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« La petite enfance n’est pas un service comme un autre »

Publié le 22 mars 2010 par Tnlavie

« La petite enfance n’est pas un service comme un autre »

Un décret en préparation prévoit d’augmenter les capacités d’accueil des crèches, à encadrement constant.

« La petite enfance n’est pas un service comme un autre. L’enfant n’est pas une marchandise, dont on se servirait pour faire des bénéfices« . « Ni sardines ni à la consigne, les bébés doivent garder bonne mine, les crèches ne sont pas des usines  ! » scandent les syndicats et associations regroupés au sein du collectif « Pas de bébés à la consigne». Ils protestent contre un projet de décret qui vise à accroître les capacités d’accueil des crèches, à effectif d’encadrement constant. Les professionnels de la petite enfance se mobilisent  pour exiger un accueil de qualité pour les tout petits.

« Nous exigeons depuis un an du gouvernement qu’il retire ce décret. Mais plutôt que de dialoguer avec les professionnels de la petite enfance, le gouvernement préfère les mépriser »

Le texte controversé prévoit  :

- un taux d’accueil des établissements de plus 40 berceaux élevé à 120 %, au lieu de 110 % actuellement.

- une autorisation pour les établissements à n’employer que 40 % des personnels les plus qualifiés - puéricultrices, auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants -au lieu de 50 % aujourd’hui. Pour les 60 % restants, il suffira d’un CAP petite enfance ou d’un BEP carrières sanitaires et sociales, plus trois ans d’expérience.

- une augmentation du nombre d’enfants par adulte, jusqu’à douze (contre en moyenne 5 à 8 aujourd’hui se lon l’âge de l’enfant) au sein des « jardins d’éveil », ces nouvelles solutions d’accueil prévues pour les 2-3 ans, sans toutefois en préciser le niveau d’encadrement. 

 Autrement dit un établissement d’accueil poura augmenter ses capacités sans reculer les murs, avec moins de personnel qualifié et sans recruter.

Ce décret s’inscrit dans la démarche gouvernementale de créer 200.000 places d’accueil pour les jeunes enfants d’ici à 2012, moitié en établissements, moitié chez les assistantes maternelles, qui, là encore, peuvent désormais s’occuper de quatre enfants au lieu de trois auparavant. Le gouvernement s’est fixé pour objectif de « doubler d’ici la fin de l’année » 2010 le nombre d’entreprises qui s’engagent dans la création ou le financement de places de crèches .

« Ce qui donne le sentiment que l’exécutif, faute de moyens, mise davantage sur des mesures réglementaires pour accroître l’offre de garde que sur des créations massives de places. L’Etat se désengage du secteur de la petite enfance, il met en place des structures privilégiant une vision rentable, dans une logique lucrative, au détriment d’un accueil de qualité »

« Nous avons un métier très difficile. Nous devons être dans l’affect et en même temps être très professionnelles pour accompagner les enfants vers l’éveil et l’autonomie« , note une auxiliaire de puériculture dans une crèche du XIIe arrondissement de Paris. Pour une autre,  il ne sera plus question « d’individualiser et de personnaliser l’accueil des enfants ». Comme nombre de ses consœurs – et quelques confrères – elle craint que les « crèches ne répondent plus aux exigences des familles qui font confiance aux établissements en leur confiant leurs jeunes ou très jeunes enfants ».

Pis, pour certaines, leur travail ne consistera plus qu’à surveiller les enfants et les faire manger. Et ce au détriment de son accompagnement vers la vie en société, comme l’explique Isabelle, directrice d’une crèche dans les Hauts-de-Seine, qui ne souhaite pas dévoiler son nom.

Le décret devrait paraître d’ici deux à trois mois, une fois visé par le Conseil d’Etat. Le texte a été approuvé par la majorité des membres du conseil d’administration de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) le mois dernier, grâce à l’appui de la CFTC, des représentants du patronat, des associations familiales regroupées au sein de l’Unaf et à l’abstention de la CGC. « Etant donné les difficultés de recrutement dans le secteur de la petite enfance, on est obligés d’en passer par cet assouplissement si on veut répondre à la demande, estime Jean-Louis Deroussen, président CFTC de la CNAF. La sécurité et la santé des enfants ne sont pas remis en cause. »

Le PS a lancé une pétition appelant le gouvernement à refuser « la marchandisation de la petite enfance » et des services sociaux de crèches. Ils veulent que soit exclu le secteur de la petite enfance de la directive européenne des services de décembre 2006. Cette directive, dite Bolkestein, du nom de l’ancien Commissaire européen au marché intérieur, vise à libéraliser le marché européen des services et notamment le secteur de la petite enfance. Ce que conteste le collectif « Pas de bébés à la consigne ». Nous voulons que le secteur de la petite enfance soit protégé, comme doivent l’être la santé et l’éducation (NDLR : s’il savait….

;-)
)

Selon le cabinet de Nadine Morano, il n’est nullement question de retirer ce décret puisque le conseil d’administration de la Caisse nationale d’allocations familiales l’a validé le 2 février dernier.

Encore une fois, il semble que la vision comptable prévale sur la qualité, la vision à long terme ou les alertes d’un corps professionnel…



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