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Top14 : Changement d’époque ?

Publié le 08 mars 2010 par Lben

Chronique du lundi 8 mars 2010.

Et si la victoire de Toulon sur Biarritz, ce week-end, dépassait le simple point qui a séparé, au score, les 2 équipes pour révéler, en fait, un changement d’ère dans la hiérarchie des clubs français ?

Une hiérarchie des clubs français en train de changer ?

Depuis le début de la saison, le Top14 a révélé la difficulté des meilleurs clubs français à proposer leur meilleur rugby. Le Stade Français et Biarritz ont officiellement connu la crise à la rentrée 2009 avec changement d’entraîneur pour le club Parisien et gros risque de non qualification pour la HCup prochaine pour les 2 et Toulouse, de son côté, en est déjà à 8 défaites en 21 matchs. Les 3 clubs qui se sont partagés le titre de champion de France depuis 1994 connaissent des difficultés à imposer leur jeu cette saison et à se faire respecter en Top14. Est-ce à dire que l’on pourrait vraiment, cette saison, vivre un passage de témoin entre ces 3 clubs d’un côté et Perpignan, Clermont, Castres, Toulon et le Racing-Métro ? Un passage de témoin pérenne qui vaudrait pour la décennie qui vient ? Où est-ce qu’il ne faut voir là qu’une simple impression que la fin de saison viendra atténuer et ce, d’autant plus, que ces 3 clubs sont bien positionnés pour aller jusqu’en finale de HCup ? Il est bien sûr difficile d’avoir des certitudes avec un calendrier qui ballote les clubs d’une compétition à l’autre pendant des saisons qui durent 10 mois mais la question mérite d’être posée.

Quelque chose est quand même en train de se passer et les matchs de ce week-end sont là pour le confirmer. Castres caracole toujours en tête du championnat et même si la fin de saison des Tarnais sera compliquée à gérer, il semble que tant que le duo Travers – Labit présidera aux destinées de cette équipe, celle-ci aura les moyens de jouer les premiers rôles. Avec cette équipe, Clermont et Perpignan vont se disputer les 2 premières places, synonymes de qualification directe en demi-finale alors que Toulouse, malgré sa victoire au Stade de France, ne parait plus pouvoir rejoindre ses adversaires. Toulon et le Racing -Métro sont encore en phase de construction mais les Varois semblent maintenant aller dans la bonne direction avec Philippe StAndré et le Racing-Métro est en avance sur ses objectifs sportifs avec une possible qualification en HCup dès cette saison.

Clermont et Perpignan plutôt que Paris et Toulouse ?

Plus que la victoire de Toulon sur Biarritz, moi, ce qui m’a marqué ce week-end, c’est la comparaison entre les rencontres Clermont – Perpignan d’un côté, et Stade Français- Stade Toulousain, de l’autre. L’affrontement entre Auvergnats et Catalans étaient de très haut niveau avec 2 équipes trouvant un bon équilibre entre puissance et dynamisme là où le spectacle proposé au Stade de France manquait de fraîcheur et de qualité. Et quand je dis cela, je ne parle pas seulement de la prestation de Paris. En 1ère mi-temps, avec quasiment tous les ballons, les Toulousains se sont révélés incapables, par un manque de vitesse chronique au milieu du terrain, de se créer une véritable occasion d’essai. Bien sûr, il y a plus de joueurs internationaux à Toulouse qu’à Clermont et Perpignan et ceux-ci manquent certainement de fraîcheur entre 2 matchs du Tournoi. Bien sûr, il ne faut pas tirer de plan sur la comète maintenant alors que la fin de saison peut encore redistribuer les cartes. Bien sûr, si la finale de Coupe d’Europe oppose Toulouse à Biarritz en mai prochain, un tel propos méritera d’être relativisé, mais il n’en reste pas moins que la saison de Top14 se révèle une difficile procession pour les 3 équipes qui en avaient fait, jusque-là, une montée en pression plutôt linéaire.

