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Venise ** à ***

Par Essel
  gondole0 Venise ne se visite pas, elle se contemple, elle se vit. A pied ou sur l'eau, elle se laisse admirer, résistant aux assauts d'acqua alta et de touristes.
Bien entendu, on peut visiter ses innombrables musées,  souvent d'ailleurs installés dans de splendides palais, ses églises et basiliques, mais mieux vaut se perdre dans ses dédales le nez en l'air et s'éloigner dans ses quartiers moins touristiques que d'aller s'enfermer pour y contempler ses magnifiques tableaux et témoignages de son passé.
Venise, c'est absolument :
- préférer l'avion et rejoindre la piazzeta par bateau, sans passer (superstition vénitienne) entre les deux colonnes du XIIe s., provenant de Constantinople et surmontées, l'une du lion ailé de Saint-Marc, l'autre de Saint-Théodore, premier patron de Venise.
vuecampanile - monter en haut du
Campanile qui offre une vision « panoramique » de la ville du haut de cette haute tour de 98 mètres qui faisait office à la fois de phare et de clocher, et qui, s'étant effondrée, a été reconstruite (accès à 6 euros en 2004) .
- la Place Saint Marc **, le « coeur » de la cité que Napoléon appelait « le plus beau salon du monde » et qui fut tour à tour le siège des fêtes religieuses, des jeux et des évènements politiques de la république de Venise. Vue extérieure de la Basilique Saint Marc, du Palais des Doges, de la Torre dell'orolegio, du Campanile. Les pigeons ont déserté la place Saint-Marc, eux qui faisaient la joie des touristes, des venderus de graines et des microbes. Terminée la fiente de pigeon sur les monuments.
DSC03909- le Palais des Doges ** :
Grandiose, il fut le lieu de résidence du Doge mais aussi le siège du gouvernement, de la justice et de la police. Ce palais du plus pur style gothique, non meublé, mais aux vastes salles d'apparat richement décorées aux plafonds et aux murs,  avec de belles cheminées issues du maniérisme et des vitraux sphériques. Dans ce palais où tout le monde devait être invité, mais où l'on permettait aux gens fâchés de ne point se  croiser, on mulipliait les endroits d'où l'on pouvait apercevoir les allées et venues des autres. On accède ensuite aux prisons où Marco Polo et Casanova furent enfermés.  Fin de la visite avec le célèbre Pont des soupirs appelé ainsi non par romantisme mais à cause des gémissements des condamnés à mort qui empruntaient ce fameux pont aprés avoir appris la sentence.
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- les maisons vénitiennes dont on peut remarquer les cheminées apparentes, les rivets destinés à fixer les poutres à l'intérieur, les premiers étages d'apparat, les alignements verticaux des fenêtres et les terrasses perchées sur leur toit.

- le Pont de l'Academia (tout récent, datant de 1930) offre l'une des pus belles vues sur le Grand Canal et où les plus grands aquarellistes vénitiens comme Canaletto et Guardi ont peint leurs plus belles oeuvres.

- les quais du  Zattere, le long du canal de la Giudecca,  où les vénitiens VIVENT, viennent faire leur jogging, bronzer, pique-niquer, boire un Spritz ou manger des glaces.  C'est devenu davantage le quartier,  avec le Dorsuduro qui le jouxte, des Beaux-Arts (peinture vénitienne du XIVe au XVIIIe s. à la Galerie dell'Accademia, cubisme, dadaïsme, surréalisme,... à la fondation Guggenheim,  nouvelle collection privée d'art contemporain, qui fait polémique)  et des antiquaires, plus que celui des entrepôts à sel et de régates. cadeoro

- la vue extérieure de la Chiesa di Santa Maria della Salute (façade du 16e siècle),
- la façade de la Ca d'oro,
le plus beau palais de style gothique vénitien (1440), qui doit son nom (maison d'or) aux feuilles d'or qui couvraient jadis sa façade, avec sa dentelle de pierre et ses loggias superposées, afin d'éblouir les passants du grand Canal, dans lequel elle se reflétait. Un spectacle particulièrement réussi au couché du soleil.

