure où ce qu’on appelle une grève carrée n’est en général pas suivi d’effet.

Trouvez-vous que vos revendications soient pertinentes au regard de la situation des salariés du secteur marchand, et des gens qui recherchent un emploi ?

Bien entendu, car il est prévu en 2008 l’allongement de la durée de cotisation, d’abord pour le secteur privé…

Nous demandons de revenir à 37 annuités et demi pour le public, comme pour le privé. Sinon, la journée de mardi prochain a également un sens pour l’ensemble des usagers du service public, dans la mesure où le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux à partir de 2009 va se traduire par une dégradation de celui-ci.

Dans les collèges et les lycées, on aura 30 élèves par classes par exemple, voire plus. D’autre part, nous nous refusons d’ouvrir la fonction publique aux contrats privés : il y aura 2 types de recrutement et donc, inégalité de traitement comme de salaire.

Nous sommes en plus extrêmement préoccupés par le chômage et la précarité. Il y a des milliers de contrats précaires dans l’enseignement, c’est pourquoi nous réclamons pour eux la titularisation sans distinction de concours et d’ancienneté.

D’une manière générale, nous demandons un revenu du travail décent pour tous. Or, sur les salaires et le pouvoir d’achat, rien n’a été fait pour l’instant par le gouvernement, et rien n’est vraiment prévu non plus !

Vous refusez la négociation au niveau des entreprises et des branches, pourquoi et que pensez-vous de la stratégie des autres centrales syndicales ?

En effet, la grève ne doit pas être une lutte isolée, et c’est pour cette raison que notre organisation, l’Union syndicale dont Sud-Éducation fait partie s’appelle Solidaires.

C’est en présentant les revendications métier par métier qu’on a perdu les luttes précédentes, comme en 2003 par exemple. Sud se veut d’abord non corporatiste, il conçoit les luttes de façon globale. Nous cherchons toujours à y inclure l’ensemble de la population.

La loi Pécresse n’a provoqué aucun écho du côté des enseignants du supérieur et du secondaire, mais les étudiants se sont mobilisés, ce qui représente une chance de notre point de vue. Objectivement, le mouvement s’élargit en ce moment, et nous espérons que les gens se prendront en main. D’ailleurs, ils ne sont plus aussi soumis qu’auparavant et comprennent mieux maintenant l’impasse de s’en tenir aux acquis sociaux.

Vous souhaitez ouvrir un large front de contestation sociale, au-delà des revendications catégorielles, comment voyez-vous la suite des opérations ?

On verra bien, nous ne faisons pas de plans sur la comète… Nous regardons l’évolution de la lutte au jour le jour. Nous constatons cependant qu’à l’heure actuelle chez les cheminots, la base déborde la direction CGT, qui a envie d’abandonner la lutte en échange de quelque chose à négocier avec le gouvernement. Bernard Thibault l’a d’ailleurs exprimé clairement… On ne compte pas trop sur la CGT. En ce qui concerne la CFDT, son fonctionnement est depuis longtemps celui du paritarisme et de l’aménagement des réformes.

Ce qui nous paraît intéressant, c’est ce qu’on voit sur le terrain. Le futur s’écrit au présent.

Pour le moment, le gouvernement a réussi à définir le cadre des négociations, qu’est-ce qui pourrait lui faire perdre pied ?

Depuis longtemps, les syndicats se sont structurés de façon catégorielle. Les confédérations sont les interlocuteurs des gouvernements successifs, nous ne faisons pas partie du jeu.

Mais tant qu’on ne structure pas au niveau interprofessionnel, ça ne peut pas fonctionner. Or, Sud-Éducation et les Sud en général n’ont pas vraiment le poids suffisant pour peser sur cette situation.

C’est vrai que nous sommes très satisfaits de ce mouvement qui vient de la base. Nous considérons que c’est en multipliant les actions que le rapport de force évoluera.

Franchement, aménager la loi Pécresse ou les retraites, ça ne nous intéresse pas. Nous voulons faire bouger le gouvernement sur un projet de société, tout mettre sur la table avant de se mettre autour pour négocier : les retraites, les salaires, mais aussi la précarité et les sans-papiers.

Cela ne sert à rien de négocier dans un cadre déterminé.

Êtes-vous soutenus dans ce sens par les autres centrales syndicales ?

Sud-Éducation se définit comme un syndicat de transformation sociale. Ce n’est pas seulement un outil de défense catégorielle, mais outil de transformation des rapports sociaux, de la société en général. Pour nous, le syndicalisme a une vocation politique.

Nous faisons pas mal de choses avec la CNT, ils sont  minoritaires et refusent le paritarisme, comme de prendre part aux élections professionnelles. Nous nous retrouvons parfois avec la CGT ou la FSU au niveau local car nous partageons parfois certains points de vue avec ces organisations dans les luttes.

En revanche, nous ne sommes jamais d’accord avec la CFDT, ni avec l’UNSA. Sud n’est pas un syndicat de masse et nous ne représentons que10% au niveau national. En plus, tout le monde a les élections professionnelles de l’an prochain en tête. Nous progressons cependant et nous nous battons pied à pied pour notre représentativité. Solidaires revendique 90.000 adhérents. Toutefois, nous ne croyons plus aux lendemains qui chantent et mardi, ce ne sera pas la révolution.

De toute façon, c’est aux salariés de se prendre en main, nous ne pouvons que les assister dans leurs luttes. On verra bien…

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