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La pornographie : du sexe pathologique à la portée de n'importe quelle souris

Par Bscnews
Arnaud Taeron- ErotismePar Julie Cadilhac - BSCNEWS.FR /Il était une fois la jeune génération...celle du téléphone portable, du MP3, de l'ADSL,de MSN,de Facebook, de la sur-communication perpétuelle.
Il était une fois la perte du désir: ne plus savoir ce qu'est l'attente, plus de lettre qui tarde à caresser la boîte aux lettres, plus d'interdiction dû à l'âge...
Et peu à peu se dénature la si jolie fraîcheur des adolescents en fleurs qui déclinaient l'espoir et la candeur sous toutes ses formes tendres.
Je caricature l'histoire?

J'entends des rumeurs de désapprobation qui vont m'accuser de pudibonderie. Mais laissez donc vos oreilles curieuses glisser dans le cercle des adolescents de 2010! Traversez donc  la barrière des Eastpack et  entendez leurs propos crus, forts de ce progrès "extraordinaire" qu'est l'accès facilité à des sources audio et vidéo riches en contenus hautement spirituels où le sexe est présenté sous son aspect le plus vil et le plus crasse. Faîtes mijoter dans vos oreilles  quelques images de lèvres pubères formuler des mots tels que "éjaculation faciale", "troncher", "baise anale" et.... méditez sur les bienfaits contemporains de l'accessibilité à tout.
La pornographie est à portée de main de n'importe quelle souris: faut-il s'en réjouir?
Ce qui est regrettable dans le monde contemporain, c'est que la pornographie est devenue un lieu de perversion.
A l'origine, la Pornographie était la déshabillée, l'effrontée qui venait taquiner le subtil Erotisme aux éveils discrets. Aujourd'hui elle n'est plus simplement la catin généreuse et triviale, elle est un monstre sadique ou  masochiste, écoeurant en tous cas car elle semble avoir perdu toute estime de soi. Ce qui l'a sali ?  son penchant pour l'obscénité qui a pris des proportions actuelles irrécupérables...
Il ne faut pas,  en grenouille de bénitier, hurler sur le sexe brut. Dire "Beurk,le  sexe, c'est crade et dégueulasse!". Le lit de chacun doit être un lieu libéré de réserve et de retenue pudique. Mais lorsque le sexe conquiert la sphère publique, il ne devrait pas tout se permettre. S'il est un sujet de plaisanterie, personne ne s'en sentira offensé. S'il s'annonce comme un lieu de perversion où les êtres qui y gesticulent perdent toute intimité, le sexe devient pathologique et sans intérêt. Parce que tout montrer ôte toute magie. Tout donner ôte toute envie.
L'érotisme et la pornographie sont des représentations artistiques du sexe et de la sexualité. La différence est au départ bien nette: la pornographie nous  met au rang d'animal sexuel, déclenche  des réactions mécaniques semblables à celles des chiens qui se frottent sur vos jambes. L'érotisme est censé, lui, éveiller l'imagination, être dans la sphère de "ce qui ne se dit pas". L'érotisme est une exaltation des corps, transcendée par un regard artistique:  une sublimation du désir.
Comprendre que l'érotisme travaille sur le sous-entendu tandis que la pornographie affiche délibérement est essentiel.
L'érotisme place le fantasme comme ressort du désir. Le fantasme permet toutes les libertés...il autorise l'imaginaire à prendre le pas sur la réalité et même si l'on n'a pas l'audace d'aller jusqu'à la concrétisation, il nous ouvre une fenêtre de dérives psychiques. La pornographie le tue puisqu'elle  concrétise le fantasme.  Elle  violente par sa crudité car elle nous confronte à son illustration en chair et en cris .
Si l'érotisme semble recueillir mon assentiment, il est un point sur lequel je la condamne au même titre que sa consoeur malsaine.
Toutes deux placent la domination masculine comme essentiel ressort jouissif et cela a des conséquences sociologiques: il n'est pas rare d'entendre les jeunes adolescentes affirmer que la soumission aux caprices de son partenaire est la clé assurée pour le garder. On comprend pourquoi les féministes continuent d'être si virulentes; ayant essayé d'éduquer leurs mères, elles se voient face au même échec avec la génération suivante.
 Les adolescentes d'aujourd'hui semblent être piratées par les désirs des hommes et lorsque l'on observe les clips de Britney Spears à la télé ou -pire- que l'on intercepte dans les cours de lycée les descriptions impudiques des cajoleries qu'elles sont fières de distribuer à leurs hommes, on reste perplexe. La femme-objet reste un poncif des représentations sexuelles...et qu'on ne me parle pas des récits de femmes initiatrices! Ils demeurent des phénomènes mineurs...et d'ailleurs, souvent, ces femmes matures manipulant de jeunes esthètes finissent elles aussi par se retrouver sous le joug  du phallus.
La pornographie est évidemment la première au banc des accusés: elle affiche avec outrecuidance des hommes manipulateurs assouvissant leurs désirs primaires et des femmes- poupées désarticulées aux gémissements téléphonés. La pornographie a été inventé par des gens sans imagination si l'on exclue l'aspect gymnastique.... Il n'y a guère que des abrutis testéronés (espérant en secret pouvoir fesser des courges aux cuisses liposucées ) pour se satisfaire de cette mascarade de plaisir rugissant...ou bien des adultes qui cherchent à compenser leurs manques sexuels. Et c'est là que le "bas" blesse.... s'il n'émoustille plus.
Aujourd'hui l'adulte parent se complaît souvent dans l'immaturité et cherche ainsi à s'afficher comme le complice libéré face à ses gamins: alors qu'il joue le jeu jusqu'au bout! S'il expliquait à ses mouflets bouillonnants de leurs premières émotions hormonales sur quoi repose une sexualité épanouie?
Qu'il libère sa  langue puisqu'il  est tant affranchi des tabous de ses parents! Qu'il ne régresse pas! Qu'il parle aux gosses de l'utilité, pour le sexe, de COMMUNICATION, TENDRESSE, PARTAGE, ENVIE DE DONNER, RECIPROCITE. Qu'il  leur apprenne que le sexe est un art, que la femme n'est pas un objet et que ses désirs sont aussi importants que ceux des mâles. Qu'il leur fasse lire le Kamasutra qui rappelle à quel point les conditions et le cadre durant lequel naissent les ébats sont primordiaux! Au lycée, on devrait prescrire l'amant de Duras. Pour réaliser  le plaisir trouble de l'évocation, pour comprendre que le sexe n'est pas une pancarte que l'on brandit comme un trophée mais bien une quête de plaisir subtile...et périlleuse.
 
