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NUITS D'IVRESSE PRINTANIERE de LOU YE

Par Abarguillet

NUITS D'IVRESSE PRINTANIERE de LOU YE   VIDEO


" Nuits d'ivresse printanière ",  est un titre poétique pour un film long et décevant, romance homosexuelle entre un homme à l'attirance vénéneuse et des compagnons d'occasion, dont l'un se suicidera, et où l'on trouve, étroitement mêlées, la jalousie, l'ivresse des sens et l'ombre portée du mensonge et de la trahison. A mon avis, cet opus souffre d'être inutilement surchargé de scènes violemment érotiques, qui sont davantage de l'ordre de la démonstration que de la suggestion subtile et vous transforment en voyeurs, ce qui est fort déplaisant. Tout ici est glauque, fébrile, scabreux, et déçoit d'autant plus que le film, en lui-même, ne démontre rien. Néanmoins, il bénéficie d'une imagerie solide et d'un esthétisme qui prouve la maturité scénique de son réalisateur.
Mais qui est donc  Lou Ye , ce cinéaste chinois  familier du Festival de Cannes, qui recevait un hommage appuyé lors du Festival du Film Asiatique de Deauville en mars dernier ?  Né en 1965, Lou Ye sort diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Shanghaï en 1983 et intégre deux ans plus tard le département" réalisation" de l'Académie du film de Pékin. Après s'être exercé à la mise en scène avec des courts métrages,  il signe en 1994 son premier long métrage  Weekend Lover,  le portrait d'une jeunesse chinoise sans repères. C'est en 2000 que le public occidental le découvre avec Suzhou River ,  film noir qui raconte une histoire d'amour teintée d'onirisme que Lou Ye a écrite, co-produite et réalisée. Interdit en Chine, le film sera néanmoins présenté au Festival de Rotterdam sans avoir reçu l'aval des autorités chinoises, si bien que son auteur sera  interdit de tournage pendant deux ans.
Lou Ye s'attelle ensuite à l'ambitieux Purple Butterfly,  une fresque consacrée au conflit sino-japonais des années 30 avec Zhang Ziyi dans le rôle principal. Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes en 2003 sans obtenir de distinction. Trois ans plus tard, le réalisateur revient à Cannes avec  Une jeunesse chinoise  dans laquelle il aborde les événements de la place Tian An Men, à travers la relation amoureuse de deux étudiants. Il brise ainsi un tabou qui lui vaudra une interdiction de tourner en Chine pendant cinq ans. Si bien que Nuits d'ivresse printanière fut réalisé clandestinement à Nankin, en arborant la nationalité hongkongaise et française, de façon à éviter les foudres de la censure et a remporté en 2009 à Cannes le Prix du scénario, prix qui me surprend d'autant plus que la faiblesse principale du film est son scénario abscon et étiré inutilement.

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L'histoire peut se résumer en deux lignes : une jeune femme, se doutant qu'elle est trompée, fait suivre son mari et apprend qu'il a une liaison avec un homme. A partir de là, tout va basculer : sa vie et celle de son époux. Le vertige des sens, les étreintes gays, la mélancolie des vies qui ne cessent de se défaire forment donc le support de ce long métrage, triangle amoureux d'une jeunesse désoeuvrée qui évolue dans la mauvaise direction et romance homosexuelle animée par un ange exterminateur qui détruit tout sur son passage, à commencer par lui-même. Matins blafards, bruits lancinants de la ville, cabarets travestis, bars rock, confidences chuchotées, mal vivre, le cinéaste se complait dans les affres d'un cauchemar et d'une mélancolie morbide, mais son opus souffre de confusion narrative, de répétitions et de longueurs qui diluent l'intérêt que l'on pourrait accorder à cet interminable ode à un amour, tatoué par la mort. En définitive, ces nuits d'ivresse printanière ne m'ont guère enivrée mais inspiré un profond ennui.


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