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Régionales : la réaction "technique" de Nicolas Sarkozy

Publié le 22 mars 2010 par Juan
Dans l'après midi, des journalistes belges annonçaient la gauche à 56%. Le score sera de 54%. Nicolas Sarkozy reconnaît la défaite mais prévient qu'il ne changera rien.
Le Monarque pouvait se satisfaire de la division de la gauche, sur l'île de la Réunion (850 000 habitants). Elle a permis la victoire de Didier Robert. Ce dernier n'a pas attendu 20 heures pour se proclamer vainqueur. Comme en Guyane (220 000 habitants). L'Alsace reste à droite.
En 2004, la gauche l'avait emporté avec 49,9% des suffrages, la droite au gouvernement n'avait recueilli que 36,8% et le Front National 12,4%. En 2010, la gauche et les écologistes réalisent 54%. La droite régresse. Et le FN, s'il fait moins de suffrages qu'en 2004, il sort ressuscité de ce scrutin, améliorant son score dans les 12 régions où il a pu se maintenir. Pourtant, les responsables de la majorité ont tout fait pour instrumentaliser les funestes thèmes de l'immigration et de l'insécurité. Cette fois-ci, cela n'aura servi à rien.
Vers 18 heures, Nicolas Sarkozy a réuni ses conseillers avec François Fillon, comme pour le premier tour. Ce dernier a ensuite organisé une autre réunion de travail, vers 19 heures. Il s'agissait de préparer les "éléments de langage" : reconnaître la défaite, accuser la crise, maintenir le cap sur les "réformes" car elles vont porter leurs fruits. Pas un mot sur le fond, le vrai, l'unique : les Français ne croient plus à l'(in)action sarkozyenne. La totalité des ministres et secrétaires d'Etat candidats ont été défaits. Sarkozy s'est pris une claque, personnelle et sévère. Valérie Pécresse parle "d'expérience humaine enrichissante".
La défaite nationale
Faudrait-il le rappeler ? L'UMP n'avait pas grand chose à perdre dans ses élections régionales: la jauge initiale était basse. En 2004, la gauche avait arraché 20 régions sur 22 en métropole. L'impopularité de Nicolas Sarkozy ne devait pas pénaliser trop durement la droite. Pourtant, elle joua à plein.
* Alsace : UMP à 46%
* Aquitaine: PS/EE 57%
* Auvergne: PS/EE 59%
* Basse-Normandie: PS/EE 57%
* Bourgogne: PS/EE 53%
* Bretagne: PS 50%
* Centre: PS/EE 50%
* Champagne-Ardenne : PS/EE 45%
* Corse: PS/EE 37% (face à trois listes)
* Franche-Comté: PS/EE: 47%
* Guadeloupe: PS 56% (dès le 1er tour)
* Guyane: UMP ?
* Haute-Normandie: PS/EE 55%
* Île-de-France: PS/EE 57%
* La Réunion: UMP 45%
* Languedoc-Roussillon: Frêche 53%
* Limousin: PS/EE 48%
* Lorraine: PS/EE 50%
* Martinique: autonomiste
* Midi-Pyrénées: PS/EE 68%
* Nord-Pas-de-Calais: PS/EE : 52%
* Pays de la Loire: PS/EE 57%
* Picardie: PS/EE 48%
* Poitou-Charentes: PS/EE 61%
* Provence-Alpes-Côte d'Azur: PS/EE 44%
* Rhône-Alpes: PS/EE 51%
Les éléments de langage, version second tour
Quelques minutes après 20 heures, Xavier Bertrand a la mine contrite, la bouche serrée, et reconnaît: "Objectivement ce soir, la gauche a remporté les élections régionales. (...) C'est une déception." Il répète l'expression. La leçon du premier tour aurait-elle été entendue ? Sur France 2, Jean-François Copé répète des termes similaires: "il faut se rappeler ce que nous ont dit les gens". Luc Chatel renchérit : "C'est une victoire de la gauche aux élections régionales". "Pourquoi le cap changerait-il aujourd'hui ?" Un peu plus tard, Fillon intervient et relaye le discours présidentiel : "Nous n'avons pas su convaincre (...).  Cela constitue une déception pour la majorité.  La crise mondiale ne nous a pas facilité la tâche. (...) Ce vote, nous devons l'analyser lucidement et nous devons le respecter." Fillon dénonce la crise mondiale et des enjeux régionaux non mobilisants. Pour l'avenir, rien ne changera. Fillon veut convaincre les électeurs que le pire serait de stopper les réformes sarkozyennes. "Le combat pour la croissance et pour l'emploi est notre priotiré absolue". Il promet : "en 2010, notre croissance sera positive." Il avance : "Ces élections ont montré que les Français étaient inquiets pour leur mode de vie", c'est-à-dire "un haut niveau de  développement et un haut niveau de protection sociale." "Les Français ont raison, notre mode de vie est menacé. Mais il n'est pas menacé par les réformes."
Il est 21 heures 10, TF1 termine son émission politique; les ténors se rejoignent sur France 2. Xavier Bertrand ressasse le message, les réformes doivent se poursuivre. Benoit Hamon et Cécile Duflot l'interpellent. Bertrand continue en nov-langue, sans répondre. "Arrêtez de lire de vos fiches." s'écrie Duflot. "Nous marchons sur deux jambes." lui rétorque le secrétaire général de l'UMP. France 2 rend à son tour l'antenne à 21h30. S'en suit un film, "Je préfère qu'on reste amis". Ironique ?
Au final, le message sarkozyen est limpide : on a peut être perdu des élections régionales, mais on ne change rien. Sur France2, Rama Yade reste lyrique à propos de son chef : "Nicolas Sarkozy, c'est une bête politique. (...) la France l'a choisi comme guide."
Le déni de réalité se poursuit.
Crédit illustration: Frederic Godec

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