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Dimanche soir

Par Anaïs Valente
J’ai jamais aimé les dimanches soir.  Il règne comme une ambiance douce-amère.  La fin d’une journée de repos.  La fin d’un week-end très chouette. Et en même temps une bouffée d’envie que cela continue.  En d’autres termes : pas envie d’aller bosser demain.
Cette sensation remonte à mon adolescence.  Période où je haïssais les dimanches soir.  Où plus la journée avançait, plus j’angoissais.
Parce que le lendemain, à la première heure, j’avais piscine.
En général, les ados adorent avoir piscine.  C’est mieux que math, histoire ou anglais.  Mais moi j’aurais volontiers troqué mon heure hebdomadaire contre une journée entière d’autres cours.
L’horreur commençait dans les vestiaires.  Y’a un âge où les filles n’aiment plus se déshabiller dans un vestiaire commun.  Ça compare la poussée des seins, ça scrute la cellulite naissante, ça vérifie le modèle du maillot, ça chicane, ça cancane.
L’horreur continuait de plus belle une fois près du bassin de natation, comme on l’appelait.  Parce que j’ai jamais su plonger.  J’ai jamais su sauter.  J’ai jamais osé aller dans la grande profondeur.  J’ai jamais su mettre ma tête sous l’eau.  J’ai jamais su nager en fin de compte.  A peine capable d’esquisser une brasse caillou.
Alors les profs désespéraient de m’apprendre quoi que ce soit, à moi, petite chose maigre et tremblotante que j’étais.  Je me réfugiais dans la petite profondeur, en compagnie d’une autre petite chose maigre et tremblotante qui partageait mon supplice, et ensemble nous subissions cinquante minutes à grelotter en espérant que la prof nous oublie définitivement dans notre coin de piscine.
Et chaque semaine, c’était rebelote.  Jusqu’à ce qu’un maître-nageur, dans un moment d’exaspération intense, décide de tenter le tout pour le tout : me jeter au centre de la piscine pour créer un réflexe de nage.  Raté ! J’ai juste coulé et il a dû aller me récupérer, à la limite de la crise d’hystérie, avec une longue perche faite pour sauver les petites choses tremblotantes jetées violemment dans les vilaines piscines.  
La brasse caillou, je vous le disais.
C’est ce même maître-nageur qui, plus tard, me donnera quelques leçons bien utiles et me fera réussir mon brevet de 25 mètres.
Chuis fière.
Encore de nos jours, je n’aime pas trop les grandes profondeurs, je ne sais pas plonger, j’ai sauté une seule fois (et j’ai eu une crampe monumentale, donc je ne réitérerai pas l’expérience), et ma tête sous l’eau, c’est ok mais uniquement avec un masque.
On ne se refait pas !


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