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La mort, un tabou français

Par Bscnews
par Arash Derambarsh - BSCNEWS.FR
Arash Derambarsh ( Y.Bady)La société française conserve un tabou à propos de la mort. L’actualité a illustré ce malaise en 2009. Ainsi, saisi par deux associations, « Ensemble contre la peine de mort » (ECPM) et « Solidarité Chine », le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a décidé d'interdire l’exposition "Our body - A corps ouvert", qui présentait notamment 17 cadavres de Chinois. Présentée en France à Lyon et à Marseille, l'exposition avait ouvert ses portes à l'Espace 12 Madeleine, à Paris, le 12 février 2009.
 
Le juge a estimé que "l'espace assigné par la loi au cadavre est le cimetière". Les organisateurs de l'évènement doivent y mettre fin et faire dresser par des huissiers de justice la liste des cadavres exposés. Le magistrat avait fixé une astreinte de 20 000 euros par jour de retard. Par ailleurs, le juge a décidé que les 17 cadavres de Chinois, hommes et femmes, entiers ou disséqués devront être placés sous séquestre «aux fins de rechercher avec les autorités publiques françaises compétentes une solution conforme aux droits de l’inhumation».
A l’audience, l’avocat des associations avait invoqué l’article 16-1 du Code civil qui dispose que «le respect du corps humain ne cesse pas avec la mort» et que «les restes des personnes décédées (…) doivent être traités avec respect, dignité et décence». Le juge des référés a en outre rappelé que l’article 16-2 l’autorisait «à prescrire toutes mesures propres à faire cesser une atteinte illicite au corps humain».
 
Pour information, il y avait plus de 30 expositions anatomiques du même type à travers le monde. Seule la France l’a fait interdire.
 
Et pour cause, la France a consacré la « sacralisation » du cadavre dans sa législation, et l'a appliquée tant par le juge judiciaire que par le juge administratif. La mort est sanctificatrice. Rappelons-nous, par exemple, de la décision du TGI de Lille, le 10 novembre 2004, qualifiant la dépouille mortelle de « chose sacrée ».
Les lois bioéthiques, article 16-1-1 du code civil (Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort) et 16-2 du code civil (Le juge peut prescrire toutes mesures propres à empêcher ou faire cesser une atteinte illicite au corps humain ou des agissements illicites portant sur des éléments ou des produits de celui-ci, y compris après la mort) ont contribué à cette sacralisation conformément à la loi du 19 décembre 2008.
 
Pourquoi ce problème, ce complexe avec la mort ?
 
Philippe Héraclès, Le PDG et fondateur du cherche midi éditeur, a régulièrement caricaturé la mort en écrivant des épitaphes comme « vous êtes poursuivi par la mort et vous en avez assez de courir ». La réalité est simple : nous allons tous mourir un jour et il est inutile de se voiler la face.
Ce complexe, plus profond, marque un réel doute dans la société française. Nous doutons, nous avons peur et nous ne voulons pas voir la réalité. La mort est une partie de la vie. La nier, c’est nier l’existence même de l’être humain. Certes, la perte d’un être cher (famille, ami, collègue,…) est triste. Le manque et l’absence sont une épreuve pour chacun et chacune. Certes, le mort exige du respect et de la dignité. Mais pas de nier son existence.  Qu’importe la mort finalement car l’essentiel est ailleurs, à savoir la quête du Sens et ce que l’Homme laissera comme souvenir et comme trace. C’est ce qui distingue une société qui doute, qui n’avance pas et qui est malade de ses peurs, la France, et une société qui avance, qui est dans le mouvement et qui regarde la réalité en face.
 
A trop avoir peur de tomber, le vélo n’avance plus… Arash Derambarsh

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