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Sans tabou:épisode7: Dis bonsoir, à tata!

Publié le 05 mars 2010 par Bella_ragatsa
Sans tabou:épisode7: Dis bonsoir, à tata!
Le lundi 21 décembre, vers 13h, Ranime se trouvait à la faculté, et plus précisément dans la salle de TD du premier étage, pour une séance de rattrapage, chez monsieur Bacha. Il faisait froid, très même. La pluie tombait sur Tunis. Portée par un vent d’ouest, l’averse avait repoussé les quelques têtes qu’elle a pu guetter par la fenêtre, qui se trouvait près d’elle, sur le trottoir de la cafétéria se trouvant juste à proximité de la faculté.
Elle s’accouda sur la table, et en suivant du coin de l’œil, la fille qui est sortie pour la correction de la série.
- Il fait mauvais !
En haussant son cou à la manière d’une girafe, Rafiaa, grommela.
- J’espère, qu’on sortant, il y aura plus de pluie ! je n’ai pas ramené de parapluie avec moi !
Puis en remarquant les yeux de son professeur visant plutôt sa copine et non leur collègue, corrigeant l’exercice.
- Je suis prête à parier que tu lui plais !
- Qui ?
- Voyons Don Juan !
Ranime, après hésitation, leva la tête, et elle ne fournissait le moindre effort pour chercher son regard, puisqu’il la fixa depuis le début de la séance, d’un regard doux et aimable.
- Je supporte pas que quelqu’un me fixe comme ça !
Rafiaa, riant en couvrant sa bouche de sa paume.
- Hihihi ! je crois que monsieur est amoureux de toi ! puis en se rappelant, j’ai fait la connaissance d’un mec bien sur Face book, il y a deux jours ! et d’un certain snobisme, c’est un acteur !
Ranime, tourna la tête et en levant le sourcil droit d’une façon amusante.
- Acteur ? il s’appelle comment ?
- Ibrahim Elbehi ! et en traçant un large sourire, il a même joué dans le dernier film de Nouri Bouzid « Making of » !
- Ah bon !
- Ah oui !
Ranime, la regarda de travers et continua.
- J’ai vu le film deux fois ! c’était quoi son rôle ?
Elle frotta son front et répondit honteuse.
- Il était simple figurant !
En se retenant de rire, pour ne pas attirer l’attention vers eux, Ranime murmura.
- Il n’est pas donc encore qualifié d’acteur’ pour moi !
Puis, son cellulaire qui était dans sa poche de jean, se mettait à vibrer. Elle tenta de l’ignorer mais comme il ne cessait de vibrer, elle le sortit et voyait le numéro de son père s’afficher. Elle le remettra par la suite dans sa poche.
- C’est qui ?
- Papa ! et en tenant le stylo pour copier la correction, je l’appellerai plus tard !
Mais le GSM se mit encore à vibrer pour la deuxième fois. Inquiète, elle se leva et dit.
- Monsieur je peux sortir ?
Comme s’il ne s’attendait qu’à entendre sa belle voix, Akram répondit gentiment.
- Bien sur mademoiselle Bouraoui !
Elle poussa donc sa chaise et sortit en précipitant le pas, puis en s’arrêtant devant l’entrée des WC des filles, elle décrocha, morte d’inquiétude, car son père n’avait pas l’habitude de l’appeler pendant le jour.
- Allo, salut papa ! maman va bien ?
Il toussa, comme il était enrhumé et répondit de sa voix grave.
- Oui, oui bien ! puis en toussant encore, je m’excuse de t’avoir appelé maintenant, je sais que t’as cours !
En collant son dos sur le mur.
- Non, non, c’est rien, pa !
- Tu rentres quand ?
- Vers 17H50, je crois !
En haussant la voix pour qu’elle puisse l’entendre puisqu’il y avait de bruit autour de lui, ce qui signifiât qu’il faisait de la marche dans la rue, en lui causant.
- Tu devras t’absenter, à ce qu’il parait ?
- Pourquoi, disait –elle la face pâlie, en se faisant des soucis encore pour sa mère, ma, va bien ?
- Oui, oui, et elle est en route vers Tunis !
En collant encore le combiné à l’oreille.
- À Tunis ?
- Oui, elle veut passer la nuit chez sa fille !
Un peu perturbée, elle se demanda, d’une voix émue.
- Ne me dis pas que vous vous êtes bagarrés, vous deux ?
