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Appel à résister et à construire l'alternative

Publié le 11 mars 2010 par Despasperdus

Changer la donne à gauche « en donnant un coup de pied dans la fourmilière sociale démocrate » et battre la droite, cette droite arrogante, sourde et méprisante… Mais si on veut battre la droite, ce n’est évidemment pas pour s’allier avec elle ! Je pense évidemment au Modem (...) un parti de droite qui prône la retraite par points et la hausse de la TVA pour réduire les déficits publics. C’est écrit en toutes lettres dans leur programme. Alors, ne faites pas cette erreur d’aiguillage.

Nous souhaitons le rassemblement de toute la gauche au second tour, mais ne comptez pas sur nous pour accepter des compromis pourris. Parce qu’on n’est pas là pour sous-traiter en Région la politique libérale et liberticide du gouvernement ! Mais au contraire pour mettre en œuvre des mesures de rupture, et faire contre pouvoir. Lors de la dernière mandature, il y avait 20 régions à gauche sur 22. Et qu’a fait l’Association des Régions de France ? Rien. Alors ce qu’ils n’ont pas voulu faire pour lutter contre la réforme du Bac pro en 3 ans, on le fera pour la réforme territoriale, la loi bachelot, les retraites ou encore contre la privatisation du rail !

Ce n’est pas du ressort des régions ? En effet. Et alors ?! C’est du ressort des citoyens, et les élus du peuple ont le devoir de défendre becs et ongles l’intérêt général. Et puis, on sait tous très bien que ces régionales ont évidemment à voir avec ce qui se passe au niveau national. Alors, qu’on ne vienne pas nous dire que ça ne nous regarde pas !... Et comment, que ça nous regarde ! Nous sommes des militants. Le 14 mars on sera dans les urnes, mais le 23 mars on sera de nouveau dans les rues pour la retraite à 60 ans et à taux plein !

Nous ne nous laisserons pas impressionner par ceux qui nous disent que c’est impossible. On nous a déjà fait le coup. Mais si c’est possible ! L’argent existe. Il suffit d’avoir le courage de parler de partage des richesses et d’aller prendre l’argent où il est : dans les poches des plus riches et des multinationales. Ces boites qui font des profits, versent des dividendes aux actionnaires et n’ont que mépris pour les travailleurs. Guidés par l’égoïsme libéral, par cette logique insensée de recherche permanente du profit et d’accumulation matérielle, ils exploitent à la fois les travailleurs et la planète, provoquant d’un même mouvement crise sociale et écologique.

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A nous de leur dire que cette société du mérite, de la compétition et de la marchandisation, on n’en veut pas ! On est plus nombreux qu’eux, et le 14 mars, on a la possibilité de leur dire : ce jour là, chaque bulletin de vote vaut pour un. Qu’on soit ouvrier, patron, chômeur, retraité ou étudiant, nos voix valent toutes la même chose. C’est ça la démocratie, servons en nous !

Depuis les européennes, on sent quelque chose monter du côté de l’autre gauche. On n’en est qu’au début, on ne fait que commencer. Croyez-moi, ils n’ont pas fini de nous entendre et de nous trouver en travers de leur chemin !

Car aujourd’hui nous sentons tous, nous, peuple de gauche, orphelins depuis si longtemps d’une gauche combative, offensive, attachée à ses valeurs, nous sentons tous que nous sommes là où nous devons être. Aux côtés des travailleurs, des exploités, des invisibles, des damnés de la terre et des sans droits, contre toutes les formes de domination… A notre place !

Alors ne baissons plus les yeux, ne nous laissons pas impressionner. Ni par la répression syndicale, comme à ERDF. Ni par la dérive sécuritaire destinée à faire peur et à casser les solidarités. On apprend que 5% des français sont passés en garde à vue ? Eh bien, on ira ! Délinquants solidaires contre ces lois monstrueuses de chasse aux sans papiers. Désobéissants en résistance contre ces directives européennes qui vont contre l’intérêt général ! Et qui ne bénéficient d’aucune légitimité démocratique. Faut il rappeler que le peuple avait majoritairement dit non au TCE en 2005 ! Qui a eu le courage de le dire pendant les européennes ? Quelle est la gauche qui a fait campagne en disant la vérité aux électeurs ?

Je voudrais ouvrir une parenthèse à ce sujet. Vous le savez, j’ai un petit faible pour l’écologie Alors, fatalement, on me demande souvent ce qui nous distingue d’Europe Écologie. Et c’est vrai qu’on partage beaucoup de propositions : sur l’agriculture paysanne et bio, les circuits courts, la relocalisation des activités… Sauf que nous on va jusqu’au bout du raisonnement, et qu’on est honnêtes avec les électeurs : la plupart de ces propositions sont impossibles dans le cadre du Traité de Lisbonne car elles supposent des mesures qui de fait entraveraient la fameuse concurrence libre et non faussée. Ah ça, vous ne l’entendrez pas du PS, ni d’Europe Écologie, qui ont tous les deux fait campagne pour le traité de Lisbonne !

