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Sans tabou: épisode5: Maison de retraite

Publié le 09 février 2010 par Bella_ragatsa
Sans tabou: épisode5: Maison de retraite
Comme tous les vendredi, Ranime, n’avait qu’une seule séance de cours, qui s’achevait à 14H30. Et c’était l’unique journée, où elle se baladait au centre ville avec son amie Rafiaa, pour se distraire un peu et casser le rythme infernal du travail de leur école.
Après avoir regardé un film égyptien à la salle de cinéma du 7EME ART, et en quittant le lieu, Rafiaa, n’arrêtait pas encore de parler du film comédien et de rappeler à sa copine des scènes qu’elle a adorées. Mais Ranime, par contre, ne semblait pas, très intéressée, à ce débat et mit terme, à l’enthousiasme de son amie en disant.
- Il est nul le film !
Rafiaa, s’arrêta un moment sur le trottoir et s’interrogeait.
- Si tu le trouvais nul alors pourquoi tu n’arrêtais pas de rire pendant une heure et demi ?
En levant la main, pour arrêter un taxi.
- Je n’ai ri qu’une fois ou deux, et c’est parce que le sujet était tellement banal !
On laissant, un petit sourire gagner ses lèvres, Rafiaa, murmura.
- Ok ! ok ! la prochaine fois choisis toi le film, et on verra s’il n’est pas aussi nul que le mien !
En ouvrant la porte arrière du taxi, Ranime disait.
- Tu sais que j’adore le cinéma tunisien !
Rafiaa, s’engouffra avec elle à l’intérieur et marmonna.
- Non, merci, moi quand je vais au ciné, c’est pour rire et non pas pour me casser la tête à déchiffrer le message philosophique que le réalisateur tunisien désire circuler !
Ranime, ria, et dit.
- C’est parce que t’es nulle aussi ! puis en adressant la parole au vieux chauffeur, au moustache blanche, au Palmarium s’il te plait !
Rafiaa, se mit à rire et répondit.
- Ben franchement, avec tout le stress que nous vivons au quotidien, je cherche le rire stupide avant le sujet constructif !
Puis en changeant de sujet.
- Alors, tu l’as appelé ?
- Qui ?
- Voyons monsieur Bacha ! et d’une voix émotive, j’adore cet homme, il tellement élégant, fin, et a une belle BMW !
Ranime, laissa un rire moqueur s’échapper puis répondit.
- Dis plutôt que c’est sa voiture qui te plait !
Le taxi s’arrêta devant le centre, et Rafiaa, en ouvrant son sac à main, pour chercher son portefeuille.
- T’es chanceuse, tu le sais ou pas ? puis en payant la course du chauffeur, moi à ta place, je m’investis dans cette relation !
En sortant de la voiture, Ranime continua d’un ton désintéressé.
- Ce n’est pas parce qu’il est enseignant et qu’il a une belle caisse, que je devrai être automatiquement séduite ? puis en attendant sa copine, il est trop vieux pour moi !
Rafiaa, sauta du taxi et en fermant la porte doucement.
- Vieux ? il a 30 ou grand max 32ans ! puis en tenant son amie par la main, c’est vrai, il n’est pas Josh Duhamel ou Ricky Martin, mais il a du charme, il est virile, costaud, quoi ?
Ranime, éclata de rire, et disait, en persiflant.
- Tu sembles sous le charme, et en lui faisant une œillade, si tu veux, je te file son numéro !
En lui jetant un regard de travers.
- Tu ne sais pas la chance que tu aies, ma biche ! c’est le fils du ministre de la santé ! et vit dans une luxueuse villa du quartier présidentiel du Carthage !
En pénétrant le portail principal du Palmarium, en ricanant.
- Et si tu fais une carrière d’inspecteur ?
- Tu fais chier !
Puis leur petite discussion entre filles, prit fin, lorsqu’un jeune homme, longiligne, à la peau très mate et portant des lunettes de vue, s’arrêta devant Ranime, le sourire large et la voix joyeuse.
- Ranime ? quelle surprise ? qu’est ce que tu fais ici ?
Promptement, elle dissimulait son sourire, et reprenait sa mine fâchée, tout en baissant les yeux.
- Salut Houssem !
Rafiaa, ne comprenant rien, garda le silence, tout en éclairant sa frimousse d’un sourire de politesse jusqu’à ce que son amie, lui présente l’homme, d’une voix à peine entendue comme si elle était honteuse.
- C’est mon frère cadet !
Un peu confuse, et ne voulant pas manifester son mécontentement devant le mec, elle bégaya.
- Je…je croyais que t’étais enfant unique ?
Sans lever la tête, elle murmura, agacée.