Il poussa un souffle colérique et expliqua doucement.
- C’est à cause de ta tante Nafissa.
- Ma tante Nafissa ? s’écria Ranime, puis en baissant la voix, comme deux filles passaient à sa proximité pour pénétrer les WC. Ne me dis pas qu’elle est venue chez nous, à la maison ?
- Et oui, ce matin, puis en toussant à nouveau, ta mère était au Hammam, et j’étais seul à la maison, je pouvais pas la renvoyer, ça se faisait pas, c’est quand même sa sœur ainée et ta mère biologique, puis en perdant son sang froid, en rentrant c’était la galère, entre ta mère et … ton autre mère !
Ranime, n’aimait pas les visites surprises, de sa mère biologique. Elle savait, que sa tante Nafissa, ne venait chez eux que pour créer des problèmes et des tensions entre elle et sa cadette.
- Elle a une nouvelle affaire cette fois-ci ? s’écria Ranime, d’un air moquant, depuis le mariage De Bayram, il y a deux ans, elle n’a pas mis le pied chez nous !
- Tu l’as bien deviné, ma princesse ! elle a découvert qu’elle avait encore un bout de terre partagé, dans la région du chott Meriem, et la businesswomen, ta chère tante, veut la vendre, pour ouvrir une boutique pour sa fille Bochra !
Ranime, tellement, elle était habituée à ce genre de dispute classique d’héritage, entre les deux sœurs, ria en prévoyant le reste de l’histoire.
- Et comme d’habitude, ma mère a refusé sous prétexte qu’elle veut garder un souvenir familial ou peut être, pour que les prix augmentent encore plus !
Son père, en partageant son rire.
- Exactement, ma fille ! puis d’une voix plus sérieuse, et quand elle se trouve contrariée ta tante, parle de toi, et la menace de te reprendre en déployant tous ses moyens, et tu sais, que c’est le point faible de ta mère, et que c’est la chose qui l’affole le plus au monde !
Énervée, les yeux, devenant plus mornes, et les mains tremblantes, Ranime, hurla.
- Je ne suis pas un objet qu’elle pourra récupérer après 23ans ! et ma mère n’a pas à s’affoler car je ne la remplacerai jamais de la vie, c’est elle ma mère, et c’est elle que j’aime plus que tout !
- Je le lui ai dit ! mais elle est devenue hystérique et a commencé à pleurnicher et tout !
En entrant plus en détail, son père lui expliqua, que les deux sœurs se sont acharnées l’une contre l’autre, des cris enragés et des insultes échangées mutuellement, dans la salle, tandis que lui, il ne s’est pas interféré. Il ne voulait pas encore pousser la bagarre et empirer la situation encore plus.
D’un excès de colère, sa mère tirant sa sœur du bras violemment, lui demanda de partir, mais sa sœur, pour l’énerver encore davantage, refusa de bouger. C’est là, que sa mère, demanda à son époux de foutre leur invitée désagréable, à la porte. Ayant recours aux bonnes mœurs, plutôt que de suivre le courant des émotions, son papa refusa de la faire, et là, son épouse, décida de partir , en criant fort, qu’elle ne restera pas, un seul moment dans un endroit avec sa frangine.
Comme conséquence, elle décida de venir changer d’air chez sa fille chérie, qui n’était pas rentrée ce weekend, et qui lui manquait tant.
- Elle a pris le train vers quelle heure ?
- Je crois une demi-heure, ma puce !
En mordant sa lèvre, Ranime poursuivait.
- Elle serait là, d’ici une heure donc !
- Oui, à peu prés !
- Bon, alors, je termine cette séance et je rentre chez moi, pour l’attendre !
Puis elle souhaita, une belle fin de journée à son père, en lui rappelant de prendre ses médicaments pour se rétablir promptement et rebroussa chemin vers la salle de TD.
- Cava ? se demanda Rafiaa, soucieuse.
- Cava, cava ! ma mère va venir chez moi !
Une demi-heure plus tard, la séance s’acheva. Très vite, Ranime ramassa ses affaires, avec l’intention de quitter vite la faculté. Mais dès qu’elle s’approcha de la porte. Akram, se précipita vers elle, et lui adressa la parole.
- Ranime, une minute s’il te plait !
Comme elle était pressée, elle murmura, avec une certaine gêne dans la voix qu’elle ne put dissimuler.
- Oui, monsieur Bacha !
- Est-ce qu’on peut parler ?
