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Gorillaz : "Rhum, sodomies et abordages. Rien à jeter là-dedans"

Publié le 12 mars 2010 par Albumsono
A l'occasion de la sortie de "Plastic Beach", troisième album de Gorillaz - le groupe créé par Damon Albarn et Jamie Hewlett, interview de Murdoc, son bassiste et leader bien virtuel.

Après la dernière tournée, les membres de groupe sont-ils allés en cure de désintox ?

Rehab ? No ! No ! No ! En fait, après le concert à New York en 2006, j’ai décidé que j’avais besoin d’un break. Pour moi, la porte s’est refermée sur Gorillaz ce soir-là. J’étais écœuré par le goût et l’odeur que dégageait le groupe. J’avais besoin d’un long week-end loin de tout. Et je me suis débrouillé pour qu’il dure trois ans.

Je pense que je voulais juste purger mon âme de tout ce qui concerne Gorillaz. L’album « Demon Days » a été comme un long tunnel pour nous tous. Je crois qu’aucun autre groupe n’a réellement expérimenté les singeries ennuyeuses que nous avons traversées. Exorcismes, tentatives d’assassinats, la Grande Faucheuse, collaborations avec Madonna, îles flottantes, Black Clouds… et cet idiot de 2D.

Noodle a disparu et nous n’avons plus de ses nouvelles depuis qu’elle a été descendu dans le clip de « El Manana ». Tout comme Russel qui avait déjà connu quelques problèmes de santé mentale par la passé et ce n’est pas la première fois qu’il déserte. 2D, lui, est toujours dans les parages. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette glue, il est pire que l’herpes.

Quand avez-vous ressenti le besoin de retourner en studio ?

C’était aux alentours de mai 2007.J’ai commencé à penser qu’il était temps d’assembler de nouveaux morceaux de Gorillaz. Mes poches étaient vides, j’avais une inflammation du foie mais ma tête et mon cœur étaient pleins de grands projets et de plans complexes pour une nouvelle charge de Gorillaz. Le box office est rempli de pacotille.

« Demon Days » a été bien rentable et j’ai tout investi dans des stupides compagnies de téléphones portables et sur des projets de construction de pyramides. J’ai acheté un lot de pyramides à Gizeh, en Egypte à un certain Bernard Madoff. Les contrats n’étaient pas pires que le parchemin sur lequel ils étaient imprimés. Mais Madoff s’est tiré avec l’argent.

Je me suis aussi lancé sur le marché de la vente d’armes. C’était sympa ! J’ai battu en retraite quand j’ai rencontré certains… clients non satisfaits. Un groupe de pirates baptisés Les Nuages Noirs étaient mécontents parce que je leur avais vendu de la camelote. J’essayais juste d’apporter ma contribution pour construire la paix mondiale en leur donnant des armes qui ne fonctionnaient pas. Mais ils sont après moi maintenant. Tout ce que je pouvais faire était de fuir, et vite. J’ai tout essayé pour vendre nos studios, Kong. Mais même en le mettant en vente sur www.immensestudiohantéhorsdusageaumilieudenullepart.com, je n’ai pas trouvé preneur. Alors j’y ai mis le feu et j’ai touché l’assurance. Mouahahaha. Parfois, il faut brûler le passé pour construire un nouveau futur. Des cendres des studios Kong, Plastic Beach a surgi tel un gros cygne dégeu.

Quels genres musicaux vouliez-vous explorer dans cet album ?

Mmm… Subcore, bluegrime, electrowazzle, grindgrass, paper folk… Bon, je plaisante (Ma blague rend en français ?). Tu devrais écouter les chansons, mec. Elles te mèneront dans la bonne direction. Il n’y a jamais de plan prédéfini quand nous commençons un album de Gorillaz. Je veux dire, à part accomplir notre complète domination sur le monde.

Pourquoi être allé dans un endroit aussi reculé que Plastic Beach pour enregistrer l’album ?