En tout cas, une chose est sûre, c’est que, à ce moment de la saison, les 2 équipes qui montrent le plus de potentiel rugbystique sont Clermont et Perpignan. Si les Catalans ont connu une première partie de saison avec des résultats en dents de scie, cela s’explique par le nouveau statut de champion de France qui a perturbé les esprits de joueurs un peu trop sur d’eux. Il a fallu une défaite du côté de Trevise plus une leçon de réalisme Irlandais, qui se sont traduits par une élimination en HCup, pour que l’équipe Catalanne reprennent un sens de la marche plus en rapport avec ses moyens. Tous les esprits sont maintenant mobilisés pour conserver le titre de champion de France et il y a vraiment de la qualité dans cette équipe. Si elle est épargnée par les blessures en cette fin de saison, il sera, à nouveau, très dur d’arrêter les sang et or.

Pour Clermont, j’ai déjà fait, il y a quelques semaines, une chronique sur le sujet. Je ne sais pas ce que sera la fin de saison de cette équipe mais il est sûr que la qualité de l’effectif Clermontois et le jeu mis en place par Vern Cotter représentent plus le futur du rugby que, au hasard, les systèmes de jeu purement défensifs de Biarritz.

Toulon et Racing-Métro plutôt que Stade Français et Biarritz ?

Dire que la différence entre ces équipes se situe d’abord et exclusivement au niveau du porte-monnaie serait une erreur. S’il est vrai que les présidents Boudjellal et Lorenzetti ont investi plus que de raison dans leur équipe, ils ont aussi mis en place une structure de club qui doit leur permettre de s’inscrire dans le temps. Cela a pris un peu de temps côté Toulonnais mais, maintenant, avec un Philippe St André, formé par l’orthodoxie anglo-saxonne, à la tête du sportif, l’avenir des rouge et noir donne de bien meilleures garanties de durer dans le temps. Côté Parisien, Jackie Lorenzetti gère son club comme une entreprise et il a bâti un projet sur plusieurs années. Bien sûr, ce sont les résultats sportifs qui donnent le tempo et garantissent la pérennité d’un club mais il n’en reste pas moins que la solidité de ces structures donne une assise qui ne fera qu’aider le sportif à, justement, s’inscrire dans le temps. Exactement ce que n’ont pas réussi à faire Biarritz et le Stade Français.

Les 2 clubs champion de France du début de millénaire sont aujourd’hui encore sur un mode de fonctionnement à l’ancienne où les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul homme et les structures ne sont pas assurées pour donner aux joueurs au moins une impression de professionnalisme qui tende vers l’excellence. Ceux du Stade Français attendent toujours un centre d’entraînement digne de ce nom qui leur évite des migrations à la petite semaine entre structures municipales et stades de partenaires sponsors. Ca n’explique pas complètement leur faillite de ce week-end mais cela donne une bonne tendance sur la perte de compétitivité de 2 clubs qui ont du mal à mettre sur un même niveau les exigences de performances demandées par le haut niveau et les bégaiements quotidiens de structures administratives et sportives qui n’en ont que le nom.

Conclusion : Toulouse restera Toulouse.

Justement en termes de structure, il y a un club qui garde un temps d’avance sur tous ses adversaires, c’est Toulouse. Le club que même le football nous envie a su se construire progressivement et professionnellement sur les 15 dernières années. Même si les résultats sont relativement médiocres cette saison, le Stade Toulousain est encore en course sur les 2 tableaux et peut espérer jouer au moins une finale cette saison. Mais peu importe, finalement. Quels que soient les résultats de cette fin de saison, l’équipe toulousaine, par la dynamique d’excellence qui existe au club depuis des années, saura rester dans les clubs phares français pour encore très longtemps. Par contre, je n’ai les mêmes certitudes en ce qui concerne le Stade Français et le Biarritz Olympique qui sont à la croisée des chemins et pas seulement au niveau des résultats sportifs…


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