- Oui, bien sûr !
- Je veux dire autour d’une tasse de café, dans la petite cafétéria de coté ?
En s’excusant, d’une voix confuse.
- Ah, non je ne peux pas maintenant, je suis pressée !
- S’il te plait, Ranime, ça ne prendra même pas une demi-heure ! et en proposant galamment, et si t’es pressée, je te ramènerai dans ma voiture, je quitte la faculté de toute manière !
Par gentillesse, elle accepta, et descendit avec lui à la cafétéria qui se trouvait à cinq pas de l’entrée de la Sup’com, et s’assit face à lui autour d’une table, à l’entrée puisqu’il pleuvait encore.
Il demanda deux cafés pour lui et son invitée, puis en frottant les mains, avec certaine frustration, tout en plongeant un regard passionnant dans le sien.
- Bon voilà, je me jette à l’eau ! tu me plais ! puis, en frottant son menton, tu me plais beaucoup !
Comme Ranime, ne disait rien, tout en évitant de le regarder droit aux yeux par timidité, il poursuivait, avec courage.
- T’es différente des filles que j’ai connu, t’es sage, bien polie, apparemment une fille de bonne famille, et t’es studieuse, et pas libertine comme la plupart des filles, une perle rare, voilà !
Et comme elle resta silencieuse, les yeux fixant le sol. Il tapota, d’un geste frustré, avec les doigts le bout de table en continuant.
- Je comprends que tu serais hésitante, sur tes gardes, vu que t’as certainement entendu que je suis un homme à femmes, mais je t’assure que c’est fini tout ça et que c’est du passé ! et d’un air sincère, j’ai 33ans, je ne suis plus un jeune ! et je désire une relation sérieuse avec toi, Ranime !
- Mais... parla Ranime, après un silence de dix minutes.
Le visage, envahi d’une angoisse passagère.
- Ne me dis pas que t’as un homme dans ta vie ?
Elle remua la tête pour dire non, et là sans la laisser parler, il monopolisa la parole comme d’habitude, d’une voix joyeuse.
- Cool donc, et en posant sa lourde main sur la sienne audacieusement, ne me réponds pas maintenant Ranime, prends ton temps, et réponds moi la prochaine fois !
Les joues tellement rouges comme des tomates, bien mûres.
- Ok ! puis elle poussa sa chaise, en s’excusant, bon, je dois m’en aller maintenant !
Il se leva à son tour, et disait.
- Je vais te ramener !
En souriant légèrement.
- Non, merci, j’habite à deux pas d’ici !
En frottant les mains, une manie qu’il avait lorsqu’il se frustrait.
- Comme tu veux Ranime ! puis en souriant, pourrai-je avoir ton numéro au moins ?
Elle s’arrêta un moment, en échangeant un long regard avec lui puis murmura.
- Oui, bien sur !
**********************************************************
À 10 km, presque de la Sup’com, Salma, arrêta sa voiture, au centre ville, et descendit en ouvrant la parapluie. Ghada, ouvra l’autre porte, et sortit vite, en disant.
- J’espère qu’il ne nous posa pas un lapin !
Salma, en toute confiance.
- Non, il était très sérieux quand il m’a appelé ! puis en ricanant, ça serait le cas s’il avait un rendez-vous avec toi !
Puis en se cachant sous le préau de la cafétéria où il a demandé à Salma de l’attendre.
- Il me manque tant !
Ghada, posant ses mains autour de sa taille.
- Dis moi tu parles sérieusement, là ?
- Oui ! je l’aime et il m’aime !
Ghada, laissa un petit rire moqueur gagner sa frimousse puis continua.
- Il est plus jeune que toi de deux ans !
- Et alors ? on aime pas une personne en se basant sur son âge ! puis en croisant les bras, je connais une amie de lycée, qui s’est mariée l’été dernier avec un mec plus jeune d’elle de quatre ans !
La bouche grande ouverte, Ghada, s’écria.
- Si tu cherches une relation sérieuse conduisant à un engagement, Kamel n’est pas la bonne personne !
Avec orgueil, Salma, disait.
- Avec moi, il le sera !
Puis elle traça un joli sourire, en apercevant Kamel, traversant la rue.
- Le voilà, mon prince charmant !
Beau et charmant, en tenue sportive, il s’approcha d’elles. Il faisait une bise à Salma, puis en échangeant un regard sacripant avec sa sœur.
- Pourquoi tu l’as ramené avec toi ?
