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Culte du dimanche : Kingdom of Heaven

Publié le 07 mars 2010 par Fredp @FredMyscreens

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Ce soir, France 2 diffuse l’un des plus ambitieux films de Ridley Scott : Kingdom of Heaven. L’occasion de revenir sur un film culte qui prend toute son ampleur en director’s cut.

kingdom of heaven
Kingdom of Heaven. Voilà un titre de film on ne peut plus ambitieux. Et pour cause, le sujet ne l’est pas loin. Il s’agit des croisades. A l’origine, c’est Paul Verhoeven et Arnold Schwarzenegger qui devaient faire le film. Projet avorté. Mais c’est sans compter l’arrivée d’un Ridley Scott qui cherche depuis des années à réaliser son épique Tripoli. A défaut, il s’intéressera au script de William Monahan contant la trêve qui fut maintenu à Jérusalem par Baudouin IV et Saladin.

Évidemment, il y a une ombre au tableau. La Fox produit le film. Un choix étonnant pour le studio étant donné le sujet assez touchy du film au niveau politique. Mais étant donné le succès de Gladiator 5 ans auparavant. Le studio espère sans doute renouveler l’exploit en associant à nouveau Ridley Scott au film historique. Une orientation clairement annoncée lors de la promotion du film.

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Pourtant, il n’en est rien. Kingdom of Heaven n’est pas un Gladiator bis. Il s’agit de l’histoire d’un jeune forgeron qui partira en croisade pour se faire pardonner ses pêchés et qui mènera finalement la défense de Jérusalem. Dans le rôle principal, Orlando Bloom fait pâle figure comparé à un Russell Crowe mais laisse entrevoir un potentiel qu’on ne détectait pas chez lui dans Pirates des Caraïbes. On sent clairement qu’il s’est donné et qu’il était fort bien dirigé par Ridley Scott. Mais il était aussi aidé par de grands acteurs dans les seconds rôles, que ce soit Liam Neeson, Jeremy Irons ou Edward Norton (sous le masque de Baudouin). Mais la révélation du film, c’est Eva Green. Pour son premier rôle dans un grand film américain, la jeune actrice française commence très fort avec le personnage tragique (et fort bien écrit) de Sibylle.

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Bien sûr, pour raconter cette complexe histoire de manière accessible, il y a quelques raccourcis et quelques anachronismes que seuls les historiens reconnaitront. Mais le récit nous entraine bien dans l’époque des croisades et c’est là le principal. D’autant que Ridley Scott nous montre encore son grand savoir faire en matière de bataille épique lors du siège de la ville sainte et son goût certain pour les plans magnifiques dignes de cette fresque.

Toutefois, lors de la sortie cinéma, le film est une déception. Certaines choses ne sont que peu expliquées, le discours politique et religieux est assez confus et le personnage de Bloom devient trop vite un héros. Avec un film de cette durée, une promotion mensongère et dans un contexte politique toujours tendu face au terrorisme, le public ne suivra pas. Le film est clairement un échec commercial. Et Ridley Scott, bridé en salle de montage par le studio, n’est pas satisfait.

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Il faudra attendre la sortie dvd du director’s cut de Kingdom of Heaven pour comprendre toute la portée du film. Car en ajoutant 30 minutes de film pour arriver à une durée finale de 3 heures, Ridley Scott parvient à réparer tout ce qui faisait du tort à la version cinéma. Cette fois, les enjeux politiques et religieux sont clairs, bien expliqués et même très intéressants à suivre. Les personnages sont également plus étoffés. Balian devient  héros par la force des choses et surtout Sibylle a la place centrale qu’elle mérite (l’histoire tournant autour de son fils est très émouvante) pour devenir l’un de ces personnages féminins forts et tragiques comme les aime Ridley Scott. Avec ce director’s cut, la critique qui avait éreinté le film à la sortie en salle revoie sa copie et considère le nouveau montage comme un film épique, maitrisé et passionnant.

Si il y a bien une leçon à tirer de l’histoire du film, c’est qu’un réalisateur qui maitrise parfaitement son film sans l’implication des financiers et marqueteurs d’un studio sur le dos, peut réaliser un grand film. Pour Kingdom of Heaven, il y a une nette différence entre la version cinéma et la version de Ridley Scott. Et si il n’y a qu’une version à voir, et qui restera culte, c’est bien cette dernière.


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