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"Méconnue des investisseurs, l'industrie forestière offre un potentiel d'appréciation considérable en Bourse"

Publié le 10 avril 2010 par Sylsol
Avec des rendements annuels de 15% et une raréfaction de l'offre, l'industrie forestière possède de solides atouts qui ne sont pas intégrés en Bourse. Une bonne occasion pour se positionner, estime Gabriel Micheli, gérant du fonds Pictet Timber, et ainsi diversifier son portefeuille en misant sur des exploitants de forêts et des fabricants de pâte à papier.
Capital.fr : Quel est l'intérêt d'investir sur le thème de l'exploitation forestière en Bourse ?
Gabriel Micheli : L'industrie sylvicole est particulièrement méconnue des investisseurs. Du fait du désintérêt de la communauté financière, les actions du secteur sont pour la plupart fortement sous-valorisées, alors que les fondamentaux sont solides. La demande de bois est en constante augmentation et l'offre diminue en raison notamment de la déforestation. Chaque année, 10 milliards d'hectares de forêt partent en fumée et les Etats imposent des règlementations d'exploitation de plus en plus strictes. Tout cela entraîne une forte hausse des prix. Entre la revalorisation des forêts et les revenus issus de la vente de bois, les rendements annuels moyens tournent autour de 15% sur les 20 dernières années.
Capital.fr : Le secteur a toutefois souffert de la crise...
Gabriel Micheli : La récession a certes entraîné une baisse du prix des forêts, mais celle-ci est restée limitée. Les prix n'ont reculé que de 10% l'année dernière aux Etats-Unis. Cela s'explique par les qualités défensives du secteur : lors d'une crise, les exploitants vont vendre moins de bois, mais la valeur de leur forêt va continuer de s'apprécier, car le prix des arbres grimpe lorsqu'ils vieillissent, comme le bon vin.
Capital.fr : Les actions des entreprises exploitant des forêts ont pourtant plongé dès la fin 2008...
Gabriel Micheli : C'est vrai, mais cette baisse s'explique par les circonstances exceptionnelles de la crise. La plupart des forêts sont détenues par des investisseurs institutionnels ou des fonds de dotation. Les marchés ont craint qu'ils ne bradent leurs actifs pour faire face à leur besoin en liquidité. Mais ces investisseurs ont préféré se dégager de leurs positions les plus spéculatives et ont conservé les investissements de long terme, comme les forêts. Les prix ont donc bien mieux résisté que prévu, ce qui n'est pas encore intégré dans les valorisations. Malgré le net rebond des titres des exploitants de forêts en 2009, ils affichent toujours une décote de 40% par rapport au prix des actifs non cotés. Le potentiel d'appréciation est donc considérable en Bourse.
Capital.fr : Comment cela se traduit-il dans votre portefeuille ?
Gabriel Micheli : Nous misons essentiellement sur des exploitants de forêts basés aux Etats-Unis, (40% de notre portefeuille), où la plupart des maisons sont construites en bois. Le secteur sylvicole devrait donc profiter du redressement du marché immobilier américain. Certes, celui-ci devrait être lent et chaotique, mais les mises en chantier sont tellement basses actuellement que le risque de rechute est faible. Nous apprécions tout particulièrement des acteurs tels que Weyerhaeuser et Plum Creek , qui devraient gagner des parts de marché au détriment de leurs concurrents canadiens, dont une partie de la forêt est menacée par la pullulation d'un coléoptère, le Dendroctone du pin ponderosa. Nous consacrons aussi 20% de notre portefeuille à des sociétés exploitant la pâte à papier dans les pays émergents, un segment plus dépendant de la conjoncture, ce qui nous permet de jouer la reprise de l'économie. Nous avons d'ailleurs déjà profité de ce pari. Les prix de la pâte à papier ont en effet explosé ces derniers mois grace à la reprise de la demande chinoise, et plus récemment à cause du tremblement de terre au Chili, qui représente près de 10% de la production mondiale.
(Thomas Le Bars - Capital.fr - 07/04/10)

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