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Quand Greenpeace fait de la pub pour Nestlé, le tiers-monde souffre

Publié le 18 mars 2010 par Enzodaviolo

Dans la série, méfions nous des écologistes extrémistes, le cas de cette publicité truquée par Greenpeace que vous avez peut-être déjà visionné et qui dénonce la déforestation préalable à l’exploitation de l’huile de palme, et en conséquence la disparition des gorilles dans les forêts indonésiennes, se retrouverait notamment dans une barre chocolatée produite par la multinationale Nestlé.

Comme un seul homme, tout le monde applaudit ces vilains exploiteurs des ressources essentielles de la planète qui sont prêts à tout pour engendrer des bénéfices au détriment de nos lointains cousins dont la disparition fait pleurer à juste titre dans les chaumières.

Quand Greenpeace fait de la pub pour Nestlé, le tiers-monde souffre

Sauf que c’est un peu plus compliqué que cela, surtout quand en réaction immédiate à cette campagne de pub initiée par Greenpeace, en bonne communicante rôdée à ce genre d’attaque, la firme Nestlé annonce vouloir arrêter ses approvisionnements auprès du premier producteur indonésien (1) qui lui fournit cette huile de palme. Voilà une annonce qui ne mange pas de pain et qui permet à Nestlé d’en sortir grandi à moindre frais, ce qui ne l’empêchera pas pour autant d’aller s’approvisionner ailleurs où les pratiques ne sont pas meilleures mais où les gorilles ne vivent pas !

Il faut savoir que l’huile de palme est produite en très grande majorité en Indonésie et Malaisie et donc cette production prend une part majeure dans le développement de ces pays du tiers monde. Greenpeace s’est-il posé la question de la perte du nombre d’emplois engendrés par sa publicité choc quand Nestlé décide de stopper ses approvisionnements ?

Ce genre d’action gentillette aux yeux de l’opinion, mériterait une réflexion certainement plus approfondie car leurs conséquences sont mal mesurées dans nos pays où l’on manque de si peu de choses (2) et où il est si facile de se poser en donneur de leçons aux relents de colonialisme.

N’y a-t-il pas moyens de dénoncer certaines exploitations aux conséquences environnementales néfastes sans les opposer directement et immédiatement à l’intérêt des populations autochtones et à leur conditions de vie ?

Ce type de comportement me rappelle les défenseurs des taxes érigées comme seuls moyens d’imposer des normes écologiques acceptables alors mêmes qu’elles pénalisent d'abord et essentiellement les plus démunis.

Plutôt que financer des fausses publicités, Greenpeace ne peut-il aider à la mise en place de cultures de substitutions non destructrices ou alors exercer des pressions sur les gouvernements des pays riches pour que l’aide au développement soit ciblées sur des exploitations qui ne pénalisent pas la biodiversité ?

Il est bien évident que le combat de fond n’est pas contestable, c’est la méthode et les conséquences immédiates du combat médiatique de Greenpeace qui lui le semble. Le combat de long terme sur la biodiversité de la planète est un combat essentiel s’il n’omet pas complètement la vie à court terme des populations autochtones, sauf à laisser croire que la vie d’un orang-outang aurait plus de valeur que celle d’un salarié indonésien….

(1)   évidemment la société Smart, producteur en question, n’aura pas de scrupules pour répercuter immédiatement sur ses employés les conséquences d’une telle décision, au nom de la rentabilité de l’entreprise, voir plus cynique, au nom de la sauvegarde des orangs-outangs…

(2)   ce qui ne veut malheureusement pas dire que chacun profite de tout, nous en sommes bien loin.


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