Alors qu’est-ce qu’on fait ? On continue d’accompagner le système la main sur le cœur en jurant qu’on n’y peut rien ? Ou on résiste ? En disant qu’on y peut quelque chose, pour peu qu’on fasse un pas de côté et qu’on sorte des sentiers battus et du discours dominant. C’est ça, construire une alternative. Regardons ce qui se passe du côté des peuples d’Amérique du Sud, qui en Bolivie, au Venezuela, en Equateur, ont réussi la jonction des mouvements sociaux, des mobilisations populaires, et de nouvelles politiques de gauche. Ça change tout ! Et c’est possible.

La région peut et doit être le premier maillon de cette transformation sociale et écologique de la société. En arrêtant de verser des aides aux entreprises bénéficiaires qui licencient et délocalisent. En engageant la reconversion écologique de l’économie. En donnant à tous le droit à la mobilité, avec la gratuité des TER. En développant l’ESS, les reprises par les salariés sous forme de SCOP. En créant une banque publique régionale pour l’emploi, des conférences départementales de la formation professionnelle et continue. En créant un droit d’initiative citoyenne pour redonner la parole au peuple.

Il existe déjà des poches de résistance où s’inventent des alternatives concrètes : AMAP, SCOP, circuits courts… Voilà qui commence déjà à dessiner les contours d’un autre monde. Un monde où on vit bien, ensemble, dans un rapport à la nature transformé. Un monde où les travailleurs sont propriétaires de leur outil de production ; où on n’a pas à choisir à la fin du mois entre se nourrir, se chauffer ou se soigner. Un monde où tous ont accès à l’éducation, aux soins, à l’énergie, où qu’ils vivent. Où les services publics sont toujours la richesse de ceux qui n’ont rien, et garantissent l’égalité républicaine… C’est ça notre objectif.

Et nous répondrons point par point. A la logique libérale de la compétition de tous contre tous, nous répondrons coopération, intérêt général, biens communs et services publics. A leur bouclier fiscal, nous opposerons le revenu maximum autorisé, un nouveau partage des richesses et une fiscalité plus juste. A leur taxe carbone, nous répondons planification écologique, et écologie sociale : un vaste programme d’isolation, qui permet à la fois de faire des économies d’énergie et de réduire la facture des ménages, c’est quand même mieux que d’aller taxer une fois de plus ceux qui sont déjà touchés par la crise et le chômage ! Et qui, soit dit par ailleurs, n’ont pas vraiment le choix : les gens qui prennent leur voiture, aujourd’hui, ne le font pas pour le plaisir de polluer la planète, mais parce que ce gouvernement, sous couvert de grenelle de l’environnement, fait exactement tout le contraire d’une politique sociale et environnementale. En privatisant le rail et en supprimant l’activité de wagons isolés il remet les camions sur la route. En facilitant l’ouverture des grandes surfaces en périphérie, avec la LME, il augmente encore les trajets en voiture. En mettant au cœur de son plan de relance de la croissance des aéroports et des autoroutes, il est à l’exact opposé de ce qu’il faudrait faire !

Nous ne les laisserons pas faire. Nous voyons ce qu’ils font au peuple Grec, et la politique dite d’austérité qui se prépare. « Austérité » ?... Mais quand on baisse les salaires, qu’on sacrifie les retraites et qu’on supprime les emplois publics, ce n’est pas de l’austérité, c’est de l’inconscience ! Nous, nous ne parlons pas de charges sociales mais de cotisations sociales. Nous ne parlons pas de vidéoprotection mais de vidéosurveillance. Et quand ils disent reconduites à la frontière, nous disons : expulsions ! Nous, nous avons le courage d’appeler un chat un chat. Et de dire que le capitalisme et le productivisme sont la cause de la crise actuelle.

On ne peut pas en dire autant de tous les candidats et de toutes les listes, quand certains veulent nous faire croire que le capitalisme peut être moralisé, ou qu’on peut faire de l’écologie un nouveau capitalisme vert… Quand JJ Queyranne ou Philippe Meirieu lorgnent du côté d’Azouz Begag, qui lui-même lorgne du côté de Domnique de Villepin… On voit bien ce que ce genre de dérives entraine. Quand on dit qu’on n’est ni de gauche ni de droite, on se retrouve toujours avec la droite. Comme en Italie… Alors pour qu’il existe encore une gauche en France dans 5, 10, 15 ans, quelle autre alternative ? Il n’y en a pas d'autre. Nous devons faire du Front de Gauche la nouvelle force majoritaire dans ce pays !

Bon, une fois qu'on a dit ça, vous vous imaginez bien qu’on ne va pas nous dérouler le tapis rouge… ;) On est beaucoup trop dangereux pour le système en place, qui fera tout pour nous étouffer, comme on le voit déjà avec la manière dont les médias nationaux nous traitent. Eh bien, tant pis. On fera sans eux. Mais en revanche on ne fera pas sans vous ! Ce projet politique de l’émancipation, ce socialisme du 21e siècle qui prenne le meilleur des traditions de la gauche ouvrière, des mouvements sociaux et de l’écologie politique, c’est nous qui le portons, c’est nous qui le ferons. Ensemble !

Alors, restons unis à gauche.

Restons déterminés, ambitieux, courageux et motivés.

Gardons notre capacité d’indignation et de résistance intacte.

… Et nous y arriverons !

(Source : Corinne Morel-Darleux)


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