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Mauricianité ?

Par Ananda

Des étrangers vivent à Maurice depuis plus longtemps encore, des Mauriciens vivent à l’étranger. Quelles sont leurs valeurs, comment perçoivent-ils leur rapport au pays des origines ? Expériences contrastées…


«J’ai personnellement été victime de discrimination raciale et de discrimination religieuse dans mon propre pays. Cela m’impose une certaine réserve en matière de critique des autres pays», déclare Nigat Goburdhun-Sakhawoth, dans le secteur financier, à Londres, depuis neuf ans.

«Dans ce monde qui se cherche des ‘valeurs’, je considère que ma mauricianité est un atout puisqu’elle m’a apporté la connaissance de plusieurs autres cultures et m’a fait profiter de toutes leurs richesses», soutient, quant à lui, Gino Travailleur, 52 ans, enseignant en France, à Nantes. Deux souvenirs fort différents de l’interculturalité mauricienne, le premier traumatisant, le deuxième porteur d’une ouverture.

De l’autre côté de La Manche, d’une autre génération, l’étudiante Aguenele Carolyn Grenade vit, en Angleterre, à Birmingham, une expérience assez semblable de celle de Gino Travailleur : «Mon parcours et mes origines me permettent de me lier d’amitié avec des gens qui, ici, ne se mélangent que très peu - Chinois, Pakistanais, Antillais, Nordiques...connaître la culture de l’autre est ici un atout qui vous ouvre beaucoup de portes!» A Gino Travailleur d’ajouter : «Pour moi le véritable mauricianisme est un humanisme».

Vous sentez-vous plus ou moins Mauricien depuis que vous êtes en Australie ? Question que nous avons posée à Juanito Doolub, 29 ans, Technical Consultant chez Talent 2, à Sydney, Australie. Il répond : «Définitivement plus Mauricien c’est sûr. C’est en quittant le pays qu’on réalise la chance que nous avons d’être Mauricien, d’être de cultures différentes mais de partager plus ou moins les mêmes manières de vivre et surtout la même langue. Cela étonne toujours les gens ici, en Australie, de voir deux personnes de types complètement différents parler une même langue mais autre que l’anglais».

Autre question posée à ce compatriote d’Australie : de vivre à l’étranger vous amène t- il à réfléchir plus profondément sur l’identité nationale ?

Juanito Doolub répond : «Oui, plus que quand j’étais à Maurice. Je pense qu’il n’y a pas assez qui est fait à Maurice, que ce soit à l’école ou par d’autres moyens, pour cultiver cette identité nationale. Il existe une certaine indifférence en ce qui concerne l’identité nationale car, pour beaucoup, c’est plus un slogan politique qu’une réalité».

Aguenele Carolyn Grenade prend plaisir à persifler au sujet des choses de Maurice qui ne lui manquent pas depuis qu’elle vit à Birmingham : «Ce qui ne me manque pas, c’est les ragots, le qu’en-dira- t-on, le semi professionalisme et les erreurs/horreurs politiques.

Cette société mauricienne qui ne veut pas avancer ou voir plus loin, voir ce qu’elle pourrait être si seulement elle cessait de se plaindre et croire tout ce qu’on lui fait avaler, cela ne me manque pas non plus. Ici on se rend compte à quel point on manque de recul. »

Mais il y a aussi ce qui manque réellement à la jeune étudiante mauricienne à Birmingham : «Même si elles semblent superficielles, elles font une énorme différence dans ma vie de tous les jours : le soleil, les paysages, la nourriture. Il y a une nostalgie plus profonde : la famille, les valeurs, le sourire des gens, et le sentiment qu’on n’est jamais vraiment perdu….

Cet aspect de la société suscite mon admiration et certainement beaucoup de nostalgie». Nigat Goburdhun- Sakhawoth ne veut blesser personne mais ne peut, non plus, taire ce qui lui semble la vérité : «Mauritian society, I must say, has not moved on for the past 10 years. No offence to anyone. Mauritius has developed in terms of the amount of buildings and hotels but people haven’t really developed».

Source : L'Express de Maurice.


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