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Max | Boulevard des mouettes

Publié le 17 mars 2010 par Aragon

plage9.JPGBoulevard des mouettes, la mer ondule et gronde à Messanges. Temps radieux comme un sourire d'archange. La plage immense balaie sa part d'éternité disputée à la mer.

Falaise abrupte, errodée, sculpture de sable vivant qui ruisselle tout seul, sous un souffle de vent, à distance même, sous la vibration de mon pas. Vision large, embrumée dans le lointain vers Vieux -Boucau.

Incroyable aujourd'hui le souffle de la mer déchaînant sans cesser de puissantes, joyeuses, fracassantes, vagues qui finissent immanquablement en d'arcs-en-ciel embruns.

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Boulevard des mouettes. Multitude de traces sans pattes. Envolées depuis l'aube ces demoiselles blanches. La plage en ce coin où je suis est toute "empattée" des traces des criardes enfuies.

Un filet échoué achève sa vie salée et corrodée en enlaçant le vide d'un bois flotté duquel il est épris. Tous deux figés dans le sable jusqu'à la prochaine marée. Une tête de poupée espagnole ne retrouvera jamais son tronc, ses membres. Ses yeux fardés d'un peu de goudron tentent aveuglément de saisir mon propre regard. Appel au secours. En vain.

Une famille et un chien remontent vers le nord. Elle fait halte près d'un blockhaus à demi enfoui. Les deux enfants montent dessus en criant. Le chien se contente d'y pisser contre.

La plage est vieille et ridée par ici, l'arrondi moutonneux de la plage à cet endroit, semblable à une joue, accentue cette impression de vieille peau fripée de grand-mère. Ce piquet court, blanchi par le sel et le soleil, planté par des pêcheurs ou des enfants ressemble à un chicot. Le visage de la plage est ainsi presque tracé !


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Boulevard des mouettes. La mer étale sa toute puissance. Son arrogance douce. La mer est la mer depuis tant de temps. Depuis bien avant l'homme. Alors, elle sait tout d'elle-même et de sa plage. Elle sait les moments, elle sait les attentes. N'est jamais satisfaite, n'est jamais en colère. Elle sait simplement écrire ses profondes histoires et dérouler ses vagues.

Je pense aux vers de la chanson de Woody Guthrie "What did the deep sea say ? Tell me, what did the deep sea say ? It moaned and it groaned, and it splashed and it foamed and it rolled, on it's weary way... (Que dit la mer profonde ? Dites-moi, que dit la mer profonde ? Elle mugit et elle rugit, elle clapote et elle écume et elle roule dans sa course agitée...)

J'arrête l'écriture de mes mots. Mes pas, mon envie aussi, me commandent de marcher sur cette grève mouillée, entre sable et eau. Au fur et à mesure que j'avance la mer monte vers moi, m'invite. Je me surprends à lui répondre "Une autre fois peut-être..."

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Je vais retrouver ma voiture de l'autre côté de la dune du nord. Ce qui m'a toujours surpris avec les oiseaux de mer, c'est quand je les vois voler à la frange extrême de la mer, à sa lisière, à la verticale et  en parallèle de la plage.

J'ai toujours l'impression qu'ils sont sûrs de leur direction, comme s'ils allaient sans se tromper en un point précis, d'eux seuls connu. Régularité, constante et métronomique. Précison dans ces vols lents.

J'écris ceci arrêté en haut de la dune, avant de plonger vers le parking. Une bande d'oiseaux de mer remontaient eux aussi, comme ces gens plus tôt, vers la plage du nord. Je les ai longuement regardé, ils ont inspiré mes mots. Je voudrais rester.

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