Là, Ghada, en le tirant par l’oreille comme un petit garçon.
- Pour assurer sa sécurité !
Puis lui collant une bise sur la joue.
- Tu m’as manqué connard !
Il riait, en haussant la voix et répondit.
- Toi aussi, sœurette !
Puis, en parlant à Salma, d’un air sincère et qui a des remords.
- Je suis désolé pour tout le mal que je t’ai causé ! je sais que j’ai agi comme un vrai salaud !
- Ce n’est rien ! disait, Salma, ensorcelée par la beauté de ses yeux.
Il ouvra son sac à dos, et lui remit dans la main, quelques billets. Salma, étonnée se demanda.
- C’est pourquoi ?
- Je te rends tout l’argent que tu m’as prêté !
Salma, un peu fâchée, continua.
- Je t’ai dit que c’est rien, et que j’ai tout oublié, donc garde l’argent pour toi, t’en aura besoin certainement !
- Non, j’ai suffisamment d’argent pour moi ! et je tiens à te rembourser ! dit-il d’une voix ferme.
- Comme tu veux ! dit-elle, puis mit l’argent dans son sac à main.
Et là, Ghada, ayant des soupçons l’interpelle, sévèrement.
- Et d’où est ce que tu as eu l’argent ? t’es devenu dealeur n’est ce pas ?
Il regarda sa sœur un bref moment et répondit.
- J’ai arrêté avec la drogue définitivement ! et si tu as oublié, je te rappelle que je suis danseur professionnel, et qu’on m’a rémunéré il y a deux jours !
Ghada, ne pouvant croire son petit frère continua, avec une certaine méfiance.
- Et je peux savoir ce qui s’est passé pour que tu décides de tout arrêter du jour au lendemain ?
Une lueur de tristesse passa dans son regard, et il répondit.
- Mon meilleur ami, est mort d’une over dose !
- Je suis vraiment désolée d’entendre cela ! disait Salma, en caressant la main de son prince charmant.
Ghada, ne voulant manifester son émotion, continua.
- J’espère que ça te servira de leçon !
En souriant légèrement.
- T’inquiète, Ghada ! puis en ingurgitant sa salive, j’ai commencé même une formation de steward, à I.A.C, c’est à Charguia, si tu connais !
- Non, je connais pas ! murmura Ghada, en croisant les bras, mais c’est bien que tu commences à réfléchir sur ton futur !
Salma tint la main de Kamel, et amoureusement, continua.
- Cool, mon homme sera un steward ! et en plongeant son regard dans le sien, on pourra diner ensemble ce soir pour fêter la nouvelle !
Il retira sa main doucement, et en s’excusant.
- Non, je ne peux pas !
- C’est pas grave, on laisse ça pour demain, si tu veux ! insista-elle.
Mais là, il la regarda droit aux yeux et d’un ton ferme.
- Je t’ai dit non ! et après longue hésitation, j’ai quelqu’un dans ma vie !
Ghada, devenait pâle, craignant le pire. Et là, Salma, jalousement, le tapa, sur sa poitrine, en hurlant.
- Qu’est ce qu’elle a de plus, hein ? elle est plus belle que moi !
Il tint son bras, avec sa main, et sans réfléchir deux fois.
- C’est un homme !
Salma, retira sa main, recula un pas vers l’arrière, comme ébahie. Et puis traça un sourire en niant.
- Tu rigoles ! et en colère, tu sais que c’est une mauvaise blague !
En s’approchant d’elle, courageusement.
- C’est la vérité ! et en regardant Ghada, en souriant, elle te le confirmera si tu ne me crois pas, n’est ce pas sœurette !
Salma, avec une expression de dégout mélangée à ses propos homophobes.
- Je ne suis pas une conne ! et je sais que vous voulez m’avoir ! mais c’est vraiment une mauvaise manière de rigoler !
Comme Ghada, ne disait rien comme si elle devenait muette tout d’un coup. Salma, finissait par le croire. Et là, Kamel, la tint par la main.
- Je suis désolé je voulais pas…
D’un geste agressif, elle relâcha sa main et hurla.
- Laisse moi, sale pédale ! et les yeux brulant de colère et d’humiliation, vous allez me le payer, vous deux !
Puis, se dirigea vers sa voiture, en précipitant le pas d’énervement. Et quelques secondes, plus tard, sa 207 bleue, enfonça l’asphalte, et disparaissait si vite dans la circulation.

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