Parce que les Nuages Noirs en ont toujours après moi. Je devais vraiment me cacher dans un endroit isolé. Quelque part où même Google ne pouvait pas me trouver. J’ai laissé derrière moi une piste semée d’embûche, un vrai bordel. Et Plastic Beach est le point le plus éloigné de tout. Parfait !

Ca vous a plu de transformer Lou Reed en un personnage de cartoon ?

Oui. Il n’y avait pas grand-chose à faire pour être honnête. J’ai grandi en écoutant Lou Reed et le Velvet Underground. Bon grandir, c’est peut-être pas le bon mot mais quand j’étais jeune quoi. J’adore ses albums solos « Magic Loss », « The Blue Mask » et « Transformer » bien sûr. Produit par Daviiiiiiid Booowwwieeeeee.

Vous avez piraté des radios et des sites internet pour faire la promotion de l’album. Ça vous plaît de vivre comme un pirate ?

Ouh ! Ah ! Bien sûr, j’ai toujours aimé ça. Rhum, sodomie et abordages ! Rien à jeter là dedans.

Après les « D-Sides » et les « G-Sides », il y aura-t-il un « J-Sides » ?

Non imbécile, i, C-Sides (seasides [le bord de mer en anglais]. Note à moi-même : ce gag ne marchera qu’en anglais). De nombreuses chansons enregistrées ces derniers mois ne sont pas sur l’album. Elles verront le jour à un moment ou à un autre.

« Plastic Beach » est-il votre dernier album ?

Disons que oui. Ne venait pas chialer après ça. Mais comme Destiny’s Child, je suis un « survivor ». Ce n’est pas le chapitre final des aventures de Murdoc Nicalls… J’aborde chaque enregistrement comme mon dernier… et mon premier.

Qu’allez-vous faire maintenant ?

Je pourrais bosser comme vendeur de fringues ou dans une mercerie. Ou peut-être dans un magasin de chapeau. Je dirais : « Quelle est votre taille, monsieur ? – Sept et un quart. – Bien, je crois que nous avons ça. » Je pourrais faire ce genre de choses.

Et un film d’animation ?

Oh, on nous a déjà proposé ça à l’époque de « Demon Days » mais avec ces gens-là, on ne fait rien d’autre que de parler. J’aime être le capitaine de mon propre bateau : Gorillaz, Navire de Sa Majesté. Et ça ne serait pas le cas avec un film. Mais quand « Plastic Beach » nous aura ramené pas mal d’argent, peut-être achèterai-je mon propre studio de cinéma. Ah ouais ! Ce sera un film de Grand Moghol ! Oublie le magasin de chapeau, c’est mon nouvel objectif de carrière maintenant !

Récemment, plusieurs groupes se sont séparés après un concert à Paris. Comment abordez-vous le fait de devoir jouer à Paris ?

Ouhouhou, j’ai peur… Non, sans rire, JE suis Gorilazz. Et même si j’ai très mauvais caractère, je ne peux pas me séparer de moi-même.

Que pensez-vous de la reformation récente de plusieurs groupes des années 1990 : Pixies, Pavement, Rage Against the Machine, Blur…

Ce que j’en pense ? Pas grand-chose. Même mon énorme cerveau a ses limites. Et si je pense aux « groupes des années 1990 », il n’y a plus assez de place pour le reste de mes activités mentales.

Au-delà des genres musicaux explorés et de vos nombreux invités, quelle est la vraie nature de Gorillaz ?

Oh mon Dien (en français dans le texte). C’est un peu trop métaphysique pour quelqu’un qui vient de commencer sa journée avec un rhum-cassis. Disons que notre vraie nature est… le mouvement. Nous sommes comme la mer qui s’étend autour de notre paradis de plastique : en mutation permanente, inexorables et inéluctables. Nous sommes i-n-é-lu-c-t-a-b-l-e-s.

Recueilli par KidB, ChapB et MajU


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