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Dépendance et compensation

Publié le 22 novembre 2007 par Cherryplum

Où l'on reparle d'un thème qui nous est cher... (Déjà au moins deux articles sur le sujet: « Une semaine sans ? » de Cherry Plum et « Dépendances. » de moi... )

Bon, je reviens toujours aux mêmes questions, je sais... mais j'ai l'impression d'avoir un peu approfondi le sujet depuis la dernière fois, alors je vous livre mes dernières réflexions. Ce qui suit va peut-être vous paraître évident mais pour moi c'est un genre de révélation!

Voilà. Dans notre vie, nous avons tous des activités, manies, etc, qu'on pratique de façon plus ou moins compulsive. C'est à dire plus par habitude que par réel plaisir et plus pour fuir une angoisse que pour nous réaliser. Certains ne mangent qu'avec un réel plaisir alors que d'autres engloutissent pour remplir leur vide intérieur. Certains lisent pour se cultiver, d'autres pour ne pas se sentir exister. Certains font le ménage parce qu'il faut le faire, d'autres... vous voyez ce que je veux dire. Il s'agit, dans les deuxièmes cas, soit d'addictions et ou de troubles plus ou moins graves (toc etc), soit plus simplement de compensations. Ce n'est pas le type d'activité qui va définir si on est dans la compensation, c'est la façon dont on la pratique, l'état d'esprit dans lequel on est et ce à quoi ça nous sert.

Et la compensation... ça sert à compenser. Voilà ma révélation.(!!) C'est parce qu'on aura mangé sa tablette de chocolat avant de rentrer à la maison qu'on ne criera pas trop sur les mômes, c'est parce qu'on s'évadera en lisant des romans, qu'on pourra continuer à supporter l'insupportable de sa vie, c'est parce qu'on va se faire masser et qu'on va au sauna qu'on ne pète pas un câble au boulot... Le verre du vin du midi va rendre le début d'après-midi un peu moins glauque. Les cigarettes nous donnent une contenance lors d'interactions sociales où nous nous sentirions beaucoup plus mal à l'aise sans ce petit truc dans la main. Et les courses du samedi permettent de se sentir exister, d'occuper une partie du week-end (quoi faire d'autre avec des enfants!? Je blague, bien sûr.) et d'étaler son argent. Entre autre.

Donc, premier problème : compenser... nous permet de continuer cahin-caha, nous aide à vivre une vie qui n'est pas satisfaisante pour nous. Alors qu'il serait plus profitable de remédier à cet état de fait et d'enfin commencer à vivre la vie qui nous attend.

Le deuxième problème de ces compensations, c'est qu'elles tiennent de l'addiction. On ne peut pas s'en passer, et pour cause, on se casserait salement la figure vu que c'est ce qui nous fait tenir, d'une façon ou d'une autre...

Le troisième problème... c'est qu'elles sont socialement tellement acceptées, tellement normales, qu'on ne les considère pas comme des addictions ou des compensations. Quand j'explique que je lis tout le temps (cf dépendances) et que ça me pose un problème, les gens ne voient pas de quoi je parle. Moi je vois: ça me permet de ne pas penser, de ne pas éventuellement remettre en question... et puis, c'est tellement devenu une habitude qu'il n'y a parfois même plus vraiment de plaisir... Je ne dis pas que je voudrais arrêter de lire, j'aime vraiment ça, aussi, ce serait ridicule. Non, j'aimerais cesser de le faire par compensation. Le faire uniquement parce qu'un roman extraordinaire m'attend, ou un article passionnant qui va m'apporter quelque chose.

Que ces compensations paraissent si bénignes, si normales, fait qu'elles passent inaperçues. Or, impossible de remédier à un problème tant qu'on n'en a pas pris conscience. Et comme nous fonctionnons tous peu ou prou grâce à nos multiples béquilles...
La question donc, que je me pose en ce moment est la suivante: si on supprime (à condition d'y arriver, bien sûr... et là, je n'ai pas de recette) ses addictions, j'imagine qu'on doit passer par de très sales moments. Les dépendances ne sont pas là pour rien... Mais j'imagine aussi que si on n'a plus les béquilles qui nous permettent de supporter l'insupportable... alors on ne le supporte plus. Et du coup, on a peut-être une chance, si on ne sombre pas dans la dépression, ou peut-être si on y sombre et qu'on en sort - de vraiment réussir à changer pour une vie qui nous convienne. Une vie qui soit supportable telle quelle. (Les choses se passent aussi dans l'autre sens : lorsque l'on va de mieux en mieux et on se rend compte qu'on a de moins en moins besoin de compensations.) Donc, si on veut changer de vie, faut-il commencer par supprimer tout ce qui nous aide à supporter cette vie ? Peut-être.

De plus, le but de la vie est peut-être de sortir de la dépendance (à un produit, à autrui, etc) pour arriver à l'interdépendance... Mais c'est un autre débat.

Je ne sais pas si j'ai été très claire... vous saurez me dire sinon !

Crédit photo : Loveleah (Stock.xchng)


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