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Le Bien contre le Mal (et réciproquement)

Par Jb
medium_yin_yang.jpg C’était prévisible (inévitable ?) : après trois minutes où les médias se sont félicités du choix "clair" des Français au premier tour des présidentielles et de la "santé" démocratique retrouvée du pays (retour à la bipolarisation de la vie politique + éjection de l’extrême droite), que voit-on en réalité ?
D’un côté Sarkozy est présenté comme le grand méchant loup, une sorte de mini-Le Pen ou de mini-Bush, un ultralibéral obsédé par la sécurité et la censure qui risque de nous faire basculer dans un 1984 franchouillard. Les vidéos circulent plus que jamais sur Internet.
De l’autre Sarkozy en fait des caisses avec mai 68 (comme si, d’ailleurs, mai 68 ne faisait pas partie de sa chère "identité nationale"), avec le délitement des valeurs, avec la mort de l’autorité et la passion du laisser-faire, un peu comme si la gauche c’était l’anarchie pure et simple.
D’un côté Johnny, Dominique Farrugia, Véronique Genest, André Glusksmann.
De l’autre Cali, Jeanne Moreau, Lilian Thuram et beaucoup d’ "intellectuels".
Le point commun : chacun des deux camps accuse l’autre d’être le Mal absolu. Et, bien entendu, revendique pour lui-même le Bien et la Justice. Ah oui, chacun des deux camps fait également des promesses mirobolantes et promet le retour de l’Age d’Or s’il est élu.
Il fallait avoir la curiosité (la stupidité ?) de regarder le débat Montebourg-Dati hier soir pour comprendre ce que c’est que la fameuse notion de "débat contradictoire". En réalité le terme "débat" n’existe plus, ne subsiste que "contradictoire". L’objectif ? Montrer que l’autre est nul, qu’il ne comprend rien, que son bilan est pitoyable, qu’il fait planer sur l’avenir de la France un risque immense. Surtout, ne jamais s’accorder sur le moindre point. Ne jamais lâcher quoi que ce soit. Ne jamais écouter l’autre (sinon pour montrer au téléspectateur qu’il ne dit que des conneries).
Bref : alors que le soir du premier tour les discours de Sarkozy et Royal avaient de fortes ressemblances (la valeur travail, le respect, la solidarité, les protections, les handicapés…), alors que l’un comme l’autre mettent en avant leur "humilité" et leur volonté "d’écoute" et de "rassemblement", tout concourt au contraire à présenter les choses de façon grossière, caricaturale, manichéenne.
On nous promettait la confrontation de deux projets de société clairs, rien de tout cela n’a réellement lieu. Ce sont au contraire les amalgames, les invectives, les simplifications qui triomphent. Mais il paraît que c’est normal, c’est ça la démocratie.
Y a-t-il encore quelque chose à attendre du "grand débat" de demain soir pour celui qui n’est pas trop politiquement impliqué et qui ne se sent que citoyen ? Pas sûr, mis à part la petite phrase genre "vous n’avez pas le monopole du cœur" qui fera parler les journalistes.

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