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soup – opera(i) [2/6]

Publié le 17 mars 2010 par Collectifnrv
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Attends, sur les anglicismes, on a maintenant des « peoples », mais plus de vedettes.

- Et on se demandait où était passé le « peuple » !

- C’est encore plus fort avec les sigles. Ils disent : « vie – aille – pie » ! Very Important Person. Ça ne rigole pas. Ils avaient fait ça avec les « DJ’s », et les « M-C » – masters of ceremony.

- Ils ont fait « jet set », pour ne pas dire la classe aisée, l’aristocratie financière.

- Tiens, dans le domaine professionnel, c’est très fort ! Regarde, il n’y a plus de « marché du travail », mais ?

- Des « ressources humaines »…

- Oui, là, ça fait bien, parce que tu n’es plus considéré comme une marchandise remplaçable : tu es une ressource ! Comme une ressource naturelle ! Comme une matière première ! On exploite pareil – sinon mieux qu’avant – mais c’est mieux dit !

- Et il n’y a plus de « luttes de classes »…

- Eh non : « Jacques », il l’a bien dit : « En France, il-y-a-une-frac-ture-so-cia-le » !

- Il y a ça ; mais aussi, parce qu’il n’y a plus de « classes », mais des « couches » sociales…

- Et, surtout, pas de lutte possible : puisqu’il y a des « partenaires sociaux »…

- Eh hop ! Liquidés, les syndicats gauchistes ! Quoique, dans les faits, la question était réglée depuis un moment…

- Dans les métiers, tu n’as plus d’infirmières, ni d’infirmiers ; mais le personnel médical ; ou le personnel hospitalier c’est-à-dire qu’ils sont polis, et accueillants…

- Là, ça fait comme avec les « gens d’armes », qui sont devenus les « gendarmes »… Mais, au départ, c’est flippant, les « gens d’armes », puisque c’est des types, qui sont armés ! Là, les « gendarmes », c’est attaché, ça fait moins peur.

- Ah, ils ont fait fort, avec la police – mais là, ça ne vient pas de « peaux » et « lisses », hein ! Il n’y a plus de policiers, mais des « gardiens de la paix ».

- Ou des « agents de la force publique ».

- Ah, là, toi, l’individu lambda, tu ne peux plus rien faire ; puisqu’ils « gardent » la paix. Mais, laquelle ?

- Je crois que Coluche – encore lui – disait : « Au lieu de la garder, ils feraient mieux de nous la foutre ! »

- Les « CRS », ce sont les « forces de l’ordre »… mais, pareil : quel ordre ?!

- Celui du bourgeois, du commerçant. Du contribuable…

- Ouais… et du coup, il n’y a plus de « répression », puisqu’ils « maintiennent l’ordre »… Mais, lequel ?

- Celui du préfet.

- Dans le métro, il n’y a plus d’ « agents de sécurité » !

- Ah ?

- Non. Les vigiles, ils ont…

- D’abord, on ne dit pas « vigile », mais « agent de sécurité »…

- Euh, justement… ils ont sur le dos de leur blouson l’inscription : « sûreté ». Donc, ils n’assurent pas ta « sécurité », mais ils veillent à ce que ton trajet soit… « sûr » ! Il doit y avoir autant de vols et d’agressions qu’avant – ici, il ne faut jamais dire plus –, mais, comme c’est marqué sur le blouson… t’es rassuré !

- Tu as remarqué ? Il y a de moins en moins de vidéo-surveillance…

- Ah, enfin !!!

- Euh, non ! Ils sont en train de mettre en place des, euh, « dispositifs »… de vidéo-protection !

- Ah, j’me disais aussi… On ne nous surveille plus, alors – puisqu’on nous « protège », euh, par vidéo ! Oui, ils te regardent ; ou ils regardent ce qu’il se passe. Et dès qu’ils voient qu’il y a (eu) une agression, ils pourront dire : « Ça a été enregistré sur la vidéo : vous êtes protégés ! » Et, donc : inutile d’intervenir au moment de l’agression. C’est ça la protection à distance !!! Et les gens, ils avalent ces conneries…

- Bah, oui ! Plus une connerie est grosse, plus elle passe !

- Sinon, toujours dans le métro. Au moment des manifs…

- Pfff, tu dis « manifs », pour « manifestations ». Mais, « manifester » quoi ? sa joie ? sa présence ?

- Tiens, c’est vrai, je me fais avoir moi aussi ! Quand il y a une contestation populaire, massive, dans la rue, il y a les annonces dans les hauts-parleurs du métro : « Suite à un mouvement social… ». C’est très fort, là aussi. Il y a clairement des grèves à l’extérieur – enfin dans les usines et les bureaux –, donc, un arrêt durable d’activité ; et ils disent « mou-ve-ment-so-cial » !

- Eh, oui : le mouvement continue…

- Tiens, attends, je reviens sur les handicaps : il y a aussi les « personnes à mobilité réduite »…

- Celle-là, elle est forte ! Parce que « mobilité », on ne sait pas ce que c’est : la marche ? ou par véhicule ? Et « réduite », c’est par rapport à quoi, à qui ? Et si t’es petit, enfin, de « petite taille », par rapport à un grand ?

- Par rapport à la norme.

- Oui, mais, c’est quoi la norme ?

- Le plus grand nombre… comme toujours. La majorité.

- Ah, la fameuse « majorité silencieuse » ! Euh, personnellement, je ne l’ai jamais rencontrée ! Pfff, quel foutage de gueule ! Comme si une « majorité » était un ensemble cohérent, un seul corps… « Bruyant » ou non.

- Mais, non, c’est pas ça… La majorité, elle est silencieuse, parce qu’elle baigne dans la « pensée unique » !

- Ah, la la la ! Mettre de la « pensée », là où il n’y en a surtout pas : dans le bien-pensant ! Et « unique », comme on pourrait dire de quelqu’un qu’il est « unique en son genre », singulier…

- Eh oui ! C’est comme ça qu’on produit le « consensus mou » de la « pensée unique » qui baigne dans le « politiquement correct » !

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par Albin Didon


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