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Hadouken! - Interview des enfants cachés de Prodigy

Par Kub3

« La maturité, ça voudrait dire nous poser et écrire des ballades
façon Coldplay… à choisir, on préfère rester ados ! »

Si Hadouken! s’écrit avec un point d’exclamation, c’est certes parce que le nom de groupe vient de la célèbre attaque spéciale de Street Fighter, mais c’est surtout parce que ses cinq membres ont de l’énergie à revendre. Que l’on aime ou non leur son dance-rock, les “fluo kids” repentis n’ont jusqu’ici pas manqué de retourner les foules britanniques. Ils le revendiquent d’ailleurs haut et fort, à travers un second album explicitement intitulé For The Masses.

Qu’importe pourtant si La Maroquinerie n’était pas comble ce jeudi, lors de leur passage à Paris. Il en fallait plus pour démonter nos trublions, et ce ne sont pas non plus quelques sautes de courant qui les auront empêché de provoquer une belle hystérie dans la fosse. On a beau en ce qui nous concerne avoir passé l’âge, une telle cure de jouvence était impossible à refuser.

C’est quelques heures auparavant, sur la coquette terrasse de La Maroquinerie, que KUB3 s’est posé pour boire les paroles du chanteur et leader du groupe, James Smith, ainsi que de son guitariste, Daniel Rice…

KUB3 : La première chose qui vient à l’esprit quand on écoute votre musique, c’est que ça sonne vraiment comme du Prodigy : qu’est-ce que vous pensez de cette comparaison récurrente ?

James : On les voit comme une influence, c’est clair, mais on ne pense pas leur ressembler tant que ça. On ne se considère pas du tout au même niveau qu’eux, c’est un des plus grands groupes au monde alors que nous sommes tout petit à côté !

Dan : Il y a évidemment une influence, mais nous n’avons pas le sentiment d’être une copie de Prodigy. On n’a en tout cas absolument pas honte de cela, chaque groupe fait sa propre musique et du fait que nous fassions du dance-rock cette influence est sans doute plus nette parce qu’il n’y a pas tant de groupes que ça dans ce genre. Si vous êtes un groupe indie, les gens vont vous dire “tiens ça ressemble aux Smiths, aux Clash, etc.” alors qu’en fait il y a plein de groupes dans le même genre. Pour nous c’est sans doute assez évident d’identifier nos “ancêtres” musicaux.

Quelles autres influences vous citeriez ?

James : Sur ce nouvel album, Underworld, les Chemical Brothers, ou Leftfield. Je pense qu’on leur ressemble tout autant musicalement, il y a pas mal de choses qu’on a faites et qui sont comparables.


On définit parfois votre musique comme du grime. Plus intuitivement, on pourrait dire que vous êtes un groupe de rock, avec un son techno/dance, un flow de hip-hop et des paroles quasi punk… en quelque sorte le crossover musical ultime ?

Dan : (rires) Dit comme ça, ça a l’air de quelque chose d’un peu contraint et forcé, mais on ne s’est pas mis autour d’une table pour se dire “allez, on prend ça, et ça, et ça…”. C’a heureusement été un processus beaucoup plus naturel. Si on essaye à tout prix de mélanger les genres, le résultat qu’on obtient n’a aucune de leurs qualités originales. J’espère qu’on a réussi à faire quelque chose d’un peu plus subtile et sophistiqué que ça, on est juste allés dans plusieurs directions parce qu’on est fans de musiques différentes.

Comment vous décririez votre évolution du premier au second album ? J’ai par exemple lu que James ne pouvait plus écouter le premier album, c’est vrai ?

James : En partie, oui. J’aime toujours les singles mais je trouve que tout y est un peu trop intense. D’une façon générale, je pense qu’on a en sans doute grandi, on a fait beaucoup plus de scène. L’album a une meilleure dynamique, et il est probablement mieux structuré. Il fonctionne mieux en live.

Quand on écoute vos paroles, on se dit que vous devez avoir une vie plutôt “rock’n'roll”…

James : En tournée elle peut l’être oui, mais sinon c’est pas vraiment le cas. Notre vie est celle de Londoniens normaux, enfin on exagère peut-être, mais on ne ment pas.

Vous n’êtes donc pas la “wasted youth” (littéralement, “jeunesse foutue”) dont vous parlez dans Get Smashed Gate Crash ?

Dan : Non, je pense que ce sont plutôt nos fans ! (rires)

Au fait, vous avez quel âge ?

James : 24.

Dan : 23.

Et vous ne vous dites jamais que vous n’avez peut-être plus l’âge de faire de la musique pour ados ?