L'érotisme accompagnait les anciens: Le saviez-vous? On trouvait souvent de larges phallus  à l’entrée des habitations romaines car le phallus était signe de chance. En Grèce antique, le Herma ,  petite statuette composée d’une tête sur un socle rectangulaire d’où se dressait un phallus,était un objet courant et une amulette de protection. En Asie, la peinture érotique sévit depuis le moyen-âge. Les grecs initiaient leurs hommes aux premiers plaisirs et à la sexualité...l'éraste, homme adulte, prenait en charge un adolescent , l'éromène et la pédérastie désignait à l’origine une institution morale et éducative bâtie autour de la relation particulière entre un homme mûr et un jeune garçon.Il y avait dans les civilisations anciennes  ce souci de l'épanouissement sexuel. Or aujourd'hui, à part les sexologues, plutôt là pour guérir que pour initier, qui prétend apprendre la sexualité?
La sexualité, c'est inné? Allez dire cela sur la place publique! Vous serez étonnés! Evidemment qu'à voix haute, personne ne vous contestera! mais en confidence, combien se plaindront de leurs partenaires...cunnilingus, fellation, masturbation, morsures, caresses, baisers...voilà des mots dont on rit beaucoup en soirée et dont on se gausse mais dans l'intimité...allez hop, entrée, sortie, entrée, sortie....ah ah ah ah ah a...ttention chérie, je ne tiens plus et pschlitttttttt....terminado....ça valait le coup de passer...
Aujourd'hui, à l'ère de la libération des moeurs et du sexe, on s'aperçoit que les tabous sont restés et les incompatibilités sexuelles sont le joug de tout un chacun. Mais, même si l'on ne pratique pas plus ( et pas mieux) que ses parents, la modernité c'est qu'on parle de sexe, on regarde du sexe. L'érotisme aujourd'hui est affaire de mode. Il est chic d'écrire cru ,et de l'avouer haut et fort, la bisexualité est fashion et les réunions tupperware version godes ultra tendance. Les corps nus pleuvent en peinture, au théâtre même, à la télé.L'érotisme se vend bien; il faut lui reconnaître cela. Quand on promet de la fesse chaleureuse, les regards se tendent et les porte-feuilles se font plus lâches...c'est vieux comme le monde l'idée que le sexe dirige le monde...
J'avoue que traiter d'érotisme ce mois-ci m'a été d'une grande difficulté...ma fibre féminine s'est sentie blessée. L'érotisme est un thème qui pourrait ne pas créer de notion d'inégalité sexuelle...mais force est de constater qu'il reste encore un lieu de domination masculine prégnant. J'aurais aimé trouver de beaux nus masculins pour accompagner cette galerie de portraits de femmes parées de noir et blanc.
Enfin...j'ai quand même choisi d'en parler aussi....histoire d'être aussi bêtement conformiste que les autres?
Une dernière pensée:
On s'insurge contre ceux qui voilent.
On a raison.
Mais on s'insurge peu contre ceux qui dévoilent.
Pourtant....dans les deux cas, on parle de femmes soumises.
A bon entendeur.
Illustrations: Arnaud TaeronLe numéro spécial érotisme du BSCNEWS à lire ici !

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