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La maîtresse d'école - Marie-Paul Armand

Par Loizolire

En matière de littérature, la région Nord Pas-de-Calais peut être fière de constituer une mine précieuse et féconde de talents. Citons entre autres Marie-Paul Armand, l'une des plus belles plumes régionales. Romancière du terroir, cette petite-fille de mineur revendique en toute simplicité ce titre parce que, sans manière, elle aime sa région.



Après des études universitaires à la faculté de Lille, Marie-Paul Armand a été enseignante en mathématiques pendant dix ans avant de s'engager définitivement dans la voie de l'écriture, à laquelle elle était destinée. Bien lui en a pris. Ses romans mettent en scène la vie dans cette région, à différentes époques et dans différents milieux. En 1995, après plusieurs ouvrages, elle publie un roman magnifique, La maîtresse d'école , qui confirmera sa renommée dans la France entière.

La maîtresse d'école - Marie-Paul Armand


La maîtresse d'école - Marie-Paul Armand
L'histoire s'ouvre sur la France de l'entre-deux-guerres, dans un petit village du Pas-de-Calais, au bord de la mer. Sagement assise dans la classe, la petite Céline, fille de modestes pêcheurs, souhaite embrasser la carrière d'institutrice. L'école est pour elle une merveilleuse révélation. Si ses résultats scolaires et les éloges de sa maîtresse, Mme Fournier, satisfont ses parents, son désir le plus cher est pourtant mal accueilli par ces derniers et son entourage qui ne la comprennent pas. Son frère Aurélien n'envisage pas un instant qu'elle puisse avoir une telle répugnance pour les métiers de la mer et Pierrot, l'élu de son coeur, son matelot, se refuse à épouser plus tard une institutrice qui ne pourra pas rester à la maison pour élever leurs enfants. Céline le sait, elle devra faire un choix difficile entre un grand amour et sa passion pour l'enseignement. Mais elle n'en démord pas ; à l'encontre de sa famille, elle compte bien réaliser son rêve coûte que coûte, "faire l'école", et ce, grâce à sa tante Marceline qui, en femme indépendante, est la seule à la soutenir et à l'aider à poursuivre ses études. Après la guerre, Céline donne le jour à une petite fille, Irène, à qui elle transmet à son tour sa vocation. Les années passent, Irène grandit jusqu'à la fièvre de "mai 1968", elle devient professeur au collège. Les temps ont changé, les mentalités aussi, ses démêlés amoureux lui réservent bien des surprises...

Mon avis : j'ai littéralement dévoré le livre de la première à la dernière page. Si Marie-Paul Armand était lue dans nos écoles, nombreux seraient les enfants à apprécier le goût de la lecture.
Je la remercie d'avoir su admirablement et, avec une douceur infinie, conjuguer le réalisme et l'émotion, toute en retenue, présente tout au long du livre. L'auteur sait faire ressortir les sentiments de ses personnages. Le lecteur sent également à quel point l'auteur est très attachée à ses racines. Marie-Paul Armand en parle avec amour et tendresse.

Le lecteur se laisse emporter par cette belle histoire grâce à un style limpide, très agréable à lire ; une écriture douce, calme et prenante à la fois où le lecteur s'applique au plus près des personnages.
Au-delà de ce beau récit sentimental, l'auteur développe deux thèmes : d'une part les différences d'éducation générationnelles entre la mère et la fille, celles de nos parents et de nos grands-parents ; d'autre part l'évolution de l'école tout au long du XXe siècle, jusqu'à la fin des années 1960 ; cette nostalgie produite par l'école d'autrefois : l'odeur de la craie, le tableau noir, le pupitre et l'encrier ; cette école où, malgré les différences et les difficultés sociales, les enfants maîtrisaient la lecture et l'écriture, redoutaient la dictée, apprenaient par coeur les quatre opérations, connaissaient parfaitement les grandes dates historiques, savaient situer les villes et les fleuves ; cette école enfin où le maître avait encore une autorité naturelle. Une époque décidément révolue...

Cela me rappelle inévitablement quelques souvenirs personnels qui n'échappent pas à une amère constatation : un métier aux illusions perdues, qui a beaucoup et mal évolué, une lente et inexorable dégradation de l'institution tombée sous la coupe des nouveaux théoriciens "pédagogues" qui ont voulu à tout prix dépoussiérer les mécanismes désuets du système scolaire, en simplifiant à outrance, en annihilant la notion d'effort et de l'apprentissage.Plutôt qu'un long discours de ma part, je dirai simplement que l'auteur nous livre des enseignements de vie, une magnifique leçon d'humilité et de courage.
Madame Marie-Paul Armand, je suis fier que vous soyez de cette région.


Amis lecteurs, je vous enjoins de découvrir ce roman pour lequel j'ai eu un coup de coeur.


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