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Climat : Nicolas Hulot recadre le débat

Publié le 02 avril 2010 par Hmoreigne

 L’affrontement scientifique sur la question climatique tourne à la bataille de chiffonniers pour ne pas dire au pugilat. Alors que Claude Allègre accusé de poujado-climatisme fait l’objet d’une inhabituelle pétition de défiance de nombreux scientifiques , Nicolas Hulot victime ces derniers mois des invectives de l’ancien ministre a tenté ce matin dans Le Parisien et sur RTL de recadrer le débat.

On ne peut pas dire que jusqu’à présent, le débat ait volé bien haut. Il ne porte pas pour savoir si la terre est plate ou ronde, si elle est au centre de l’univers ou pas. Et Claude Allègre n’est pas Galilée.

Plus de grande gueule que de scientifique, l’ancien ministre déclarait le 27 septembre dernier dans les colonnes de Nice Matin : “Nicolas Hulot est un imbécile, vous pouvez l’écrire. C’est une honte qu’il soit devenu le gourou de l’écologie. Il envoie les gens rouler à vélo et lui, fait ses affaires en hélicoptère !”.

La réponse du berger à la bergère ne devait pas tarder. “Quand quelqu’un s’oppose tout seul à des milliers de scientifiques sur les changements climatiques dont on sait que ça occasionne 300 000 morts par an. (…) Je me dis simplement que l’injure et le mensonge ne remplace pas la vérité scientifique” rétorquait quelques jours plus tard Nicolas Hulot au micro d’Europe 1.

Au regard de ce passif la prestation de l’animateur de TF1 ce jour au micro de RTL était attendue. L’invité de Jean-Michel Apathie Nicolas Hulot est d’abord revenu sur le fond du débat, ne cachant pas sa déception tout d’abord par rapport à l’abandon de la taxe carbone : “Il y a un sentiment de gâchis, il y a eu la commission Rocard, il y a eu tout le processus du Grenelle, il y a eu un travail de fond ; et puis, il y a eu un travail, je dirais de sape un peu systématique des uns et des autres sur cette mesure qui est une mesure complexe, délicate, qui demande énormément de pédagogie qui devait précéder toute une réforme de la fiscalité“.

Sans illusion sur ce qui est présenté comme un simple ajournement et un renvoi aux frontières européennes, Nicolas Hulot estime que cet épisode constitue l’abandon d’un marqueur. Celui qui attestait qu’on commençait à rentrer dans le dur de la mutation écologique avec le basculement progressif d’une fiscalité basée sur le travail, vers une fiscalité reposant sur les prélèvements énergétiques et les impacts environnementaux.

Réaliste, le père du Pacte écologique pense “qu’il y a une tendance dans la Majorité de dire : écoutez, nous on a été un peu offensifs en matière d’Ecologie, on n’est pas payé en retour, en gros. Voilà. On se prend une claque aux Régionales, donc ça suffit peut-être de faire de l’environnement“.

Pour autant le médiatique défenseur de l’écologie refuse de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le dialogue n’est pas rompu avec le gouvernement :”Prétendre que le Grenelle n’a servi à rien, c’est un manque d’objectivité absolu. Il a remis la France à niveau. Il faut le dire sinon c’est désespérant pour tout ceux qui se sont mouillés“.

Nicolas Hulot s’est évertué à rappeler le contexte et les enjeux : “Il faut cesser d’opposer économie et écologie - écologie et emploi. Aucun système social, aucun système démocratique ne résistera à l’effondrement des matières premières et de leurs ressources naturelles. Je dis ça sans catastrophisme. La mutation écologique, elle est en marche, on doit aller beaucoup plus loin. On ne doit pas s’en effrayer. On ne doit s’effrayer que d’une chose, c’est si on fait rien“.

Amené à préciser son sentiment sur les climatosceptiques, Nicolas Hulot s’est fait plus incisif citant un proverbe de circonstances : “On peut mentir à tout le monde une fois, on peut mentir tout le temps à une personne, mais on ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde“.

Premier visé Claude Allègre, évidemment. “Je dis simplement qu’il y a un moment quand même, il faut rester dans la dignité du débat et qu’on ne peut pas enfiler les injures, les anathèmes et les mensonges dans un débat qui est aussi essentiel. Que le débat ait lieu ! C’est important parce que ça engage nos sociétés sur le long terme“.

Refusant de voir caricaturer l’écologie le lobbyiste écologiste a conclu sa prestation sur son vieil adversaire : “Mais  moi je ne suis pas scientifique, je suis comme vous, un citoyen inquiet de ce que la plupart des scientifiques nous disent sur ce qui risque de se passer à cause des changements climatiques. Qu’il y ait encore des zones d’ombre à lever, voilà. Mais globalement, tout le monde est d’accord sur le diagnostic. Ces travaux ont été faits par des milliers de scientifiques réunis dans le GIEC et pardon de vous dire ! Mais entre un Jean Jouzel qui est vice-président du GIEC, qui a au visage, cette générosité, cet humanisme ; et la morgue, pardon de le dire, la suffisance et la grossièreté de Claude Allègre, j’ai fait mon choix“.

Crédit photo : Wikipédia

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