Dan : Peut-être qu’on est immatures, que notre musique a un côté révoltée, mais à ce moment-là on peut dire la même chose de Prodigy et ces mecs ont quarante balais ! C’est surtout le genre qui veut ça, on pourrait dire pareil de plein de groupes punk-rock encore en activité passé un certain âge. La maturité pour nous, ça voudrait dire nous poser et écrire des ballades façon Coldplay, mais c’est pas vraiment ce à quoi on aspire pour le moment. Peut-être dans 20 ans. Si c’est un choix à faire entre ados et adultes, alors on préfère être ados !

D’où vient cette rage dans vos textes ?

James : A vrai dire, c’est surtout de l’agressivité positive qu’on essaye de canaliser pour en faire de la musique, au lieu par exemple de la transformer en violence physique.


Un concert réussi, c’est quoi pour vous ? Vous avez des publics préférés ?

James : Ça se lit sur le visage des gens, s’ils aiment ta musique c’est le plus important. On a beaucoup aimé jouer à Amsterdam, mais le Japon c’est pas mal non plus, l’Australie c’est vraiment fun, les Etats-Unis c’est cool, et la France ça peut être vraiment bien aussi…

En parlant du Japon, comment ils réagissent à votre nom ?

James : Il y est assez populaire, mais je ne crois pas qu’on le prononce très bien de toute façon ! (rires)

Dan : Je pense que c’est une porte d’entrée, quelque chose que les gens reconnaissent, et c’est vrai partout où nous sommes allés. Maintenant, pour que les gens connaissent vraiment le groupe, cela doit aussi s’appuyer sur notre musique et pas seulement sur un nom.

J’ai lu dans votre dernier tweet que avez joué hier au Havre devant 50 personnes. Qu’est-ce que ça fait, après une tournée britannique à guichet fermé ?

James : C’est un véritable défi pour nous. C’est vrai qu’on recommence un peu à zéro en France, parce que les gens ne nous connaissent pas. Ils ne savent pas qui nous sommes, mais on a à cœur de leur montrer !

Dan : On ne peut pas arriver dans un endroit où on n’a jamais joué et espérer que les places vont s’arracher, c’est normal.

Et vos premiers concerts, ça donnait quoi ?

James : C’était vraiment excitant, assez dément, chaotique et très punk…

Dan : Mais on a eu de la chance parce que grâce à internet les gens nous connaissaient avant même qu’on monte sur scène, alors dès nos premiers concerts on avait des fans qui connaissaient notre musique.

Comment votre chanson Tuning In s’est-elle retrouvée sur une compilation Kitsuné ? [Maison, Vol. 4]

James : C’est grâce à notre manager, Jean. Elle connaissait quelqu’un qui travaillait chez Kitsuné, qui s’appelle Jean aussi mais qui lui est un mec. Elle lui a fait écouter des trucs qu’il a vraiment aimé et qu’il voulait mettre sur une compilation Kitsuné. Ça nous a vraiment enthousiasmés parce qu’on est fans du label.

Comment vous expliquez que, malgré cela, on vous connaisse peu en France ?

Dan : Même si on est effectivement fans du label et que c’est génial d’avoir eu un morceau dessus, il faut reconnaître que ce qu’on fait est assez différent de ce que Kitsuné sort par ailleurs. Ça explique peut-être aussi pourquoi malgré cela nous ne sommes pas très connus en France. On n’a jamais vraiment rencontré d’autres groupes signés chez eux, on ne fait pas partie de cette scène. En fait on s’est toujours tenu relativement à l’écart.

Justement, vous considérez faire partie d’une “scène” ?

James : Non absolument pas, on aimerait bien mais il n’y a pas vraiment de scène à proprement parler autour de notre musique. En même temps c’est assez cool, ça nous différencie.

Dan : Oui, c’est comme ça qu’on sort du lot.

Vous êtes potes avec d’autres groupes ?

Dan : Il y a quelques personnes bien sûr, mais d’une façon générale on est plutôt restés entre nous au sein du groupe. Enfin on a quand même quelques bons copains, comme Does It Offend You, Yeah? avec qui on va tourner la semaine prochaine en Allemagne et dont on a toujours été proches, mais globalement on est plutôt solitaires. C’est un challenge mais on s’éclate bien aussi !

Et sinon en ce moment, vous écoutez quoi ?

James : On écoute de la dance américaine, comme le label Trouble & Bass ou AC Slater. De la dance écossaise aussi, par exemple Rustie ou Hudson Mohawke !

Propos recueillis par Arthur Nancel, le 18 mars 2010.

Remerciements : Hadouken!, Disc-Over

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