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La question du réel et la physique quantique (II)

Publié le 09 avril 2010 par Jeanjacques

Toutes les lois de la nature sont déterministes par essence : une même cause produit toujours le même effet. Aussi, l’indéterminisme résulte de notre incapacité à mesurer tous les facteurs qui interviennent dans la production d’un phénomène. Une très grande multiplicité de causes peut agir simultanément selon des intensités graduées. Il existe ainsi une catégorie de phénomènes dont l’étude ne peut faire l’objet d’aucune prédiction certaine puisque leur détermination est soumise à un grand nombre de variables que la science ne peut contrôler. Ainsi, La physique quantique ne peut prévoir avec certitude le résultat d’une observation. Elle doit formuler les probabilités de certains résultats qui peuvent se vérifier si l’expérience est répétée un grand nombre de fois. La fonction de probabilité détermine la tendance comme indication de l’incomplétude de la connaissance. Cependant la relativité (la connaissance est relative à l’observateur) et la physique quantique (c’est l’instrument qui va déterminer le type de connaissance recueillie) vont ouvrir la crise contemporaine du rapport esprit/monde et appellent à reformuler sur des bases nouvelles la « question du réel ». Le débat Einstein/Bohr condense ce conflit d’interprétations sur la nature du réel. Le problème est de savoir s’il peut y avoir de la réalité, hors les sens et les instruments de perception, s’il y a une réalité en dehors de toute mesure.

1 – Bohr est justifié d’affirmer qu’il n’y a pas de réalité en soi puisqu’il parait évident que toute perception du réel dépend de la structuration de l’organe et de l’appareil qui s’interposent nécessairement pour recevoir de l’information de l’autre que soi. Le réel en soi signifie qu’un objet physique ne peut se percevoir lui-même et que le réel est fondamentalement affaire de perception. Il ne peut donc y  avoir de réel absolu, en soi, et celui-ci est toujours relatif à l’observateur. Mais cela ne veut pas dire que ce réel est une pure construction idéaliste d’une conscience ou d’un appareil de mesure. Le réel est une construction progressive et mémorisée qui résulte de l’interférence entre les signes émis par l’objet et les capacités et limites de l’organe ou de l’appareil de perception. Par exemple, la structuration de l’oeil humain ne lui permet pas de percevoir certaines longueurs d’ondes lumineuses. Le regard est donc incapable d’obtenir une vision complète et donc absolument réelle d’un objet. Il aperçoit certes l’objet dont il peut déclarer l’existence, mais ne peut atteindre toutes ses propriétés. L’objet « en soi » le réel absolu signifie qu’on doit posséder TOUTES les propriétés d’un objet et cela dans TOUTES les conditions possibles de l’expérimentation. A l’objet absolu doit correspondre la perception absolue, ce qui est une perspective infinie, à jamais atteignable. A mesure que nous expérimentons davantage, nous parvenons cependant à déterminer de PLUS en PLUS de propriétés, nous tendons vers une connaissance toujours plus parfaite sans jamais atteindre sa totalité, il restera toujours une part cachée au savoir.

Dés lors, une mesure sera toujours et nécessairement RELATIVE à un nombre plus ou moins grand d’observateurs placés dans les mêmes conditions : il s’agira de la définition propre de l’objectivité scientifique. Cependant, ce savoir est soumis à la loi des rendements décroissants par laquelle de plus en plus d’investigations aboutissent à des informations recueillies de moins en moins signifiantes. Entre la connaissance qu’avaient les grecs de la géographie de la terre et celle obtenue par les satellites, il y a eu un énorme bond mais payé par la saturation progressive des zones méconnues : les progrès dans la précision apportent de moins en moins d’informations utiles et surtout nouvelles.

2 – Le réalisme d’Einstein nous signifie que nous pouvons percevoir la réalité d’un phénomène sans être capable d’en identifier précisément toutes les propriétés. En effet, un phénomène EXISTE si nous pouvons le repérer par un moyen ou un autre, s’il nous envoie un signe que nos sens ou nos instruments sont capables de le détecter (même, s’il y a erreur sur l’identification exacte). Nos moyens de perception n’ont pas le pouvoir d’attribuer l’existence mais simplement de la déclarer. Car si l’objet n’était pas, aucun signal ne nous parviendrait.  Si l’objet, par un signe ou un autre, se fait connaître on  doit déclarer que RETROSPECTIVEMENT il a existé AVANT notre perception car nous n’avons pas encore le pouvoir de créer spontanément des étants par le simple fait de les voir, les sentir ou les mesurer. De même, il peut continuer à demeurer existant APRES la mesure, sauf à apporter la preuve de son annihilation car nous n’avons pas non plus la faculté de détruire un élément du réel par le seul fait de le voir ou de le mesurer. La mesure peut modifier certaines propriétés (la position, la vitesse) mais pas la plus fondamentale : celle d’être comme élément du réel.

Dés lors, si nous sommes assurés qu’un objet physique existe bien comme élément du réel, alors nous devons lui attribuer des propriétés inhérentes à tout objet : avoir une substance qui le constitue, une forme géométrique, et consécutivement occuper un volume dans l’espace et une position précise à un moment donné. Ainsi, même si nous ne pouvons pour l’heure déterminer toutes les propriétés d’une particule, nous sommes certains qu’elles existent. La représentation essentiellement mathématique d’une particule par la physique quantique est donc notoirement incomplète, insatisfaisante et tout simplement provisoire.


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