- Le Grand Canal illuminé, à bord du vaporetto ligne 1, en passant sous le Rialto : attention : Venise n'est en aucun cas DSC04050une ville nocturne. Elle se vide de ses âmes la nuit, comme fantomatique.
- un petit tour en gondole si les clichés ne vous effraient pas. Il vous en coûtera 80 euros pour un circuit proche du quartier Saint-Marc.

- Burano, principalement connue pour ses dentelles, cette petite île de pêcheurs offre avec ses façades colorées un spectacle populaire et plein de vie.

Marché aux poissons le matin, promenade dans les rues et visite de l'Eglise San Martino proche de l'une des meilleures Pasticceria (pâtisserie) de Burano ainsi que du Musée dei Merletto (de la dentelle).

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Venise, c'est justement aussi un artisanat d'art

- vous irez visiter dans le Dorsoduro 3172, l'atelier de masques vénitiens Ca'macana, qui a conçu ceux du film de Kubrick, Eyes Wide Shut.

Venise, c'est aussi pour ceux qui veulent connaître son histoire :

- le Musée Correr *, dédié à l'histoire de Venise, au sein de l'aile Napoléon de la place Saint-Marc, achevée dans la moitié du 19e siècle, sous la domination autrichienne. Il nous transporte, au travers de ses tableaux notamment, dans l'histoire politique de Venise, celle de la navigation vénitienne et au sein de la vie quotidienne vénitienne. Partout bien sûr on retrouve le lion ailé, symbole de Venise. On remarquera sur les plans de l'époque que le Rialto était bien le seul pont enjambant le Grand Canal, et que Venise était composée de petites îles rattachées entre elles.
- le quartier juif, délimité jadis par deux grilles, dont il ne reste plus que des gonds. A l'époque, c'était autant pour rassembler une communauté reconnue pour ses compétences endans le commerce et la banque, pouvant opérer des prêts, que pour se protéger. Sur la grande place, des policiers veillent. L'entrée des mosquées est payante. Les immeubles sont les seuls de Venise à comprendre autant d'étages.

- dans les environs la maison de Tintoret, dans le Canareggio.

- à proximité, remarquez les trois statues de Maures, mamelouks turcs.
- en allant à Murano ou à Burano vous apercevrez l'île Saint-Michel, île des morts depuis 1870, sur décision de Napoléon en 1807.

Venise, c'est aussi pour les amoureux de l'art :

- dans la continuité du musée Correr, et avec le même billet, on trouvera la Biblioteca nazionale Marciana, qui fut la plus importante bibliothèque de Venise et l'une des plus grandes d'Italie. Elle contient l'une des plus riches collections de manuscrits du monde. On ne voit pas un seul livre hélas au cours de son exploration : il ne reste plus qu'à admirer cette superbe pièce de style Renaissance, conçue par Sansevino, ses fresques et décorations.


basilique
-
L'intérieur de la Basilique Saint Marc *  : Edifiée au XI° siècle pour abriter le corps de Saint Marc que deux riches marchands vénitiens réussirent à subtiliser a Alexandrie. De style Byzantin, elle prend la forme d'une croix grecque et l'intérieur est entièrement revêtu de mosaïques inspirées elles aussi de byzance. En tout 4000m2 d'or et de verre mélangés, à la vénitienne au marbre avant de découvrir le « trésor » de la Basilique. La visite du rez-de-chaussée est gratuite, l'entrée à l'étage pour contempler la place est en revanche payante.

 Traversez le canal en traghetto (gondole collective où l'on se tient debout)  devant le palazzo Gritti pour rejoindre le quartier de Dorsoduro (0,50 euro la traversée).

 - L'église baroque Santa Maria della Salute, dont l'extérieur attire plus l'oeil que son intérieur

-  la Casa Goldoni, maison natale de Goldoni, grand auteur de la commedia dell'arte et de comédies, souvent comparé à Molière. Depuis 1953 elle est devenue le siège de l'Institut d'études théâtrales. On y visite son rez-de-chaussée orné d'un puits et d'un escalier en pierre d'Istrie, deux salles à l'étage autour d'une pièce projetant une vidéo : l'une exposant un très joli théâtre de marionnettes d'époque, l'autre des objets et tableaux évoquant les scènes ayant inspiré les comédies de la commedia dell'arte. 

vue
- la Ca'rezzonico *, l'un des plus beaux palais vénitiens qui nous plonge dans la Venise artistique et culturelle du XVIII° siècle. On y remarquera la salle de bal au sol fragile. Elle n'est presque plus meublée d'époque, et les tableaux y ont été ajoutés. Visite de 20 minutes à 3h30 selon l'intérêt pour les tableaux.

- la Ca d'Oro, le plus beau palais vénitien et son jardin, alors en cours de rénovation. Actuellement, une fois encore, sa façade que l'on peut admirer du grand Canal contentera la plupart, l'intérieur ayant été réhabilité pour abriter la Galleria Franchetti, collection de peinture et d'objets d'art du XVe au XVIIe s.

A manger et à boire !

marché du Rialto
A l'apéro : vous verrez tous les Vénitiens boire vers 18h un Spritz (2,50 euros) ou un Bellini, Prosecco (vin blanc pétillant) au jus de pêche.

Déjeûner ou dîner : adresse à retrouver sur la rue qui part de la gare et avant le premier pont à enjamber (l'un des rares menus touristiques à 13,50 euros qui propose une véritable cuisine vénitienne, avec un rapport qualité - prix correct). Exemple : premier plat = risotto aux crevettes, second plat = morue, sardines ou foies de veau avec polenta et crudités.

Dîner : Souvenir impérissable de deux dîners fameux, d'inspiration à la fois vénitienne et française (dont un risotto à la seiche et à la feuille d'or, un soufflé au chocolat accompagné d'un Maury) en  juillet 2004  du restaurant la Rivista, Dorsoduro 979/a, qui ne se dit pas gastronomique mais qui propose des mets et vins à la hauteur d'une adresse de luxe. Bien sûr les prix sont à la hauteur de ce plaisir gustatif. 

Le soir : prendre un verre au café Florian (1720), place Saint-Marc, sur les traces des écrivains, des peintres et des plus grandes célébrités, si vous vous accordez ce luxe. Attention quand l'orchestre se met à jouer, c'est plus romantique, mais cela rallonge aussi considérablement il conto !

Où faire de beaux rêves

si votre bourse le permet, ne perdez pas votre temps à des allers-retours : logez dans Venise-même.

Pour un voyage de noces, vous pouvez choisir le Palazzo Priuli, véritable palais près de la place Saint-Marc. Veillez cependant à ne pas prendre une chambre avec terrasse car on vous dirigera hors du palais.

Vos achats

- Les Marchés du Rialto et son célèbre Pont (construit de 1588 à 1592) : Centre financier et plaque tournante du commerce à Venise, le quartier du Rialto fut durant des siècles un gigantesque souk à ciel ouvert où l'on trouvait épices, soieries, pierres précieuses, café. Il demeure l'endroit le plus animé de Venise. La Pescheria, magnifique halle, constitue l'un des plus beaux marchés aux poissons d'Italie et autour les étals regorgent de fruits et légumes de la région.

- Le verre de Murano : Mesdames, ne partez pas sans un pendentif en verre de Murano (estampillé au verso). Suivant sa fabrication par la communauté chinoise qui envahit le marché ou sa fabrication à la main, vous paierez de 2 euros à plus d'une centaine d'euros. Une boutique à l'accueil très aimable, avec des produits d'un bon rapport qualité-prix : Altre il Vetro, calle del Capellier, S. Polo 1593.

                                     

Séjours en juillet 2004 et mars 2010

Documentaires et guides sur Venise lus :
SIMONIS, Daniel. Venise : le guide. LONELY PLANET, 05/2008. 292 p.. ISBN 978-2-84070-751-6.
Sollers, Philippe. Dictionnaire amoureux de Venise. PLON, 483 p.. ISBN 2-259-19719-1. Résumé : D'Accademia à Zattere, Philippe Sollers évoque Venise à travers sa passion et son expérience personnelle de la ville qu'il parcourt chaque année depuis sa jeunesse. Il insiste sur le côté sensuel et envoûtant de cette ville en perpétuelle mutation qui a su marier ses attraits culturels et naturels.
BEC, Christian. Histoire de Venise. PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE, 2002. 125 p. ; cartes, couv. ill. ; 18 cm. Que sais-je ?. Bibliogr. p. 125. ISBN 2-13-052836-8, ISSN 0768-0066. Résumé : Parmi toutes les cités du monde, Venise peut se vanter avec raison d'avoir la plus extraordinaire des biographies. Aujourd'hui, ce chef-d'oeuvre architectural est confronté aux menaces de la submersion, de la pollution et d'une forte chute démographique. Où se situe l'avenir de cette ville exceptionnelle ?

Fictions inspirées de Venise lus :
Ecrivains anglosaxons:
SHAKESPEARE, William. Le marchand de Venise. Comme il vous plaira. Beaucoup de bruit pour rien. Dans : Le marchand de Venise, 308 p. Montrouge cedex : GARNIER-FLAMMARION, 1964.
Ernest HEMINGWAY
Ecrivain allemand :
MANN, Thomas. La mort à Venise suivi de Tristan. FAYARD, 1971. 189 p. LIVRE DE POCHE. ISBN 2-253-00645-9 Résumé : Un vieil homme tombe amoureux d'un jeune garçon ... Récit d'une passion folle et fatale qui saisit un écrivain d'âge mûr à l'apparition d'un gracieux adolescent d'une extraordinaire beauté. Dans "Tristan", le dilemme qui s'offre à l'héroïne est de tenter de vivre en étouffant ses dons d'artiste ou "mourir de musique".
Ecrivains français :
BEAUSSANT, Philippe. Le rendez-vous de Venise *. Grasset, 2003. 196 p.. ISBN 2-213-60993-4. Descripteurs : Venise : Italie / Florence : Italie / amour / peinture / Rome : Italie.

BESSON, Philippe. Un garçon d'Italie.
POCKET, 2009. 221 p.. ISBN 978-2-266-13606-8. 

CASANOVA, Jacques (de Seingalt). Histoire de ma vie.
PARIS : GALLIMARD, 2008. 375 p. FOLIO CLASSIQUE. ISBN 978-2-07-037760-2    

Sollers, Philippe. La Fête à Venise.
PARIS : GALLIMARD, 11/2008. 281 p.Folio. ISBN 978-2-07-038603-1.

Sollers, Philippe. Le Coeur Absolu.
PARIS : GALLIMARD, 11/2002. 445 p.Folio. ISBN 2-07-038101-3.
Sollers, Philippe. Casanova l'admirable. PARIS CEDEX 07 : GALLIMARD, 2007. 338 p.Folio. ISBN 978-2-07-040891-7, ISSN 0768-0732.

GOLDONI, Carlo / GOZZI. Goldoni.

Mendoza, Eduardo. L'île enchantée. SEUIL, 1993. 300 p.Points (Paris). ISBN 978-2-02-037543-6, ISSN 0768-0481 Résumé : Fabregas décide de vivre son rêve. Sur un coup de tête, il fait sa valise, claque la porte de sa maison catalane et abandonne les siens. Peu à peu, ce qui aurait pu n'être qu'une escapade se transforme en errance dans une Venise décadente. Captivé par une jeune fille fuyante, Fabregas collectionne rencontres fortuites, événements insolites et situations cocasses...

MOURET, Jean-Noël. Le goût de Venise **.
MERCURE DE FRANCE, 05/2009. . ISBN 978-2-7152-2303-5. 
Bande dessinée :
PRATT, Hugo. Fable de Venise.
Dans : Corto Maltese : Fable de Venise, 75 p. : ill. ; 22 *50 cm. STOCK, 1981.



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