Magazine Environnement

Quad et écologie, la Quadrature du cercle

Publié le 14 avril 2010 par Ecosapiens

http://www.eco-sapiens.com/blog/wp-content/quad.jpg

Je souhaite partager l’étonnement qui fut le mien quand je suis tombé sur ce plaidoyer en faveur du quad qui est donc, paradoxalement, un engin particulièrement écologique.

C’est disponible sur le site journalduquad, et ca vaut son pesant de cacahuètes. Un véritable exercice de contorsion mentale pour démontrer que contrairement aux apparences, il n’y a pas plus écologique que ce chétif véhicule tout-terrain.

Extraits

Le quad (bien utilisé) est sûrement le véhicule qui dégrade le moins les chemins :

Grâce à leur large surface de contact et leur basse pression, leurs pneus exercent sur le sol moins de pression au cm2 qu’un marcheur ou un cheval, faisant moins ou aucun dégâts sur leur passage. Cela permet par exemple d’intervenir en zone sensible sans abîmer la végétation au sol. cela été notamment le cas lors du nettoyage des côtes Bretonnes polluées par la dernière marée noire. La pression au sol d’un marcheur est le double de celle d’un quad, et celle d’une voiture est 10 fois supérieure… Ne parlons pas de celle d’un tracteur moderne !

Amis randonneurs, j’espère que vous ressentez une certaine honte de participer à l’enfoncement des chemins !

Au fait, petit calcul de coin de table pour avoir des ordres de grandeur.

Sachant qu’un quad pèse 160 kg en moyenne, qu’il repose sur 4 pneus de 22 cm de largeur, et en considérant que la longueur au contact est de 11 cm (ça dépend de la pression des pneus, environ un quart du diamètre que nous prendrons ici à 50 cm). N’oublions pas de rajouter le poids de l’enduriste et nous calculons :

pression surfacique=(poids véhicule + poids usager)/(longueur x largeur x nombre de roues)
=(160+70)/(11*22*4)
=0,24 kg/cm2

Chouette !

Pour le piéton, la surface d’un pied masculin (bah oui j’arrive pas à me défaire de l’idée que c’est un truc d’homme le quad) étant à peu près de 192 cm2 et sachant que même s’il a deux pieds il les utilise l’un après l’autre, ca nous donne simplement

pression surfacique=(poids personne)/(surface pied*nombre de pies en contact)
=70/192
=0,36kg/cm2

Caramba ! J’exerce effectivement plus de pression sur mes chemins que le type en quad ! Ah c’est décidé, je suis convaincu, je vais en acheter un pour soulager la planète.

Reprenons nos esprits et reconnaissons que c’est une petite victoire car les résultats sont en fait du même ordre de grandeur. Ce n’est pas pour vous recommander de marcher avec des raquettes mais je crois qu’il est dommage de se focaliser sur cette histoire de pression car le principe d’un chemin, c’est justement d’être ce mince filet réservé au passage humain au milieu de la végétation. En réalité, il faudrait regarder la largeur de ce qui passe et là pas de doutes, le quad requiert une plus grande envergure pour faire passer ses quatre roues.

Mais voyons la suite

La majorité des quads utilisés en France pour la randonnée sont de type utilitaires, peu puissants (un 250 cc Arctic-Cat développe 8,8 Chevaux aux roues arrières… soit la puissance d’un cyclomoteur moderne), et leurs utilisateurs ne sont généralement pas des férus de vitesse. De nombreux agriculteurs possédant un quad à usage professionnel en profitent pour randonner le week-end…

Enfin, les moteurs sont principalement des quatre-temps de faible cylindrée, très silencieux. Certains modèles homologués ont désormais des pots catalytiques. La consommation moyenne d’un quad de 250 / 300 cc est de l’ ordre de 1,5 à 2 litres à l’heure…

Des quads électriques existent à l’étranger (USA principalement) et un prototype roule en France désormais.

On se demande pourquoi tous ces efforts de pot catalytique et de moteur électrique si le quad est écologique. Ah mais c’est pour être encore plus écologique. Bon, et si vous comprenez l’histoire des agriculteurs qui utilisent leur quad pour aller randonner, je veux bien une explication.

Mais venons-en à la conclusion qui est la raison pour laquelle j’ai pris la peine d’écrire ce billet.

Enfin, je rappellerai aux éventuels « allergiques»  aux véhicules à moteur dans nos beaux chemins, que seul le passage régulier de véhicules entretient les chemins, sans quoi ils retournent immanquablement à l’état de broussailles infranchissables. Chaque année des milliers de kilomètres de chemins disparaissent ainsi.

Amoureux des chemins, n’hésitez pas à vous armer de tronçonneuses (!), débroussailleuses, ou tout autre instrument contondant pour redonner près de chez vous aux chemins à l’abandon leur vocation initiale : y circuler…

On se demande comment les civilisations antérieures, sans leurs engins à moteur, sont parvenues à nous léguer ces routes et chemins que nous utilisons aujourd’hui. Les études historiques concordent en effet toutes sur le fait que les itinéraires n’ont quasiment pas changé depuis la préhistoire. Bref, les centaines de générations qui nous ont précédé n’ont manifestement pas eu besoin du quad pour entretenir le réseau vicinal.

Et ceux qui ont arpenté un jour le plateau du Vercors par exemple, ont bien remarqué que des chemins de randonneurs existent sans qu’aucun moteur n’ait accompli la besogne.

Passons enfin sur les outils contondants (adjectif qui signifie justement « blesser sans couper» … à l’inverse de ce qu’écrit l’auteur) car là on tombe un peu dans la loi de la jungle. Indéniablement les chemins disparaissent trop. La faute d’abord aux politiques communales qui délaissent parfois le rôle du garde champêtre. Rien de mieux que de réhabiliter un chemin que la végétation aurait recouvré. Encore faut-il se demander si ce chemin sert encore, et à autre chose qu’à faire du quad…?

Et demandons-nous si cet abandon de nos chemins n’est pas d’abord lié à notre relation au déplacement qui est une relation de la vitesse, de l’efficacité et du loisir. Toute ressemblance avec un engin à quatre roues est bien entendu fortuite.

En tout cas, je trouve assez dément de dire aux gens en quad de penser à ramener des tronçonneuses pour faire eux-mêmes leur chemin. Dans mon village, il y a un chemin qui disparaît lentement. Nous avons fait une demande en mairie pour qu’il soit réhabilité. En six mois, ce fut fait. Bref, les chemins étant collectifs, il serait bon que ce genre de décision se prenne en collectivité et pas à la tronçonneuse individuelle.

Pour finir, j’éprouve à vrai dire une vive compassion avec l’auteur de ce texte. Je pense qu’il aime sincèrement les grands espaces et qu’il souhaite préserver la beauté des paysages. Devant la contradiction manifeste et insoluble avec sa grande passion motorisée, il tente de justifier par tous les moyens leur compatibilité.

La quadrature du cercle.

Il serait tellement plus simple d’assumer ce penchant anti-écologique. Je préfère mille fois que ce genre d’individus me dise « je sais c’est pas terrible mais cette passion est plus forte que moi» . En ce cas, nous pourrions presque repartir bons amis juste parce que je préfère l’honnêteté intellectuelle à la fausse bonne conscience écologique.


Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (1)

Par VIVELESILENCE
posté le 25 mai à 02:56
Signaler un abus

MOTARDS, CHASSEURS = MEME CONS BAS !

A propos de l’auteur


Ecosapiens 23801 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog