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Absence excusée

Publié le 02 avril 2010 par Malesherbes

Notre Président entend gouverner la France comme on dirige une entreprise. L’ennui, c’est qu’il n’a apparemment aucune expérience du monde de l’entreprise. De même que le Conseil des ministres se tient une fois par semaine, généralement le mercredi, une entreprise, une division ou un département, réunit ses dirigeants ou ses cadres une fois par semaine, chez les uns le vendredi pour faire le bilan sur la semaine écoulée, chez d’autres le lundi pour lancer la semaine à venir. L’ordre du jour de ces réunions comprend généralement un point sur l’état des affaires, suivi d’un examen des résultats des mesures décidées précédemment, auquel peut succéder une communication d’un des participants sur un thème donné, et s’achève le plus souvent par un tour de table, où chacun a l’occasion de s’exprimer sur son domaine de responsabilité.

Dans ce genre de réunion, il est rare que la totalité des personnes convoquées soit présente. Jusqu’ici, les entreprises ont toujours été capables de survivre à de telles absences. Je ne pense pas qu’il puisse en aller différemment au sein d’un gouvernement. Considérons maintenant le problème devant lequel se trouvait Alain Joyandet, notre secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie. Il devait participer le 14 mars en Martinique à une Conférence pour la reconstruction d’Haïti et assister le 15 au Conseil des ministres.

Vous trouverez ici, sur Mediapart,

les raisons pour lesquelles ce ministre prodigue s’est cru obligé de louer un avion privé pour ce déplacement.

Toute entreprise qui entend subsister se doit de contrôler scrupuleusement ses dépenses, en particulier celles liées aux déplacements, qui se voient désormais remplacés parfois par des vidéo-conférences. Je pense que jamais aucun responsable d’entreprise, placé devant le problème qu’affrontait M. Joyandet, ne l’aurait résolu en se disant : « peu importe le coût d’un avion privé, il faut que j’assiste au Conseil », et n’aurait dépensé 116.500 euros à cette fin. Et que ce ministricule ne vienne pas se défausser de ses responsabilités en les reportant sur son cabinet qui aurait cru bien faire. Le cabinet n’a pas à croire, il exécute les procédures établies par sa direction et, ce qui est terrible dans cette affaire, c’est que ministre et subordonnées s’imaginent accomplir une mission sacrée, sans avoir à se préoccuper de contingences aussi bassement matérielles que les coûts.

La solution de ce problème était pourtant simple. Ne pouvant assister à ces deux réunions, M. Jouyandet devait en  sacrifier une. La Conférence sur Haïti avait des implications internationales, elle pouvait en outre rehausser le lustre bien minime de notre Ministre. Par contre, je suppose que son absence au Conseil des Ministres n’aurait peut-être pas même été remarquée. Et ses collègues auraient sans difficulté patienté une semaine de plus pour avoir son compte-rendu de la Conférence sur Haïti.

Dans une grande entreprise, même lors des messes solennelles où la Direction exalte la vaillance des troupes confrontées au côté obscur de la Force, les absences excusées sont tolérées. En irait-il autrement dans l’entreprise France, où les trente-quatre apôtres seraient tenus, tous sans exception, de venir chaque semaine adorer leur divin Maître et en recueillir la Sainte parole ?


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