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[Critique DVD] Casanegra

Par Gicquel

« Casanegra » de Nour Eddine Lakhmari ( Carlotta)

Sortie le 13 avril  2010[Critique DVD] Casanegra

Le titre a beau être explicite, il ne renvoie pas immédiatement à la face cachée de Casablanca. Pourtant , très  rapidement le réalisateur nous y conduit , et une fois introduit dans ce monde interlope , on ne le quitte plus. Loin du misérabilisme, qui pourtant suinte à chaque coin de rue , Nour Eddine Lakhmari donne à voir la vitalité de tout un quartier , et ses dangers aussi , le bouillonnement d’une cité qui dort le jour et vit la nuit .

Ce chaos en suspens, deux amis d’enfance  Adil et Karim, le vivent depuis toujours . Ils rêvent d’un ailleurs … Si l’un comprend très vite qu’il ne peut abandonner sa famille, son copain , plus lunaire ne pense qu’à rejoindre un oncle en Suède .Quitter le Maroc à tout prix.

Mais quel que soit l’objectif ,  l’argent gagné à la petite semaine , de petites combines en mauvais deal, ne suffit pas .Jusqu’au jour où un ersatz de parrain local leur propose un travail . La situation est convenue, mais le réalisateur prend la tangente. Une fois encore. Il la rend drôle et débonnaire , comme toutes ces magouilles  qui s’inscrivent dans un quotidien attachant .

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Ses portraits de gosses de la rue sont  sans fioriture, mais si vrais, ses promenades dans les bas-fonds rehaussées par une lumière quasi surnaturelle .Avec cette caméra à ras de terre, pointant au grand jour vers le ciel bleu qu’ils n’atteindront jamais avec ses beaux immeubles et ses palmiers alentours .

A l’image de son copain, Adil est quelqu’un de foncièrement sympathique et sensible. Dans l’envers du décor , quand ils n’ont pas besoin de se battre pour survivre , l’un de ses branquignoles aide son père souffrant , l’autre recueille une tortue tombée sur un toit  .

[Critique DVD] Casanegra

Deux lascars un peu bizarres et surtout très chatouilleux quand on les dérange

Pas de compassion , ni de larmes de crocodiles. Le montage est très cassant à l’image de l’histoire que raconte « Casanegra ». Il  lui donne son  rythme  et toute l’énergie désespérée de cette population  .

C’est super bien filmé , avec de longs et beaux plans séquences , sans dialogue, qui racontent des tonnes de choses, notamment sur Casablanca qui effectivement n’est pas si blanche que ça . Et sur cette société  entre deux cultures, encore hésitante, comme le montre très bien la relation que tente de nouer le jeune Adil avec une femme occidentale.

« Mon boulot d’artiste c’est d’appuyer sur le bon bouton et la société peut alors chercher la solution, mon film il est gentil par rapport à ce qui se passe réellement » commente le réalisateur dans un court making of où tous les protagonistes se retrouvent un peu surpris par l’ampleur du phénomène.

[Critique DVD] Casanegra

Comme un air de liberté

Car au Maroc «  Casanegra » est devenu un  film culte et un phénomène social  pour sa vision détonante et radicalement novatrice de la mythique Casablanca. Grâce à ce deuxième long-métrage, le réalisateur prouve toute la vitalité du cinéma marocain contemporain, désireux de montrer la société marocaine dans toute sa complexité.

Les deux jeunes comédiens Anas Elbaz et Omar Lotfi , illustrent à leur façon très bien cet engouement cinématographique , aux côtés de Mohamed Benbrahim un petit malfrat qui fait peur tout en faisant rire . Un excellent comédien !


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