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Simple comme une tasse de thé. Cette nouvelle de Katherine...

Publié le 06 avril 2010 par Mmepastel
Simple comme une tasse de thé.
Cette nouvelle de Katherine...

Simple comme une tasse de thé.

Cette nouvelle de Katherine Mansfield est terrible. Elle s’appelle innocemment Une tasse de thé car c’est ce que réclame une jeune mendiante sur le point de tomber d’inanition à une jeune femme croisée dans la rue, plus chanceuse qu’elle dans l’existence, Rosemary, “pas précisément belle”, mais “jeune, brillante, extrêmement moderne, mise avec un goût exquis, étonnamment au courant des plus nouveaux d’entre les nouveaux livres (…)”, et parfaitement consciente de sa valeur. Lorsqu’elle chine gracieusement chez un antiquaire, elle regarde tout autant l’objet qu’on lui propose que ses propres mains.

Alors, en sortant de chez l’antiquaire qui lui a montré une bonbonnière ravissante qu’elle désire posséder, luttant courageusement contre des accès conscience de la laideur du monde : “Les passants se hâtaient, cachés sous d’affreux parapluies. Rosemary éprouva une étrange angoisse. Elle pressa son manchon contre sa poitrine ; elle aurait voulu, à ce moment, pouvoir aussi serrer la bonbonnière. La voiture était là. Rosemary n’avait que le trottoir à traverser. Néanmoins, elle attendait. Il est des moments, où, sorti de son abri, on regarde au-dehors, et c’est affreux. Il ne faut pas se laisser aller. Il faut, en pareil cas, rentrer chez soi et se préparer un thé particulièrement soigné.”, alors, lorsque la jeune mendiante lui demande dans un sanglot de l’argent pour boire un thé, Rosemary se sent pousser des ailes. Elle va secourir cette jeune fille. Elle l’emmène dans son fiacre. Elle pense déjà à comment elle va raconter cette histoire cocasse à ses amies.

Elle se montre généreuse, offre du thé et du pain beurré dans son intérieur cossu, s’imagine mille façons de sortir la jeune infortunée de sa misère. Elle se régale de son audace et de sa générosité.

Mais lorsque son mari lui donne une vraie bonne idée (ayant aperçu la jeune fille), c’est-à-dire lui conseille de lui donner l’adresse d’une gazette qui fait des photos de mode car la jeune fille est “ravissante”, ses velléités d’assistance fondent comme neige au soleil. La belle mendiante récolte quelques billets de livres sterling et se voit congédiée. Rosemary minaude ensuite sur les genoux de son mari et lui demande “Est-ce que je suis jolie ?”

Ah la passion de la beauté ! La beauté des choses, des possessions… la beauté des visages, la beauté des sentiments… Tout cela ne fait pas toujours bon ménage… La belle mendiante, toute démunie qu’elle était, avait quelque chose que Rosemary n’avait pas, et c’était intolérable.

De grandes décisions, qui peuvent décider de la vie de quelqu’un, peuvent être prises aussi simplement qu’une tasse de thé…


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