Magazine Culture

Funérailles célestes; Xinran

Par Sylvielectures
Funérailles célestes; XinranC'est une histoire de femme extraordinaire, incroyable même, que nous donne à lire ici Xinran.
Pourtant, ce livre est un récit de vie, même s'il est joliment romancé.
L'auteur a recueilli ce témoignage hors du commun alors qu'elle travaillait à une émission de radio "Mots sur la brise nocturne" diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit.
Durant cette période la journaliste a collecté beaucoup de témoignages de femmes chinoises dont elle a fait deux livres : "Chinoises" et le titre qui nous intéresse ici.
La reporter radio a été mise sur la piste d'une femme étrange qu'elle est arrivée à rencontrer et qui a accepté de lui livrer son histoire.
L'auteur a mis 10 années pour retranscrire son épopée solitaire, son odyssée d'amour à travers les montagnes tibétaines.
Le résultat est émouvant et fort.
Le destin de Wen force l'admiration.
Jeune chinoise médecin et juste mariée, elle s'engage dans l'armée populaire qui manque de soignants pour rejoindre le Tibet.
Nous sommes en 1956 et la très jeune femme part à l'aventure avec une seule idée en tête : retrouver les traces de son époux qui s'est engagé quelques mois plus tôt dans la guerre et qui est porté disparu.
Le livre nous conte cette quête éperdue qui a duré 30 ans.
Wen a réussi à survivre dans un Tibet très hostile tant par les conditions politiques que par la rigueur du climat et de l'environnement.
La chance lui a fait rencontrer des êtres qui ont accepté de la recueillir, de la nourrir et de partager leur quotidien.
Petit à petit, cette femme a pris le rythme de vie et les coutumes des nomades tibétains qui l'ont adoptée.
Par ses yeux mais aussi son cœur, parfois très décontenancé, nous découvrons les coutumes et la culture d'un pays mystique et magnifique qui souffre cruellement.
Ce qui frappe, c'est l'autarcie dans laquelle l'héroïne a vécu dans les montagnes, toute dévouée qu'elle fut à ne les quitter que lorsqu'elle aurait retrouvé son époux.
Aventure, émotion et dépaysement sont au rendez-vous avec ce roman qui veut être aussi un beau témoignage sur l'histoire tragique des relations sino-tibétaines et les traces douloureuses qu'elle a laissé sur les êtres qui l'ont traversée.
"Wen craignait que la famille ne procède à des funérailles célestes. Zhuoma avait décrit comment, après la mort de son père, son corps avait été démembré et laissé en pâture aux vautours sur un autel de montagne. Face à la réaction horrifiée de Wen, elle avait répondu que ce rituel n'était qu'une des manifestations de l'harmonie entre le ciel et la terre, la nature et l'homme : il n'y avait rien de répugnant là-dedans. Mais, malgré ces explications de Zhuoma, wen ne pensait pas pouvoir regarder le corps de Ni offert aux vautours. en l'occurrence, elle fut épargnée : la famille emmena le cadavre au lac pour des funérailles aquatiques."p : 100
"Sans possibilité d'échapper à sa situation, Wen avait cessé d'y penser. Son corps et son esprit s'étaient adaptés au mode de vie tibétain; elle ne prêtait plus une si grande attention à ses besoins et ses désirs. Quand la famille priait, elle priait avec eux, tournant son propre moulin à prières. Elle ajoutait aux prières les paroles de Wang Liang : "Le seul fait de rester en vie est en soi une victoire."P : 101
" Jamais je n'avais rencontré quelqu'un qui eût perdu autant le contact avec le monde . J'avais du mal à imaginer ce genre de situation. En racontant son histoire, Wen avait été extrêmement vague sur les dates. La vie des nomades était faite de saisons, et non d'horloges et de calendriers. Il était par conséquent difficile de savoir avec exactitude combien de temps Wen était restée avec la famille de Gela...(...) Jusqu'à quel point ce mode de vie peut-il changer votre personne ? Qui devient-on? "p: 107
Présentation de l'auteur chez l'éditeur,
Un entretien sur eurasie.net,
Nicolas en parle sur Vaovan, emeraude aussi
Mimiche le recommande sur ActuaLitté.com, Fanyoun aussi, comme Ajia, Bellesahi, Allie, Sylvie, sourine, Dirlandaise
Hervé a beaucoup aimé, comme Ma vie en Martinique, Cathe, Cel, Malice, Kattell, re_pere, Céline Monthéard
C'est un coup de cœur pour Liyah
Ce titre a fait l'unanimité dans les groupes de discussion autour des livres à Plaisir, dans les Yvelines.
Un avis plus mitigé pour boreale, AliAnna

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvielectures 39 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines