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L’écrivain

Publié le 24 mars 2010 par Yiannis

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Il ne ressent plus rien…il n’écrit plus.

Voilà longtemps qu’il a fouillé de fond en comble ses catacombes : sablonneux limons où grouillent, sinueux les êtres du passé.

Sobre comme un enfant et clairvoyant parfois, il a dissocié de sa vie les anges des démons.

Mais voilà plus d’un an qu’il s’évertue à presser le citron des souvenirs, à croiser dans ses labyrinthes d’anciennes fiancées à tête de citrouille : pâles cendrillons et fées Carabosse.

Mais voilà plus d’un an qu’il s’évertue à cabosser l’amour qui jauni comme la ferraille…

Les êtres du passé qui peu à peu en lui grandissent le créaient bien différent de celui qu’il était.

Pendant des mois atteint d’une extase fiévreuse il a fait sortir de lui des métastases lumineuses. Il a combattu l’oublie et le repos, déterrant la hache de guerre, il a ressuscité les ombres les cadavres que le temps voulait enterrer et de sa mémoire s’est relevée toute une cohorte de mort-vivants. Tout occupé à son labeur, il a marché insomniaque parmi la foule des vivants. Mais il préférait ses fantômes, ses êtres complexes qu’il avait crée à ses contemporains diaphanes qui occupaient leurs heures désœuvrées à lancer sur leur destinée des chimères fanées.

Il n’a vu les femmes qu’en rêve. Lors de nuits d’ivresses tumultueuses. Elles grouillaient autour de lui pareil à des insectes, sans grâce ni féminité, brandissant sur leur sein leur virilité, se proclamant artiste, zozotant de vagues poèmes ou encore sonnant le marathon du corps.

Pendant un temps il a cherché dans l’innocence sa résurrection. Seules de chétives adolescentes par intermittence faisaient renaître le chantier saccagé de son enfance. Il aimait le parfum léger de leur peau nue comme une page blanches, leurs jambes encore douces, leur taille fine et en elle ce que les autres prenaient pour de la bêtise avait pour lui le charme d’un nouveau poème.

Courant à perdre haleine il a cru atteindre parfois celui qu’il poursuivait, mais son destin lui échappait trop souvent et consciemment il a voulu se détruire.

Il a bu ses sarcasmes, il a vomi ses propres désillusions et ces soirs là, il a croisé la mort d’un air hagard qui faisait devant lui de méprisables contorsions.

Il ne ressent plus rien et il attend pour se sauver de rencontrer les êtres qui pourront à nouveau… Et le détruire et le créer.


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