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Reconstruction d’Haïti / Des experts prônent l’aménagemen...

Publié le 06 avril 2010 par 509
Reconstruction d’Haïti / Des experts prônent l’aménagement de villes parasismiques
Le violent tremblement de terre du 12 janvier qui a fauché des milliers de vies et provoqué d’importants dégâts matériels chiffrés à environ 7 milliards de dollars, suscite un véritable débat sur la reconstruction d’Haïti. Différents secteurs impliqués dans la vie nationale, entre autres les institutions internationales qui viennent en appui au gouvernement et à la population sinistrée, planchent sur un plan de relèvement du pays. Malheureusement, dans cette démarche, l’alea sismique ne serait pas pris en compte, y compris l’aménagement du territoire.
« Depuis la récente catastrophe, nous avons pu accumuler à peine 10% des connaissances sur le fonctionnement des failles actives en Haïti, alors que nous ne sommes toujours pas en mesure d’identifier avec précision les failles inactives », a déploré l’Ingénieur sismologue Claude Preptit qui intervenait lors d’une conférence-débat organisée par la Fédération des amis de la nature (FAN), le dimanche 28 mars 2010.
L’expert haïtien s’étonne de voir que dans moins d’un mois des enquêtes financées par la communauté internationale ont conduit à la production de cartes permettant d’avoir une idée, plus ou moins claire, des zones à risque sismique. Claude Prepetit se demande pourquoi aucune étude n’a été diligentée avant le 12 janvier, vu que de nombreuses analyses (ne datant pas d’hier) avaient démontré la vulnérabilité du département de l’Ouest en raison de cette faille importante qui s’étend de Kenskoff à Tiburon et dont on ignore encore la tracée exacte. À bien comprendre les dires du sismologue, on aurait pu limiter les nombreuses pertes en vies humaines.
« L’étude de l’occurrence des tremblements de terre et des accélérations ou mouvements du sol qui en découlent est un impératif », ajoute Claude Preptit en insistant également sur la nécessite d’avoir un document de classification des constructions en Haïti. Sans ces outils, avertit le spécialiste, les ingénieurs et les architectes ne peuvent donner des garanties de sécurité en ce qui a trait à la solidité des bâtiments, d’autant plus que la durée de vie du béton est de 50 ans.
Construire des villes parasismiques
Après la destruction de plus de 200.000 maisons privées et édifices publiques dans la capitale haïtienne, l’expression « construire des bâtiments parasismiques » est sur toutes les lèvres. L’ingénieur Prepetit croit qu’il faut plutôt parler de « villes parasismiques » qui permettraient de prévenir des catastrophes meurtrières dans le pays. À titre d’exemple, il a cité la Californie (USA) qui a été frappée en 2007 par un séisme de 7.3 et dont le bilan n’avait pas dépassé les 63 morts. En ce sens, il faudrait au préalable aménager les espaces de construction en fonction d’un plan d’urbanisme bien élaboré. L’agronome Jean André Victor, qui intervenait également à la conférence-débat de la FAN est de cet avis et met l’accent sur la nécessité de cadastrer le pays pour une meilleure répartition des bâtiments.
La ville parasismique inclut aussi l’établissement des aires de refuges, à moins de 250 mètres des domiciles, pouvant accueillir les victimes en cas de tremblement de terre ; des espaces pour les unités de premiers soins dans un rayon de 2 km ; la hiérarchisation des voies de communication pour éviter des encombrements ; et le placement hors de la ville des stations à essence.
Après avoir établi les principes de base de construction de villes parasismiques, on pourra lancer les chantiers de bâtiments antisismiques en prenant en compte : la nature du sol ; la qualité des matériaux ; les types de fondation ; la forme des bâtiments en ce qui a trait aux angles, aux ouvertures et aux balcons ; le choix des systèmes de construction et de contreventement ; les liaisons entre les éléments ; et les isolations parasismiques.
Cap-Haitien : déclenchons l’alerte
Après Port-au-Prince, les experts tentent d’attirer l’attention des autorités et de la population en général sur la menace sismique qui plane sur la deuxième ville du pays. Le sismologue Claude Preptit se montre très préoccupé par le comportement des responsables haïtiens qui, en dépit des messages de sensibilisation lancés, tardent à prendre les mesures qui s’imposent pour éviter la répétition du drame du 12 janvier. En effet, si un séisme de 7.7 sur l’échelle de Richter devait se produire dans le Nord, touchant particulièrement le Cap-Haitien, on redoute une hécatombe par rapport à la configuration de cette ville, totalement saturée et exigüe.
L’heure des recommandations
La conférence-débat de la FAN qui se tenait à trois jours de la rencontre des bailleurs à New-York sur la situation du pays après le tremblement de terre du 12 janvier, était l’occasion pour Claude Preptit et Jean André Victor de faire des recommandations aux acteurs concernés. Des réflexions sur la menace sismique en Haïti à prendre en compte dans le plan de reconstruction pour éviter de perpétuer les erreurs du passé. Les deux experts plaident en faveur de la création d’un Réseau de surveillance sismique ; l’élaboration de cartes d’alea sismique pour toutes les communes ; la création d’une institution nationale de spécialistes pour participer à l’exécution des travaux et assurer le suivi permanent, l’élaboration de codes de construction parasismique adapté aux réalités du pays ; l’élaboration d’un plan d’urbanisme prenant en compte les menaces de catastrophes naturelles ; et l’élaboration d’un plan de reconstruction basé sur les connaissances préalablement acquises.
Puisque, jusqu’ici, il est difficile de connaitre l’énergie accumulée par année par les failles actives, on ne peut prévoir en quelle année aura lieu le nouveau séisme à Port-au-Prince. 10, 20, 50, 100 ans ? Les experts n’ont pas la réponse, mais ils savent qu’Haïti reste et demeure un pays à haut risque sismique.
Depuis le 16e siècle, l’île d’Hispaniola subit des séismes destructibles. On notera ces années qui ont marqué l’histoire des tremblements de terre dans la Caraïbes: 1751, 1770, 1842, 1946, 1953, 1997, 2003.
Source : Panos Caraïbes

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