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Twitter à Saint-Tropez

Publié le 07 mars 2010 par Desiderio

Je me posais il y a quinze jours la question de savoir si je devais rendre mes tweets publics ou non, j'avais décidé de tenter un essai en public pour voir ce que cela donnerait et je m'étais donné une période de deux ou trois semaines. Jusqu'alors j'étais réservé, parce que je ne voulais pas être envahi de pourriels et de faux abonnements. Il me fallait voir aussi quelle était la limite entre ce qui est dicible en privé ou en public, parce que si comme dans un blogue la frontière du public et du privé est fragile, il y a en outre le risque de l'immédiateté vu la brièveté des messages et leur instantanéité. Je crois d'abord aux échanges asynchrones, à la distance, au temps, à la réflexion. Cela ne m'a pas empêché en mode privé d'avoir un Twitterclash avec Ronald parce que j'avais osé comparer le numéro un des blogues politiques dans Wikio à notre divin président fort agité, fort vulgaire et surtout préoccupé d'abord de son image. Outrage suprême envers un blogue faussement politique !

Cette prévention est vite tombée, je n'ai eu que trois faux abonnements le premier jour, cinq le deuxième, puis presque plus rien. On bloque alors la personne qui veut s'abonner à vous de manière abusive afin de récupérer votre adresse. Je n'ai vu aucun afflux de pourriels dans ma boîte aux lettres depuis, mais j'ai déjà de bons filtres. Le résultat entre nouveaux abonnés, nouveaux abonnements et abonnements pourris est positif : j'ai eu trois fois plus d'abonnements authentiques que commerciaux. Or, j'avais déjà parfois des abonnements commerciaux en restant en mode privé du fait des RT* et Follow Friday**. Le mode de communication avec autorisation préalable constitue un filtre, mais ce filtre est fort poreux.

Ecrire dans Twitter pose des questions essentielles d'écriture et de lecture. Le format (140 caractères) impose de faire des choix stylistiques, typographiques pour dire l'essentiel et pour être repris éventuellement. Mais dans le cas présent, c'était la question de la lecture qui se posait : par qui veux-je être lu et pourquoi ? Avec qui ai-je envie d'échanger ? Mon cercle proche d'amis que j'ai invités sur Twitter ? Les lecteurs de mon blogue ? Des gens venus là par le hasard d'un lien ? Au début, j'ai invité une seule personne dans Twitter et pour répondre à une question précise en se créant conjointement un compte, puis cela m'a dépassé. C'est toute la question du réseau qui est en cause : on se construit un réseau par Twitter, exactement comme on inscrit des signets dans son navigateur ou dans son agrégateur de flux, mais il y a une interaction lorsque l'on cite quelqu'un et c'est justement l'aspect le plus intéressant de Twitter : je ne me suis jamais abonné aux flux de Guy Birenbaum, il ne s'est jamais abonné non plus aux miens et pourtant il m'a lu et je lui ai répondu, le tout de manière fort courtoise et ironique.

Bien sûr, on peut vouloir jouer en milieu totalement fermé comme les Leftblogueurs qui se citent entre eux, se répondent entre eux, évitent de citer les autres tout en reprenant leurs textes sans aucune mention d'origine. C'est le réseau en rond qui se retrouve dans le haut du palmarès de Wikio politique. Il y a aussi le réseau échangiste, on peut également s'abonner à quelqu'un pour qu'il s'abonne à vous et que vous deveniez plus influent ainsi. Cela n'a aucun sens si la même information peut vous être donnée par quelqu'un d'autre qui est plus proche de la source et il faut chercher aussi des sources que vos autres lecteurs ne possèdent pas ou sinon il n'y a pas d'échange possible, juste de la redondance, comme dans le haut du palmarès des blogues. Il faut choisir qui lire et pourquoi, quels liens seront apportés et ce qui vous sera utile. Construire son réseau, c'est aussi savoir lire et écrire, vivre en société en acceptant d'être cité ou de ne pas être abonné, savoir que l'on ne sera jamais le premier au sommet de l'affiche. Tout cela est humain, très humain.

* Le RT est une reprise de tweet, mais vu le nombre de RT possibles et la longueur d'un tweet, je me demande s'il faut citer la dernière source ou la première. Une adresse normalement en accès autorisé se retrouve ainsi sur la place publique et on a droit aux demandes d'abonnement de pourrielleurs alors. 

** Le #ff (Suivez Untel ce vendredi) est un rituel que je ne suis pas du tout parce que je déteste toutes les routines, on donne la liste des comptes Twitter que l'on apprécie. Tous les vendredis, je suis cité par quelqu'un et même si j'apprécie la mention, je préférerais que ce soit pour un message précis. Cela fait un peu trop blogobulle en rond.


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