- Non, j’ai une autre famille !
Houssem, s’approcha encore d’elle d’un pas, et en la dévisageant d’un regard triste avec une certaine gêne dans la voix.
- Maintenant que t’es sur Tunis, je ne vois pas pourquoi tu ne passes pas de temps à autre à Hammamet, pour rendre visite à ma mère et mon père ? et en ingurgitant sa salive, tu sais que nous t’aimons tous, et que t’es la bienvenue toujours chez nous ? as-tu oublié que t’as ta propre chambre aussi ?
Une envie subite de s’esquiver la hanta, alors vite fait elle répondit, en le devançant et en tenant la main de son amie, fortement.
- Si Dieu le veux !
Il la rattrapa de son bras, et ajouta, d’une voix plus sérieuse.
- Arrête de t’en fuir de nous ! ne nous sommes pas des inconnus, mais ta vraie famille ! puis, avec une certaine amertume dans la voix, est ce que t’es au courant que maman a été opéré il y a deux jours ?
Ranime, relâcha, la main de son amie, se figea sur place tristement, sans dire le moindre mot jusqu’à ce que Houssem continua.
- C’était un kyste sous la peau, mais heureusement qu’il est bénin ! maintenant elle est à la maison ! et en posant sa grande main sur l’épaule de sa petite sœur, je suis certain qu’un coup de fil de ta part lui fera plaisir, mais si tu lui rend visite elle serait aux anges !
Elle sourit, légèrement et dit.
- Ok ! je l’appellerai ! puis en s’éloignant, bon, alors je te souhaite bonne journée !
- A toi aussi Ranime ! murmura-il en levant la main.
Une fois qu’il disparaissait dans la foule, Rafiaa, pressa le pas pour rejoindre sa copine, et en manifestant sa colère.
- Pourquoi tu ne m’as jamais dit que t’avais une autre famille ?
Elle s’arrêta devant la boutique sexy girls et répondit sur les nerfs.
- Et pourquoi devrai-je le faire ?
La réponse, de son amie, la décevait alors emportée par la colère, elle traça un sourire furieux et cria.
- Parce qu’on est sensé être amies !
En croisant les bras, Ranime murmura d’une voix morne.
- Je raconte pas tout à mes amies !
- Ok, je vois ! puis elle fit demi tour, avec l’intention de partir, mais Ranime la retenait de son bras, stupéfaite, mais qu’est ce que tu fais ?
- Je rentre chez moi ! cria-t-elle émue.
- Oh, arrête ! on ne va pas s’engueuler pour un truc pareil ?
Nader, qui était assis, au comptoir, vérifiant quelques factures, entendit l’ébauche de cette petite querelle devant sa boutique, alors il poussa sa chaise et s’approcha de la porte. En découvrant, les deux filles, qui discutaient, avec une montée de tension, il se rappela de Ranime, de son joli visage, et de son beau regard et les interrompit en souriant.
- Alors mademoiselle, t’es revenue acheter le pull de l’autre fois ?
Les deux filles se taisaient, et Nader reprenait.
- Entrez, j’ai une nouvelle collection de jeans qui vient d’arriver ce matin !
Cette fois-ci, elle prenait son temps pour découvrir son interlocuteur parce que l’autre fois elle fut tellement sur les nerfs qu’elle n’ait pris même pas la peine de le regarder en face, en l’examinant d’un regard inquisiteur, un long moment. Elle contemplait un homme démesurément grand, brun, qui avait des cheveux fins et courts, le teint légèrement mat, le front dégagé et des beaux yeux d’un vert pistache.
Comme elle ne trouva rien à dire, et en jetant un coup d’œil à l’intérieur de la boutique, elle murmurait d’une voix perturbée.
- Sabrine, n’est pas là ?
- C’est sa pause, elle est partie acheter un sandwich !
Tenté par la curiosité, il se demanda de sa voix grave.
- Vous êtes amies ?
- Non colocataires !
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A 21h, alors que Ghada, venait de s’asseoir sur le canapé pour regarder sa série préférée NCIS sur M6, la porte de son appartement cria. Énervée, elle sauta de sa place, et en se demandant.
- Mais qui a le culot de venir à cet heure là ?
En ouvrant la porte, elle rencontra le regard furibond de sa meilleure amie, et la colère, qui brulait ses yeux. Ghada, traça un sourire léger et tenta de parler mais Salma, lui coupa la parole en criant.
- Où est-il ?
- Pardon ?
Elle inonda son amie d’un regard colérique, puis en pénétrant l’appartement.
- Je parle de ton frangin !
