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La poésie défie le clergé saoudien

Publié le 24 mars 2010 par Copeau @Contrepoints

L'Autorité pour la Culture et l'Héritage d'Abu Dhabi organise depuis 2006 un concours de poésie traditionnelle en arabe, intitulé Un Million de Poètes, diffusé à la télévision et suivi en moyenne par plusieurs dizaines de millions de personnes. Cette année parmi les finalistes se trouve une saoudienne, Hissa Hillal, ce qui est en soi un petit évènement compte tenu du régime d'apartheid dans lequel vivent les femmes de la péninsule arabique. Sa performance s'est faite, bien entendue, vêtue du niqab. Mais c'est surtout le sujet de ses poèmes qui a fait le véritable effet d'une bombe : Hissa Hilal s'attaque ni plus ni moins au clergé wahhabite du Royaume d'Arabie Saoudite, et notamment aux innombrables fatwas épouvantables que celui-ci énonce, jour après jour, depuis des décennies. Hissa Hilal accuse ce clergé d'avoir pris en otage l'islam et la culture arabo-musulmane, et les accuse d'effrayer les fidèles avec leurs prêches et fatwas violents et haineux. Il est également étonnant que sur les six finalistes, un autre compétiteur présentera un poème sur le thème du terrorisme, et l'autre finaliste féminine, Jaza Al Baqmi, parlera de la condition de la femme.

Cet évènement, certes anecdotique, ne doit tout de même pas être minimisé tant la poésie traditionnelle arabe et populaire dans ces pays, devenant dont un puissant vecteur pour faire passer des idées. De plus, il s'inscrit dans ce qu'on pourrait espérer être une lame de fond dans les pays de la péninsule arabique, ou plusieurs évènements récents montrent que les voix s'élèvent pour réclamer la liberté, la fin de la main-mise de l'extrémisme wahhabite sur ces pays et sur les consciences. Par exemple une récente étude, approfondie, du système d'éducation nationale saoudien a révélé que non seulement il enseignait la haine contre les Chrétiens et les Juifs, mais qu'il semait « de la haine entre les Musulmans ». Prenant tout cela en compte, les dirigeants du royaume ont engagé une vague de réformes, lentes mais tangibles, qui continue aujourd'hui - une action menée par le roi lui-même.

Ce n'est pas la poésie qui va réveiller le monde arabe, mais elle y contribuera sûrement.

Sources :
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The Telegraph
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Times Online

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