Miséricorde

L’Évangile de ce cinquième dimanche du Carême est l’épisode de la femme adultère (Jean 8, 1-11).
Ce texte est beaucoup plus qu'une anecdote de la vie de Jésus, il s'agit du sens même de sa mission.
Au début de la scène, Jésus est en position d'enseignant, "Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner", mais voici que par la question des scribes et des Pharisiens, il est placé en position de juge.
Cette scène de la femme adultère est la mise en pratique de la phrase que Jean rapporte au début de son Évangile, "D.ieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui" (Jean 3, 17).
La femme adultère a été prise en flagrant délit, il y a des témoins.

La Halakha (la Loi juive) condamne l'adultère, cela faisait partie des commandements de D.ieu révélés au Sinaï, "Tu ne commettras pas d'adultère" (Shemôt (Exode) 20, 14 et Debarim (Deutéronome) 5, 18).
Le Livre du Lévitique prévoit la peine capitale, "Quand un homme commet l'adultère avec la femme de son prochain, ils seront mis à mort, l'homme adultère aussi bien que la femme adultère" (Wayyiqra' (Lévitique) 20, 10).
Rappelons qu’à ce sujet, il fallait tellement d’éléments de preuves que cette mise à mort avait peu de chance d’être réellement appliquée.
Dans ce texte, les scribes et les Pharisiens oublient de dire que la Loi prévoyait la peine capitale pour l'homme aussi bien que pour la femme adultère.
Cela montre que la vraie question posée par les Pharisiens ne porte pas sur l'observance exacte de la Halakha mais que leur question est ailleurs, "Dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser".
Ceux qui l’interrogent se doutent bien que Jésus n'approuve pas la lapidation qui s’oppose à toute sa prédication sur la miséricorde, mais on veut le pousser à dire qu’il faut désobéir à la Halakha. C'est impensable pour lui qui est venu accomplir la Loi, au nom de D.ieu miséricordieux.
Dans le chapitre 5 de l'Évangile de Jean, Jésus avait donné au paralytique guéri l'ordre de porter son grabat, ce qui est un acte interdit le jour du shabbat.
Malgré le fait qu’on lui dit respectueusement "Maître… qu'en dis-tu?", Jésus est comme la femme adultère, en danger de mort.
Jésus ne répond pas tout de suite, "Jésus s'était baissé, et, du doigt, il traçait des traits sur le sol".
Ce silence est certainement destiné à laisser à chacun le soin de répondre. Il ne cherche pas à mettre ni les scribes, ni les Pharisiens, pas plus que la femme adultère dans l’embarras.
Quand Jésus se décide à répondre, il dit "Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre".
La Halakha ne disait pas que c'était le témoin de l'adultère qui devait lancer la première pierre, mais elle le disait pour l'idolâtrie (Debarim (Deutéronome) 13, 9-10 et 17, 7).
Jésus dit en fait que cette femme est coupable d'adultère mais qu’eux sont en train de commettre un adultère plus grave, c'est-à-dire une infidélité au D.ieu de l'Alliance. Jésus les accuse d’avoir fait de la loi, une idole.
Les Pharisiens et les scribes voulaient sincèrement plaire à D.ieu, alors Jésus leur dit "Ne vous trompez pas de D.ieu, soyez miséricordieux".
Sur cette réponse, ils s'en vont, "l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés".
Les personnes les plus âgées ont été plus confrontées à la tentation, et ont expérimentés la miséricorde de D.ieu, "D.ieu de tendresse et de pitié, lent à la colère et plein d'amour" (Shemôt (Exode) 34, 6), "Pitié pour moi, Seigneur, en ta bonté, dans ta grande miséricorde efface mon péché" (Tehilim (Psaume) 50).
Alors, Jésus et la femme restent seuls.
Jésus va lui dire la parole de Réconciliation.
Le prophète Yéchâya (Isaïe) parlant du véritable serviteur de Dieu l'avait annoncé, "Il ne brisera pas le roseau ployé, il n'éteindra pas la mèche qui s'étiole..." (Yéchâya (Isaïe) 42, 3).
Dans le pardon, il faut prendre conscience de son péché, "ne pèche plus", et se corriger.