- Ah d’accord ! disait Ghada, en fermant la porte derrière elle doucement, qu’est ce qu’il a fait encore ?
- Le salaud je vais le tuer ! et en palpant les mains de son amie avec des attouchements nerveux, est ce que tu sais qu’en 4jours, je lui ai prêté 150dinars, et pis encore, ce qu’il m’a fait, il y a une heure ?
- Le connard ! je t’avais conseillé de ne pas sortir avec lui ! disait Ghada, en collant le dos contre le mur.
- Je suis désolée de te l’avouer mais Kamel est une belle ordure mesquin et un arnaqueur !
Ghada ne disait rien pour défendre son frère, elle se taisait et suivit attentivement le récit de sa meilleure amie, honteuse et tellement dégoutée. Elle lui racontait, avec beaucoup d’émotions, que dès le second rancard, dans une cafétéria, à la Marsa, alors que c’est lui qui l’ait invité, elle payait l’addition, comme quoi il avait oublié son portefeuille dans son appartement.
Le jour suivant, il l’appela du cellulaire de son colocataire, d’ailleurs, il ne lui a jamais donné le sien, il utilisait toujours le GSM de son pote pour l’appeler, et selon elle, il parut triste et dans tous ses états, et demanda de la voir, pour une cause urgente. Emportée par sa passion, elle le rencontra le jour suivant, et il lui faisait tout un discours, sur sa misérable situation financière et sur l’odieux propriétaire qui le menaçait sans cesse de le mettre à la porte en cas où il ne payait pas le loyer des deux mois précédents et arrivait même à verser quelques larmes, pour l’émouvoir. Elle mordit l’hameçon, et sans réfléchir deux fois, elle ouvrait son sac à main, et lui donna 150dinars, tout ce qu’elle avait sur elle cet après midi là. Ghada ne faisait, que la suivre, en silence, posant les mains sur son front, puisqu’elle avait la tête qui tourne et le vertige depuis une bonne demi-heure mais elle s’efforça de rester debout et d’écouter la suite des évènements.
Deux jours plus tard, il l’appela et l’invita à diner avec elle dans un restaurent chic, à Gammart comme une façon de se montrer reconnaissant pour le geste noble qu’elle ait fait. Le long du trajet, il n’arrêtait pas de la rassurer qu’il avait de quoi la dorloter ce soir, que son meilleur pote, lui a prêté sa carte de crédit pour l’utiliser.
Mi- convaincue, elle ne fit aucune objection. Une fois, qu’ils aient diné, et passé une adorable soirée ensemble, le serveur posa l’addition sur la table. Comme un gentleman, Kamel se leva et disparait au fond du restaurent pour la payer. Après quelques minutes, il revenait bredouille, la face pâlie et l’expression de la honte l’englobant, et lui disait avec difficulté, comme s’il avait un poids de deux kilos pesant sur les lèvres, que la carte était bloquée.
En se montrant forte, elle traça un faux sourire, et ouvrit son sac à main et sortit la somme due 160dinars, et poussa sa chaise pour se lever, mais il l’arrêta, et lui expliquait qu’il est tellement honteux et que sa honte serait plus intensifiée si c’est elle qui allait la payer. Ne voulant pas l’humilier, elle céda à sa volonté, et resta assise, en attendant qu’il paye la facture et qu’ils quittent illico le restaurent.
Le temps passait, et Kamel ne revenait pas. Inquiète, elle se leva, de sa chaise et prit son sac à main. Un serveur, qui ne la perdait pas d’œil depuis un bon moment s’approcha d’elle, croyant qu’elle voulait peut être prendre la fuite, et lui demanda de payer l’addition. Surprise de la façon dégradante dont elle était prise, elle lui disait que son compagnon était parti pour la payer il y a un bon quart d’heure, mais le serveur, soutenu par un homme costumé, le propriétaire sans doute du restaurent, lui confirmaient, que Kamel, ne l’a pas fait et qu’il s’est esquivé, en la laissant seule.
Du choc, elle s’effondra sur une chaise, et comme elle n’avait plus d'argents sur elle ; appela son père pour qu’il vienne à son secours. Elle ajoutait à son amie, en pénétrant le petit salon, d’une voix amère qu’elle ne s’est jamais sentie aussi honteuse et minuscule, et qu’elle ne croyait pas qu’un jour un homme, qu’elle aimerait, pourrait avoir le culot de la mépriser et de lui causer la honte de sa vie, qu’elle comptait se venger et tout. Mais comme, Ghada, ne disait rien, elle fit un demi-tour sur place, et un cri d’effroi sauta de ses lèvres lorsqu’elle la voyait gisante, la face pâlie comme une morte et perdant connaissance dans le hall.

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