Magazine Politique

The Man Who Sold His World

Publié le 13 avril 2010 par Elulocal

Peut-être parce que nous sommes de simples élus provinciaux, nous avons cherché leurs erreurs, méticuleusement, mais en vain.
Nous les pensions intouchables, ces démagogues narcissiques. Aucun d'eux ne peut imaginer l'éventualité qu'il se trompe.

Et lorsqu'ils commettent des erreurs, ils préfèrent mentir sans honte.

Seul un joueur de poker, ou quelqu'un entraîné, dopé aux antidépresseurs pourrait mentir, sans qu'aucun signe extérieur ne le trahisse. Les sociopathes aussi peut-être ?

Je ne sais plus exactement quel jour c'est arrivé, mais l'un de ces mensonges (peut-être une injure gratuite : "tu es trop bête pour comprendre") fut le déclencheur de mon action politique, mon opposition à ma propre liste, ou plutôt à son dirigeant, tant les autres membres se tiennent à l'écart du moindre débat pour, en définitive, voter comme des godillots.

Pire encore, lorsque la contre-vérité est indéniable, lorsque vous démontrez, documents à l'appui, que ce baron local, ou plutôt son pantin est un incompétent si ce n'est notoire, au moins démasqué, et qu'alors nous sombrons dans la mythomanie la plus maladive: c'est à ce moment précis que vous comprenez le seul moyen, efficace à 100% pour contrarier les plans de cet adversaire politique, c'est d'arrêter de débattre. Le jeu d'un élu local nuisible, qui concentre les pouvoirs, est de persuader ses concitoyens qu'il garde le contrôle sur tout, et qu'il fait ce qu'il veut.

En l'occurrence, un baron local ne possède plus tant de pouvoir, si l'opposition conteste légalement sa politique. Ce sont les différents organismes de contrôle qui mènent le jeu: la préfecture pour la légalité, la SAFER pour les préemptions abusives et non-motivées du domaine agricole, la trésorerie pour les imputations budgétaires aléatoires, les collectivités subventionnant pour les dépenses abusives (il faudra que je vous raconte l'histoire de la parcelle de 5000 mètres carrés qui a touché deux subventions, sur deux projets similaires, en cinq ans, sans qu'aucun des travaux indiqués ne soit réalisé, zones sur laquelle mon maire présente très sérieusement un troisième projet!), les agents du S.D.I.S. pour avoir le fin mot sur une opportune piste de lutte contre l'incendie, qui désenclavait le terrain dans lequel un proche du maire voulait investir, justement, etc. Les manœuvres de notre monarque local relèvent tellement de l'amateurisme qu'en aucun cas nous n'avons eu à saisir le Tribunal Administratif (je ne l'exclue pas prochainement évidemment).

Si l'activité des opposants pouvait se mesurer à la quantité de projets (inutiles, je vous rassure) avortés, nous nous sommes vraiment bien battus! Et ce n'est qu'un début, le plat de résistance est pour bientôt, nous ne sommes qu'à un tiers du mandat, après tout.

Nous avons même réussi un coup façon Socialists Ninjas, mais à l'envers: en nous levant quelques minutes avant le début d'un conseil municipal, réduisant ainsi les présents à un nombre inférieur au quorum, nous l'avons facilement fait annuler.

Je m'emballe pour ce 50ème billet, à 10 jours de l'anniversaire de ce blog, je n'ai pas pu m'empêcher de faire ce petit bilan, et je me suis éloigné du titre du présent écrit, mais j'y reviens: quel est donc cet homme qui a vendu son monde (référence un peu facile au tube de David Bowie) ? Cet homme qui semble entier, avec tout ce qu'il a de bon et (surtout) de mauvais, bien tassés dans ce corps boiteux et bouffi. Ils sont plusieurs dans ma commune, le Baron et le Directeur notamment: des hommes prêts à donner la leçon à qui veut les entendre radoter (il n'en reste plus beaucoup, fort heureusement), aux savoirs complétement dépassés par les nombreuses réformes et pourtant, ils sont dotés d'une assurance à toute épreuve, qui désarme encore quelquefois leur interlocuteur, mais plus aussi souvent tant ils sont devenus ennuyeux. Ne sentent-ils jamais une âme bienveillante s'arracher un instant de leur corps impur et difforme pour leur montrer qui ils sont vraiment (vous allez croire que je fais une fixation sur la schizophrénie ) ?

Il semblerait que si. Cela leur arrive. Alors qu'ils sont généralement galvanisé par la présence d'un public. Ce soixante-huitard idéologue, bobo, cet ancien naturiste, exhibitionniste, n'ont-ils vraiment honte de rien ?

Ces êtres si surs d'eux n'auraient-il pas raté la chose la plus importante de leur vie d'homme... ne se sont-ils jamais considérés en pères de famille, avant d'être "les chefs", de la commune, ou de n'importe quel service ? Leurs enfants obèses, gonflés comme des caricatures américaines, qui n'en peuvent plus de ne pas exister, et qui mangent, qui se gavent, pour mieux indiquer à leurs parents inattentifs le gigantisme de leur malaise, jusqu'à finalement donner en public cette sensation à leurs "illustres" pères: cette gène perceptible par tous ceux qui les entourent dans ces rares moments où les élus osent encore afficher leurs blessures: leur famille. Soudain, ces hommes charismatiques sont faibles, hésitants, dans un embarras contre lequel ils s'efforcent de lutter... Mais la présence de leurs enfants est une libération pour leur bienveillance, eux qui ont détruit des vies en exerçant leur pouvoir local, ou qui ont simplement anéanti leur famille, ils se retrouvent enfin devant leur propre juge : une conscience aussi atrophiée que sont démesurés les travers de leurs progénitures.

Mais, dès qu'ils se couchent, ils oublient cette conscience, ils oublient les enfants, les femmes, peut-être même oublient-ils le malheur de leurs maîtresses fidèles qui supportent discrètement la demi-vie imposée par des hommes qui manquent de courage, encore maintenant, au soir de leur immorale existence. Ils s'endorment, et effacent cette sensation désagréable que leur conscience a temporairement imprimée à leur esprit en osant se séparer du roc de dédain qu'ils s'étaient façonné, à l'abri dans leur sommeil, ils peuvent à nouveau rêver de leur vie triomphante de pouvoir et d'argent, de choses et de gens amassés, et ils peuvent enfin oublier ce qu'ils ont aperçu lors de cette gênante soirée en public: aux côtés de sa famille, ce petit homme honteux, sur la tombe duquel, ses enfants ne pourront soulager leurs peines. Cet échec concluant alors le cheminement de ce bonhomme corrompu.


Last night I saw upon the stair
A little man who wasn't there
He wasn't there again today
Oh, how I wish he'd go away


extrait de "Antigonish", William Hughes Mearns.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Elulocal 25 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine