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Le Jour le plus long

Publié le 08 mars 2010 par Sophiel

masculin.jpgEn ce jour si particulier, puis-je faire autrement que d’écrire sur LE sujet qui est l’essence même de ce blog ? Notons par ailleurs qu’en cette année 2010, il tombe un Lundi, autant de signes que je ne pouvais ignorer…

Et pourtant, j’ai décidé d’aller à contre-courant, de délaisser la Femme adulée aujourd’hui, peut-être oubliée demain pour dédier ce billet à celui qui se retrouvera en ce jour dans ses petits souliers et qui ne cessera de prier pour que ces 24 heures cessent enfin !


Mon bonhomme, je pense à toi qui, dès ce matin, sera réveillé au son de l’égalité. Ton café ne fumera pas dans la cuisine, ton épouse guillerette te grillera sous la douche te laissant le soin de préparer tes gremlins pour l’école ET de les y emmener !


Tu manqueras de temps pour changer ta chemise mouchetée de quelques doigts chocolatés, te rueras dans les transports en commun, en nage malgré l’air glacial. Là-encore, tu feras bien attention de ne pas user de ta force pour t’octroyer la dernière place assise du wagon afin d’y lire ton journal, mais tu la cèderas élégamment à cette jeune femme enceinte de 15 jours qui attend le moindre faux pas pour te tancer vertement.


Debout dans la rame, écrasé de toutes parts, tu goûteras peut-être à l’enchantement de te faire peloter par quelques mains anonymes dont les propriétaires aux faces candides te feront douter de ta santé mentale. Tu regretteras d’avoir enfilé ce pantalon ajusté moulant tes attributs, ce qui, reconnais-le, est bien un appel aux palpations…

Parvenu à destination avec quelques minutes de retard, tu iras déposer un café parfumé sur le bureau de ton assistante, laquelle ne te remerciera pas, jugeant, à raison, que ce n’est pas ce geste qui lui fera oublier ton refus de RTT pour cette journée où elle voulait aller manifester.

Il te faudra supporter le défilé de tes employées collaboratrices – attention aux qualificatifs je te prie ! – qui viendront réclamer équité salariale face à leurs collègues justifiant de moins d’ancienneté qu’elles. Tu auras envie de leur répondre qu’eux, ils n’ont pas de gosses qui tombent malades au moment des budgets ou de nounous qui les lâchent au pire moment ! Tu seras alors sauvé – crois-tu ! – par l’appel de la tienne qui te rappellera qu’elle ne pourra pas aller chercher tes gremlins pour cause de journée off gentiment accordée par ton épouse, laquelle te laisse le soin de régler le problème.

Accablé, tu iras annoncer à ton Chef de Service que tu ne pourras assister à la réunion budgétaire mensuelle pour raison domestique. Tu papillonneras un peu des yeux pour l’amadouer et soupireras de soulagement lorsqu’il te dira :

- Vous en faites pas mon vieux. La réunion est annulée. Mon fils vient de faire exploser l’arcade sourcilière par une camarade de classe. Ma femme, qui pourtant ne travaille pas, est aux abonnés absents, il faut que j’y aille… Drôle de journée, hein ?

Vous vous donnerez l’accolade, fiers de cette solidarité masculine qui vous unit soudain.

Tu perdras une plombe à supplier le Centre de Loisirs de te prendre tes gremlins jusqu’à 18 heures. Tu arriveras à l’arrache, récupéreras ta descendance surexcitée, découvriras avec horreur que les devoirs ne sont pas faits et que tu n’y entends pas plus qu’eux au plus-que-parfait dont le contrôle est justement prévu demain !

Tu n’auras pas encore eu le temps de prendre ton apéro devant « Le Grand Journal » que tes gremlins hurleront famine. Tu découvriras alors le SMS de ta femme t’avertissant qu’elle ne rentrera pas dîner, faisant monter d’un cran ta mauvaise humeur.

Tu ouvriras une boîte de cassoulet accompagné de pain dur et de Danettes périmées en faisant taire les jérémiades par un :

- J’ai pas eu le temps de faire les courses !

Une fois le calme revenu, tu t’affaleras dans le canapé en pensant que tu n’as pas la force de t’épiler. Tu rejoindras ta couche, t’endormiras dos à ton épouse toujours absente, laquelle te réveillera en pleine nuit par quelques caresses avinées auxquelles tu répondras :

- Vire ! J’suis naze !

Pourtant, tu lèveras une paupière, t’apercevras avec délectation qu’il est 0h30. Tu embrasseras ta douce, non pas parce que tu l’aimes, mais parce que cette foutue journée est enfin terminée et que demain, la terre recommencera à tourner dans le bon sens.

Ton calme enfin retrouvé, tu songeras que l’on pourra parler de parité le jour où l’on célèbrera « La journée de l’Homme », ce qui, crois-moi, n’est pas demain la veille !



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