Magazine Côté Femmes

Me, myself & I

Par Lilicastille

 

Point besoin de devoir poser ses parties molles sur une chaire permanente au Collège de France pour affirmer, sans se faire jeter des œufs pourris, que Dieu est mort, Marx et les idéologies politiques en général ne remplissent plus les stades et n’intéressent plus que les professionnels de la profession ou d’irrémédiables utopistes qui me font dire que l’homme est Beau. Pire encore, l’éclatement des réseaux de proximité, de voisinage ou familiaux, bref l’atomisation de la population, nous fourrent forcément le doigt bien profond dans le nombril.

 

Le pire c’est qu’on aime ça se trifouiller le Soi. Pensez au formidable essor des réseaux sociaux, de véritables masturbateurs d’égo (FB, twitter, blogs), qui nous rendent tous accros à cet intarissable et pas toujours nécessaire ego-flux (une pensée émue pour @egoflux qui me sert ici de muse), cette sécrétion pas très nette de l’ultime valeur refuge de notre société de bouffeurs d’images : le MOI.

 

Même Freud peut aller se rhabiller avec les robes de sa mère : ça fait longtemps que Ca et Surmoi font la pyramide par tous les trous avec un Moi tout puissant et décomplexé, nourri par une morale où sexe, mensonge et vidéo portent autant de pathos culpabilisateur qu’un mauvais film de série B.

 

Bref, vous l’aurez compris, le Moi fait sa star. Yeah. Et le marketeur ,qui est encore plus intelligent que nous, il l’a compris et mis dans ses petits pots de yaourts depuis bien longtemps.

 

Contrairement ce que l’on croit, c’est Sloggi qui lançait la première édition du concours des plus belles fesses du Monde, suivi par American Apparel, qui s’est fait emboîter (le pas) par le concours de playmates pour Playboy (se faisant shooter par webcam interposée), imité par le concours de la plus belle bouche de la marque japonaise de produits pharmaceutiques Rohto. Même Danette s’y est mis en imaginant que consommateur puisse (avoir envie d’) apposer son image (sa belle gueule de Moi) sur son parfum de Danette préféré.


 Alors forcément, on se demandait quelle allait être la prochaine et nécessaire étape de la Révolution narcissique de l’individu sur la place du Marché. Après les fesses, la bouche, le visage… le trou du cul. Si


On n’arrête pas le progrès ! Une marque de parfumerie française et un fabriquant de lingerie outre-atlantique se sont mis de paire pour nous péter à la gueule une nouvelle innovation odorante qui paraît-il révolutionnera le monde de la séduction… Wait & smell.


Cette innovation à se péter le cul parterre est issue d’une recherche de 3 ans sur la Mustela putorius putorius (alias le putois), espèce reconnue pour son importante activité sexuelle. Cet animal  nocturne, silencieux et discret , avec une espérance de vie de seulement 5 ans en milieu naturel, remporterait le palmarès de 90 conquêtes féminines et 630 coïts ! La très sérieuse recherche de l’Institut X fait une importante découverte : si la nauséabonde sécrétion de ses glandes anales lui permet de faire fuir l’adversaire lorsqu’il se sent menacé, elle est aussi l’odorante et précieuse truffe qui séduit la femelle furet. Un peu comme l’ambre finalement. Sitôt dit, sitôt fait, il n’y avait plus qu’à transposer cette fumeuse théorie à l’homme.

Le résultat de cette étonnant recherche débouche donc (sans mauvais jeu de mots) sur un nouveau concept de parfum : Bottom.

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Bottom est le niveau le plus abouti du culte du moi et de la personnalisation du bien de consommation, puisqu’il  te permet de customiser à fond ton parfum.  A fond et bien profond.  Voici que je m’explique. Le « kit de parfum » Bottom est constitué de deux parties joliment déposées dans un coffret opaque transparent : un flacon d’eau de toilette plutôt classique (quoique fort réussi) et un coton-tige en microfibre.

 

Le principe est simple : tu sors le coton-tige de son délicat coffret et te le carres d’un geste alerte, bien profond dans l’anus. Là, tu sens bien que tu es à l’acmé de la plus pure satisfaction et signification que peut te fournir la société de consommation. Profite. Puis, en prenant bien soin de préserver  un maximum de la précieuse odeur  qui plait tant, paraît-il, au sexe opposé, d’où certainement l’expression « une fille qui sent le cul »,  tu ôtes le coton-tige et le plonges dans l’eau de toilette dont la formule tenue secrète permet d’en fixer et sublimer les capacités aphrodisiaques.

 

A ce qu’il paraît la version française serait différente. Le nom aussi serait différent, le marché français s’accommodant mal des sonorités anglo-saxonnes. Le parfum s’appellera O2Q.

 

1BOTTOM OK2

 

 

J’imagine le  slogan lors des proms de la St Valentin:
 "Offre spéciale 2 O2Q pour le prix d'1
... parce que même quand t’es dans la merde, t’as le droit de sentir le cul ! »

 

Ca vous en bouche pas un coin ?

 




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