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Bird lives, Major Tom says

Par François Monti

Il y a déjà quelques temps, je m’étais décidé à consacrer mon mois de novembre à relire Pynchon. Des contraintes principalement externes ne m’ont pas permis de donner à cette entreprise le temps qu’elle mériterait, j’ai donc remis les opérations à plus tard non sans tout de même me replonger dans « V. » - merci à Antonio de m’avoir donné une bonne raison. Après quelques dizaines de pages, je suis submergé par le plaisir authentique ressenti par la grâce de cette écriture. Et je suis tombé sur le passage qui suit, sorte de digression gratuite à l’occasion d’une soirée passée par Paola Maijstral dans un club de jazz. Certains disent que McClintic Sphere est en fait Ornette Coleman. C’est faux chronologiquement – on est en 1956, Coleman débarque sur la scène new-yorkaise en 1959- mais les spécialistes disent que tout indique que c’est bien de lui qu’il s’agit. Peut-être que, vers 1961, le Pynch’ voulut donner par cette scène un hommage à la fois à Parker et à Coleman, son héritier, indiquant ainsi dans son récit « the shape of jazz to come » ? Et puis cette histoire de tags "Bird Lives" un peu partout, n'est-ce pas un précurseur de WASTE? Quoiqu’il en soit, voilà qui nous rappelle, si besoin en était, que, quand bien même les références rock affleurent dans les livres suivants, Pynchon, c’est avant tout le jazz qu’il nous chante, dans sa prose comme dans les péripéties de ses personnages.

« Horn and alto together favored sixths and minor fourths and when this happened it was like a knife fight or tug of war: the sound was consonant but as if cross-purposes were in the air. The solos of McClintic Sphere were something else. There were people around, mostly those who wrote for Downbeat magazine or the liners of LP records, who seemed to feel he played disregarding chord changes completely. They talked a great deal about soul and the anti-intellectual and the rising rhythms of African nationalism. It was a new conception, they said, and some of them said: Bird Lives.
Since the soul of Charlie Parker had dissolved away into a hostile March wind nearly a year before, a great deal of nonsense had been spoken and written about him. Much more was to come, some is still being written today. He was the greatest alto on the postwar scene and when he left it some curious negative will –a reluctance and a refusal to believe in the final, cold fact- possessed the lunatic fringe to scrawl in every subway station, on sidewalks, in pissoirs, the denial: Bird Lives. So that among the people in the V-Note that night were, at a conservative estimate, a dreamy 10 per cent who had not got the word, and saw in McClintic Sphere a kind of reincarnation. »

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